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Nº 3050 du vendredi 22 avril 2016

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L’opposition ne veut plus négocier. En Syrie, la trêve ne tient qu’à un fil

Alors que sur le terrain, la trêve engagée le 27 février ne tient plus qu’à un fil, l’opposition réunie à Genève a suspendu sa participation aux discussions intersyriennes, qui ont repris lundi.

Vacillant, le cessez-le-feu perdurera-t-il ces prochains jours? Pas si sûr, car sur le terrain, notamment au nord de la Syrie, les combats ont repris de plus belle. Au nord d’Alep, les combattants de l’Etat islamique sont parvenus à reprendre, au cours d’une offensive éclair, pas moins de 16 villages qui avaient été conquis par les rebelles soutenus conjointement par les Etats-Unis et la Turquie. Alors que la grande bataille pour la reprise d’Alep est attendue, les pilonnages de la deuxième ville de Syrie ont repris à un rythme quotidien. Le quartier à dominante kurde de Cheikh Maksoud fait ainsi l’objet de bombardements quotidiens de la part des rebelles islamistes, localisés à l’est de la ville. Le week-end dernier, vingt-deux civils ont trouvé la mort dans des bombardements. Alep est bombardée tant par les troupes gouvernementales que par les groupes islamistes. Plus au sud, c’est le village d’el-Eis qui concentre l’attention du régime. Cette localité, ainsi que les collines environnantes, sont toujours occupées par le Front al-Nosra depuis leur conquête il y a deux semaines. Les combats y sont très violents, et les victimes, des deux côtés, nombreuses. Des combats ont également éclaté dans la ville de Deraa au sud, et près de Damas où Daech a pris le contrôle de la quasi-totalité du camp palestinien de Yarmouk.
C’est dans ce contexte qu’ont repris les discussions intersyriennes à Genève, lundi. Des discussions qui ne devraient pas avancer beaucoup, le Haut comité des négociations (HCN) – le principal groupe de l’opposition syrienne – ayant décidé, lundi soir, de «suspendre» sa participation, pour protester contre la «détérioration» de la situation sur le terrain. Plus tôt, seuls trois délégués du HCN s’étaient présentés à une réunion avec l’émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, contre une quinzaine habituellement. Certains groupes rebelles reprochent, en effet, à l’émissaire onusien d’entretenir une attitude trop favorable au régime syrien. De Mistura aurait évoqué l’idée de maintenir le président Bachar el-Assad au pouvoir, tandis que l’opposition aurait la possibilité de nommer trois vice-présidents. Une proposition qui a provoqué, on s’en doute, la colère du HCN. Sur la question de la transition politique, le fossé reste toujours béant entre régime et opposition. Et ce ne sont pas les déclarations dimanche de Mohammad Allouche, chef de Jaich el-Islam et négociateur en chef du HCN à Genève, qui vont dans le sens de l’apaisement. «Ne vous fiez pas au régime et ne vous attendez pas à ce qu’il prenne pitié de vous. Frappez-les (…) de tous les côtés», a ainsi tweeté Allouche. «La position de Allouche est personnelle. Nous, au Haut comité des négociations (HCN), ne pouvons pas adopter une telle position», a réagi Yahia el-Aridi, membre de cet organisme. Cette déclaration montre, en tout cas, les désaccords profonds qui subsistent au sein du HCN, dont une partie veut quitter la table des pourparlers (principalement les groupes armés), tandis que les autres ne veulent pas rompre le délicat processus engagé depuis janvier.
Lors d’un entretien téléphonique lundi, Vladimir Poutine et Barack Obama, les parrains des négociations de Genève, se sont mis d’accord pour renforcer le cessez-le-feu et l’aide humanitaire.

Jenny Saleh
 

Victoire du Baas
Comme si de rien n’était, le régime de Bachar el-Assad a tenu, comme prévu, des législatives, le 13 avril. Le scrutin a été organisé dans les provinces tenues par le régime, alors que les chancelleries occidentales dénonçaient un «simulacre d’élections» ou «un scrutin illégitime». La Russie les a justifiées, arguant qu’il fallait éviter un vide politique en Syrie. 250 sièges étaient à pourvoir et 3 500 candidats se présentaient à l’élection. Ce scrutin était l’occasion pour Assad de montrer qu’il pouvait encore mobiliser la population. Sans trop de surprise, 200 des 250 sièges ont été obtenus par des candidats fidèles au régime, sur la liste Union nationale. Soit la totalité des candidats de la liste. Selon l’agence officielle Sana, le taux de participation aura été de 57,56% parmi les électeurs en capacité de voter. 5,08 millions des 8,83 millions d’électeurs potentiels se sont déplacés.

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