Rapprochement Hariri-Mikati
Le rapprochement entre les présidents Saad Hariri et Najib Mikati préoccupe certains leaders qui commencent à se concerter dans l’idée de mettre sur pied un nouveau front politique mené par le général Achraf Rifi. Ce dernier a senti qu’une éventuelle alliance entre les deux ex-Premiers ministres peut avoir des incidences négatives sur ses visées politiques. Par ailleurs, quelques forces islamistes, ayant perçu ce rapprochement, se sont dépêchées de consolider leur présence à Tripoli, comme la Jamaa islamiya qui a entamé son activité par une visite au général Rifi.
Législatives ou présidentielle d’abord?
Le succès des élections municipales élimine tous les prétextes invoqués pour geler les législatives et favoriser une nouvelle prorogation du mandat de la Chambre, selon l’analyse faite par des observateurs. Mais ils écartent la possibilité d’organiser des élections parlementaires avant la présidentielle, vu les complications constitutionnelles qui en résulteraient, comme, par exemple, les suites de la démission du gouvernement actuel. Qui alors mènera les consultations contraignantes qui aboutiront à la désignation d’un Premier ministre? Comment former un nouveau cabinet alors qu’existe un vide à la tête du pouvoir? Le débat politique à l’étape post-municipale sera axé sur les priorités électorales: présidentielle ou législatives d’abord?
Salam: tournée dans le Golfe
La pression que les pays du Conseil de coopération du Golfe (exception faite du sultanat d’Oman) exercent sur le Liban depuis la position qu’il a affichée lors des congrès du Caire et de Riyad commence à s’assouplir progressivement… quoique ce ne soit pas le cas pour le Hezbollah, affirment certaines sources. Même qu’il n’est pas exclu que le Premier ministre, Tammam Salam, entreprenne une tournée dans le Golfe, maintenant que la conjoncture y est favorable.
Plusieurs facteurs ont contribué au gel des mesures prises contre les Libanais:
– Le rôle des grandes puissances (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) dans les pays du Golfe et, surtout en Arabie, a contribué à freiner les mesures adoptées à l’encontre des Libanais.
– Les positions exposées par le président Nabih Berry au Caire dans le cadre du Congrès de l’Union des parlementaires arabes qu’il préside.
– Les positions exprimées par le président Tammam Salam dans la presse et lors de ses entretiens avec les officiels au Liban qui n’ont pas laissé indifférents les responsables saoudiens.
– La démarche du patriarche Béchara Raï qui a réuni les ambassadeurs des pays du Golfe à Bkerké et insisté sur la «protection par les chrétiens et les musulmans du trésor historique commun que représente la coexistence».
L’indice du tandem chrétien
L’échéance présidentielle s’imposera sur le menu politique dès que les élections municipales s’achèveront, c’est dans cette perspective que ce scrutin a pris une tonalité politique. Le tandem chrétien, comme l’analysent certaines sources, misait sur des résultats déterminants qui lui permettraient de les exhiber et de les interpréter comme un «indice» de popularité. L’idée étant de remettre en avant l’option «Aoun président». Mais dans le cas de l’effondrement de la théorie des 86%, c’est l’autre camp qui prendra l’initiative de mener l’attaque pour consolider ses préférences en se basant sur les choix générés par la scène chrétienne.
Beyrouth: panachage, dans quel but?
Les résultats des municipales à Beyrouth et les circonstances dans lesquelles elles se sont déroulées se reflèteront, lors des prochaines élections législatives, sur les relations entre les composantes qui ont soutenu la liste des Beyrouthins, comme l’affirment les milieux du Moustaqbal. Ils estiment que les alliances se feront au détail (et pas en gros) en fonction des régions et des intérêts électoraux, surtout que les associés, en particulier ceux issus du 14 mars, n’ont pas affiché, dans le cadre des municipales, une vision stratégique commune. La liste des Beyrouthins a fait l’objet d’un panachage de la part des aounistes, des FL et du mouvement Amal… chaque faction pour une raison différente et sur décision de son commandement, et il ne s’agit pas d’un exercice passager, de l’avis du Moustaqbal, il s’agit d’une «tentative d’ébranler le leadership de Hariri».
L’échec du président fort
Les ambassades occidentales à Beyrouth semblaient passionnées par les élections municipales qui ont eu lieu dans les régions du Hezbollah, notamment à Brital, Baalbeck, Hermel, Laboué et al-Qasr. Elles ont guetté le déroulement du scrutin électoral, le climat général, le taux de participation et les résultats… Pour les diplomates étrangers, cet exercice est intéressant dans la mesure où il donne le pouls de la rue chiite et mesure le taux de popularité du Hezbollah après son intervention en Syrie, ainsi que les sanctions morales et financières qu’il subit… Les rapports diplomatiques expédiés de Beyrouth ont insisté sur une idée: l’échec du concept du président fort, parce que tous les «forts» n’ont pas réussi à recueillir plus de 25% des bulletins de vote en moyenne à Beyrouth et Zahlé réunies. Nul ne peut plus prétendre être le seul représentant de la rue chrétienne.
Visite-surprise de Velayati
Ce sont les développements sur la scène syrienne qui ont valu à Beyrouth la visite-surprise du haut conseiller du guide de la République iranienne pour les Affaires internationales, Ali Akbar Velayati, il y a quelques jours. Alors que plusieurs «conseillers» iraniens ont été blessés ou ont péri en essayant de retirer les combattants chiites tombés sur le champ de bataille, les informations véhiculées faisaient état de la disposition des Russes à lâcher Bachar el-Assad, nécessitant le débarquement en trombe de Velayati à Damas. Ce dernier a voulu réorienter les regards vers «la protection de l’Iran et de la Syrie résistante», comme il l’a dit au Liban-Sud, sans oublier de mentionner «la libération d’Alep».
