Magazine Le Mensuel

Nº 3054 du vendredi 20 mai 2016

Dossier

Axa Middle East. Une belle croissance en 2015

Si l’assurance automobile ne constitue toujours pas un segment très profitable pour les compagnies d’assurances, Joseph Nasnas, directeur commercial à Axa Middle East, note une belle croissance de cette branche en 2015.

«Chez Axa Middle East, le segment de l’assurance automobile se porte bien», confie Joseph Nasnas, qui souligne que cette branche a enregistré une «belle croissance» en 2015, d’environ 13%,  alors que la croissance du marché était de l’ordre de 5%, et que le premier trimestre de 2016 est venu «confirmer ces bonnes performances». Selon le directeur commercial, «ce sont de très bons chiffres, alors que le marché automobile est plutôt en berne actuellement».
Il indique que les performances enregistrées par la compagnie sont dues à une politique plus agressive de la part d’Axa Middle East sur ce marché. «Nous avons amélioré les produits de notre portefeuille, tout en cherchant à rétablir notre rentabilité», explique-t-il. Parmi les avantages procurés par les produits d’assurance auto estampillés Axa, un «service de dépannage discret où la voiture accidentée est camouflée par une bâche, ou encore un service de taxi permettant à l’assuré de poursuivre sa journée malgré le sinistre». Axa Middle East procure aussi à ses assurés un service Pickup & Delivery, où l’assuré se verra «livrer sa voiture au lieu qu’il désire, que cela soit à son bureau ou à son domicile, sans avoir à aller la récupérer au garage». Nasnas déclare que cette nouvelle stratégie a permis de «prendre des parts de marché à nos concurrents» sur le marché libanais. Pour ce faire, Axa Middle East s’appuie sur son réseau de courtiers, le déploiement de ses agents sur le territoire, ainsi que sur une stratégie de partenariat agressive. Par ailleurs, Nasnas souligne que la compagnie ne pratique pas du tout la bancassurance dans le cadre de prêts bancaires nécessitant l’émission de polices pluriannuelles, et ce pour une raison très claire. «Nous étions les leaders sur ce segment il y a 5/6 ans et d’après notre expérience, la bancassurance ne génère pas de résultats profitables», affirme-t-il. «Quand on assure sur plusieurs années, sans avoir la possibilité de réajuster la prime, comme c’est le cas dans le cadre de polices auto adossées à des prêts automobiles, nous sommes face à des risques qu’on ne maîtrise pas», explique Nasnas. «Par exemple, l’évolution du taux de change qui impacte forcément le prix des pièces de rechange. Ou encore l’impact d’un changement de la TVA ou celui du salaire minimum, ce sont des facteurs externes au monde de l’assurance».
 

Un marché encombré
Pour autant, si Axa Middle East a témoigné d’une belle croissance dans le segment de l’assurance automobile, cela ne veut pas dire que le marché en tant que tel est profitable. «Ce n’est pas une branche très rentable», souligne Joseph Nasnas. En 2014, et d’après le rapport de la commission de contrôle, le marché de l’assurance automobile a généré 1,250 million de dollars de pertes notamment à cause de la composante responsabilité civile. Et en isolant l’impact de la responsabilité civile, le marché des assurances auto tous risques affiche, en 2014, un bénéfice de 4 millions de dollars sur 234 millions de dollars de primes émises, soit une rentabilité de 1,7%.
Les défis qui se posent en la matière sont nombreux. Et d’ailleurs, rares sont les compagnies qui parviennent à faire des profits notables sur ce segment non vie. Selon Nasnas, «il y a également un problème sur la structure des tarifs». «Depuis le 3e trimestre de 2015, et à cause de la conjoncture morose de l’économie du pays, la compétition féroce que se livrent les compagnies d’assurances impacte fortement les prix, et nous voyons des acteurs offrir un niveau de primes beaucoup trop bas pour être soutenable». Il faudrait, au contraire, essayer d’améliorer la rentabilité du marché, en instaurant par exemple des franchises».
Il précise également que l’un des problèmes du marché libanais apparaît dans le «manque de coordination au niveau des compagnies d’assurances, et il faudrait promouvoir l’utilisation de la centrale des risques mise en place par l’Acal». Des compagnies d’assurances qui sont par ailleurs très nombreuses sur le marché, au nombre de 52. «Dans l’absolu, note Joseph Nasnas, c’est beaucoup en tout cas pour un petit marché comme le Liban».
Un autre défi majeur qui se posera aussi d’ici à 15 ou 20 ans, selon Joseph Nasnas, sera celui de la transformation du marché automobile mondial. «Dans 15 ou 20 ans, nous serons à l’ère des voitures sans conducteur, pilotées par ordinateur et ça, c’est un challenge très important auquel les compagnies d’assurances au Liban et dans le monde seront confrontées», estime-t-il. Dans ce cas précis, quel avenir pour l’assurance auto et quelle profitabilité?

Jenny Saleh

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