Hôte d’honneur de l’Egypte le 6 août 2015, lors de l’inauguration du nouveau canal de Suez, François Hollande est revenu, le 17 avril 2016, en «visite d’Etat». C’est assez dire les liens multiples qui attachent la France et l’Egypte, ainsi que le courant de sympathie entre les deux chefs d’Etat.
La France est le 6e investisseur étranger en Egypte, mais François Hollande a l’intention de dépasser cet échelon. Il est venu au Caire avec le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et une trentaine de chefs d’entreprises, dans le but de signer de nombreux contrats militaires et économiques. Il lui faut aussi parler à son homologue des droits de l’homme sur la demande de plusieurs ONG. Il l’a fait, selon son entourage, de façon discrète et efficace.
Au cours du premier entretien, François Hollande demande le soutien du président égyptien, Abdel-Fattah el-Sissi, pour aider à mettre en place un nouveau gouvernement d’union nationale en Libye, pour relancer les négociations israélo-palestiniennes et lutter contre Daech. Mais au cours de la conférence de presse, les journalistes axent leurs questions sur le respect des droits de l’homme en Egypte. Ce qui irrite le raïs.
François Hollande utilise le style diplomatique pour répondre. «Lutter contre le terrorisme suppose de la fermeté, mais aussi un Etat, et un Etat de droit, c’est le sens que la France évoque lorsqu’elle parle des droits de l’homme. Les droits de l’homme, ce n’est pas une contrainte, c’est aussi une façon de lutter contre le terrorisme».
De son côté, le président égyptien assure que son pays «qui fait ses premiers pas d’Etat démocratique est un Etat de droit qui respecte son peuple». Il ajoute: «La région dans laquelle nous vivons est très perturbée… Les normes européennes ne peuvent prévaloir dans la situation qu’elle vit. Nous sommes confrontés à des forces diaboliques qui essaient d’ébranler l’Egypte».
Cet intermède n’a pas empêché le même soir, et le matin suivant, la signature de 17 contrats et protocoles d’entente d’une valeur d’un milliard d’euros, dans les domaines du transport, de l’énergie et du développement durable.
Poursuivant sa visite au pas de charge, le président Hollande s’est rendu à la citadelle et au Musée copte, puis a pris un bain de foule à la Résidence de France avec des membres de la communauté française d’Egypte. n
Denise Ammoun, Egypte