Les élections municipales dans la région de l’Iqlim el-Kharroub (littoral du Chouf) ont été marquées par deux phénomènes: la poussée de la Jamaa islamiya et des courants salafistes, notamment à Barja et à Ketermaya. Le second est la régression de l’influence du Parti socialiste progressiste (PSP, de Walid Joumblatt), qui a perdu à Barja, fief du député sunnite joumblattiste Alaeddine Terro.
Une source politique ramène cet échec du PSP à quatre facteurs principaux:
♦ Les nombreux différends entre le PSP et le Courant du futur. Le dernier en date a opposé Walid Joumblatt au ministre Nouhad Machnouk, auquel il faut ajouter la férocité de la campagne du PSP contre le directeur d’Ogero, Abdel-Menhem Youssef.
♦ Le vote du PSP dans la bataille de la capitale en faveur de la liste Beirut madinati, rivale de celle des Beyrouthins.
♦ L’état désastreux de l’environnement dans l’Iqlim el-Kharroub: accumulation des dossiers, ceux des déchets et de l’usine de Sibline.
♦ La consécration du Courant du futur comme haute autorité politique de référence dans l’Iqlim face à la recrudescence de l’influence des courants islamiques, qui pousse le PSP à s’écarter d’une région dont la population se retrouve étrangère à son environnement naturel et privée de l’ombrelle de Moukhtara. De plus, l’Iqlim s’identifie politiquement plus à Saïda qu’au Chouf, dont il relève administrativement.
De source druze, on affirme que le déséquilibre est apparu sur le terrain de la manière suivante:
♦ La faiblesse, pour la première fois, des machines électorales socialistes face à des machines évoluées et énergiques.
♦ Des divergences profondes au sein du PSP quant aux choix électoraux à adopter.
♦ La désaffection de certains membres et cadres du PSP, qui se sentent délaissés, et leur rapprochement du Parti syrien national social (PSNS), et du Parti communiste.
♦ Un dégoût druze généralisé d’une situation pourrie: déchets, pauvreté, manque d’emplois, corruption dans certains secteurs.
♦ Pour nombre d’entre eux, l’heure a sonné pour la direction actuelle avec la prise en charge par Taymour Joumblatt des responsabilités, ce qui explique le désintéressement de l’élection.
FL-CPL
Une alliance qui tient bon
La décision des Forces libanaises (FL) et du Courant patriotique libre (CPL) est de réunir les responsables des deux formations pour évoquer les leçons des élections du Mont-Liban et en tirer les conclusions, ainsi que les possibles répercussions sur leur alliance, en fonction de futures échéances.
Pour une source des FL, l’entente de Maarab a reçu le baptême du feu au Mont-Liban et elle en est sortie renforcée. Les élections municipales, affirme la même source, ont permis aux deux partis de dynamiser leur coopération et de préparer les victoires des échéances futures, notamment législatives.
Pour des proches des deux courants, l’alliance bilatérale se trouve dans les meilleures conditions bien qu’encore fragile. Plusieurs facteurs sont entrés en jeu dans les municipales, mais ils n’ont pas agi sur la bataille de Jounié, qui n’a pas mis en opposition frontale les FL et le CPL. Ce dernier ayant compris la spécificité de la relation de Neemat Frem et des FL, comme ces dernières le lien qui existe entre le CPL et Juan Hobeiche.
Une source politique du Metn, proche de la coalition des FL et du courant aouniste, relève que les cas où ils se sont retrouvés n’étaient pas rares. C’est surtout sur le littoral: Sin el-Fil, Jal el-Dib, Antélias, Beit-Méry, Fanar, Aïn Saadé et Mtein où ils ont collaboré. Mais, pour cet interlocuteur, les municipales ne représentent pas la meilleure preuve de la solidité de l’accord chrétien, malgré son importance. On ne peut pas négliger l’apport et l’intervention des facteurs locaux et familiaux, estime-t-il, ceux-ci priment toujours sur les facteurs partisans. L’entente reste aussi fragile vu la difficulté des dirigeants de la traduire sur le terrain ou d’en convaincre rapidement les partisans. Elle a besoin de temps et de pratique pour se renforcer et renoncer à des rivalités souvent historiques difficiles à gommer en si peu de temps. L’accord des dirigeants et celui des partisans sont soumis à différentes conditions.
Tous les partis se sont trouvés dans ces élections dans des situations où ils étaient en contradiction avec les familles. Celles-ci se sont coalisées face à eux. Ceux qui sont restés sous la férule de la famille ont obtenu de très bons résultats.
Chaouki Achkouti