La 12e édition de Jabal (Jeunes artistes des beaux-arts du Liban), initié par la Fransabank, présente, pour la première fois, les Arts ludiques ou le 9e art, du 4 au 7 mai, au Yacht Club à Zaitunay Bay. Rencontre avec Dania Kassar, directrice marketing et communication de la Fransabank.
Une grande nouveauté cette année, un autre médium exposé, le 9e art.
J’aimerais revenir en arrière et remettre les choses dans leur contexte initial. Jabal a été lancé à la fin des années 90. Il n’y avait pas de galeries, pas de vie culturelle, en tout cas foisonnante. Les artistes ne savaient pas comment exposer, où exposer… Est donc née cette initiative. Nous nous sommes déplacés dans les régions pour les repérer et inviter les galeries… Ces dernières se sont multipliées, beaucoup de Libanais sont rentrés de l’étranger ramenant cette culture européenne de galerie et d’art accessible à tout le monde. Nous en sommes très contents, car c’est un mouvement que nous avons enclenché. Nous avons toujours, et nous continuerons à soutenir les jeunes artistes et les jeunes talents émergents. Mais avec la profusion des galeries, nos critères de sélection dans les médiums présentés (peinture, sculpture, photographie…) devenaient de plus en plus difficiles; les artistes n’ont pas présenté auparavant d’expositions solos… L’édition 2015 était bonne, mais justement difficile dans ce sens-là. Nous avons donc beaucoup réfléchi sur la façon de faire évoluer Jabal, maintenant à sa 12e édition. Et l’idée est venue: pourquoi pas le 9e art? Il y a les festivals de B.D. d’Aix-en-Provence, d’Angoulême, des galeries spécialisées dans la B.D., et il y a des artistes et de grands noms libanais qui se sont illustrés dans ce médium. C’est un peu osé, mais nous explorerons toujours des chemins où personne n’est passé déjà. Nous aimons bien défricher.
Des attentes particulières?
Nous sommes très excités à cette idée, mais aussi attentistes. Nous avons mis tous les ingrédients pour que ce soit une réussite. Nous ne savons pas trop comment les fidèles de Jabal réagiront. Au moins, ils apprécieront l’initiative dans ce qu’elle a de nouveau, dans les opportunités qu’elle donne à d’autres artistes. Il y a beaucoup de talents qui ont besoin de se faire connaître, ce ne sera pas par des galeries cette fois, mais par des boîtes de production, des publicitaires…
Beaucoup de gens se reconnaîtront dans ce qu’ils verront. Ça sera un nouveau dialogue avec le public.
Des artistes confirmés cette année. Comment s’est déroulée la sélection?
Pour cette fois, les artistes sélectionnés sont, en majorité, plus ou moins confirmés. Comme c’est une première fois et que les gens ont tendance, au départ, à être complaisants, nous ne pouvons pas à la fois nous engager dans du nouveau et ne pas proposer un très bon niveau. La nouveauté réside cette année dans la plateforme que nous leur donnons. Ces artistes méritent d’être reconnus encore plus qu’ils ne le sont, de leur propre public avant tout. Le comité artistique a fait son repérage et sa sélection de manière à ce que le choix proposé soit attirant pour amener les gens vers cet art, vers cette nouvelle façon de communiquer, et qu’ils puissent voir dans la B.D. un art abouti.
Les œuvres présentées ne sont donc pas spécifiquement créées pour Jabal?
Nous sommes partis avec de l’acquis. Il faut dire aussi que le temps de faire notre choix, nous avons monté l’exposition en quelques mois seulement. Et nous attendons le vote du public. Mais nous pensons déjà à l’après. Quand nous avons invité le président du Festival d’Aix-en-Provence, Serge Darpeix, il a répondu positivement en pensant déjà à inviter des artistes de Jabal à son prochain festival. Nous commençons à planifier déjà la manière de procéder l’année prochaine, en nous disant que Jabal est une plateforme moderne, du XXIe siècle, qui s’adresse aux jeunes d’aujourd’hui, qui a de l’avenir. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas fidèles à nos arts plus traditionnels, mais nous avons un message de changement dans la continuité et d’ouverture vers l’avenir.
Propos recueillis par Nayla Rached
Et les artistes sont…
Conçu comme une exposition interactive, signatures, table ronde et d’autres surprises, Jabal accueille cette année une sélection de 21 artistes libanais issus des Arts ludiques. Zeina Abirached, Jorj Abou Mhaya, Chadi Aoun, Joan Baz, Tracy Chawan, Rosane Chawi, Ely Dagher, Ghadi Ghosn, Carla Habib, Hatem Imam, Joseph Kaï, Mazen Kerbaj, Karen Keyrouz, Omar Khouri, Raphaëlle Macaron, Isabelle Manoukian, Lena Merhej, Barrack Rima, le Collectif Samandal, Jad Sarout et Patrick Sfeir.
Du jeudi 5 mai au samedi 7 mai, de 16h00 à 21h00.