Le «détail» de Geagea
Le président Saad Hariri présumait, au départ, que le Dr Samir Geagea n’appuierait pas jusqu’au bout le général Michel Aoun à la présidence. Le chef du Moustaqbal avait décodé la démarche de son allié comme une manœuvre visant à empêcher l’élection de Sleiman Frangié, et aussi l’accession de Aoun à Baabda… Or, il s’est avéré que ce que veut Geagea est bien plus sérieux et plus profond. Pour lui, la présidence n’est qu’un détail dans le vaste projet chrétien dont le coup d’envoi a été donné avec les élections municipales. Cette nouvelle approche dépouille Hariri et le Moustaqbal de la prise d’initiative et les pousse dans leurs retranchements communautaires, alors que Saad Hariri a déployé des efforts pour se soustraire de cette étiquette via son alliance avec d’autres factions libanaises. Il est conscient que les chrétiens qui lui demeurent attachés ne sont pas assez représentatifs pour assurer la couverture nécessaire à son projet politique.
Nouveau paysage politique à Tripoli
A Tripoli, la situation des forces syndicales, dans le domaine de la médecine, indique l’émergence d’une nouvelle carte politique. Après le triomphe du Dr Omar Ayache aux élections de l’Ordre des médecins du Nord, des sources médiatiques locales appellent à la lecture détaillée des composantes de cette carte. Elles en déduisent que le Moustaqbal est en régression parmi les classes moyennes à Tripoli et dans le Akkar, soulignant que la liste de la Dignité du médecin, présidée par Ayache, a, certes, bénéficié du soutien du Courant de la détermination (Azm) du président Najib Mikati, mais les efforts investis par les Ikhwan dans ces élections révèlent leur volonté d’avoir une forte présence dans les syndicats des professions libérales dans le chef-lieu du Liban-Nord. Les prémices de cette tendance avaient été déjà perçues dans les élections de l’Ordre des avocats. Une première lecture de la victoire de la liste de Ayache avait attribué ces résultats à l’appui dont elle a bénéficié de la part du Moustaqbal, des FL, d’une partie des islamistes et de quelques voix de la gauche démocratique. Les sympathisants de Ayache ont cependant rectifié cette lecture, imputant la victoire de la liste à «l’alliance du Tayyar Azm et du Rassemblement de la réforme des médecins rattaché à la Jamaa islamiya». Rectification validée par Ayache lui-même sur sa page Facebook.
Funérailles tests au Akkar
Les funérailles, à Halba, de l’avocat Ahmad Aref Rajab ont pris l’allure d’un test pour les forces de gauche dans le caza du Akkar. Ce courant se démarque par le fait que ses composantes politiques restent interconfessionnelles. Ainsi, Rajab, sunnite de gauche, bénéficiait d’un large appui des chrétiens du Akkar et aussi des musulmans, malgré la domination des forces islamistes radicales sur cette région au cours des cinq dernières années. Des militants sur place soulignent que les banderoles, hissées durant les funérailles, portaient la signature du Parti communiste, du Parti de l’action socialiste, du Baas et du Parti social national syrien… La prière dite par le cheikh Malek Jadida a insufflé encore plus de considération à ces forces. Jadida, chargé de la direction des awkaf au Akkar, a prononcé un prêche appelant à protéger l’unité nationale, à mettre fin à l’effusion de sang en Syrie et à affronter les menaces israéliennes en Palestine.
Le fils d’Erdogan acquiert les parts de Hariri
La dernière visite de Saad Hariri en Turquie avait essentiellement pour objectif de se retirer du secteur des communications et de se débarrasser de quelques autres obligations, selon les informations dévoilées par un rapport diplomatique. L’ex-Premier ministre, ajoute le rapport, a fait l’objet d’une sorte de chantage politique de la part du régime d’Ankara, puisque le président Recep Tayyip Erdogan a fixé le rendez-vous au responsable libanais à la période de la commémoration du génocide arménien qui a eu lieu en 1914. Les Turcs ont voulu également instrumentaliser cette visite pour lui donner une connotation politique via l’annonce de l’intention du Premier ministre, Ahmet Davutoglu, de mettre le cap sur le Liban et d’autres pays européens pour trouver une issue à l’impasse présidentielle libanaise. Alors que tout le monde sait que les relations entre le président Erdogan et Davutoglu sont loin d’être au beau fixe. Toujours d’après le rapport, Hariri a accepté de céder ses titres sur le marché turc à Bilal, le fils du président Erdogan, dans des conditions abusives. A titre de rappel, la télé du Moustaqbal à Beyrouth émet un bulletin en langue arménienne!
Importation illégale
La surveillance de l’importation du matériel, consacré aux communications et aux services d’Internet, ne relève pas des prérogatives de l’Armée libanaise, aime à rappeler une source informée. L’article III du décret 3033, publié le 30 décembre 1992, souligne que «c’est le ministre des Télécommunications qui donne l’autorisation d’importer, de vendre, d’installer et d’entretenir l’équipement utilisé pour assurer les services dans le secteur des communications avec ou sans fil». Il s’agit, dit la source, d’un droit exclusif attribué à ce ministère, parce que l’article VI du même décret annule tous les textes et jugements précédents contraires à son contenu. Par ailleurs, les importateurs de ce genre de matériel doivent obtenir l’approbation du commandement de l’armée sur les documents douaniers relatifs à cet équipement, mais seulement après l’obtention de l’autorisation du ministère des Télécommunications. Concernant le dossier sujet à polémique à l’heure actuelle, les informations qui filtrent indiquent que les installations saisies avaient été importées au Liban sous des noms fictifs sans passer par les ministères des Télécommunications et de la Défense.