Pendant que les Libanais sont plongés dans les municipales, les milieux occidentaux suivent avec grand intérêt la valse diplomatique française autour du dossier présidentiel. Ces milieux estiment qu’il existe un lien entre les visites entreprises séparément par le cardinal Béchara Raï et le président Saad Hariri à Paris, où ils ont rencontré le président François Hollande, qui dépêche, ce vendredi 27 mai, son ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, à Beyrouth.
Parallèlement, d’autres entretiens avec des personnalités libanaises concernées par cette échéance – qui s’intègrera dans un règlement global sur tous les points litigieux – ont lieu loin du tapage médiatique. Il s’en dégage, pour les médiateurs qui mènent ces conciliabules, une impression encourageante qui permet de dire que la durée de la vacance de la première fonction de l’Etat se rétrécira progressivement jusqu’en été, où elle sera mise à feu vif pour mûrir à l’automne prochain, si toutefois aucun élément imprévu ne vient entraver l’enthousiasme de la France et du secrétariat général des Nations unies, via Sigrid Kaag. Washington, ajoutent les sources, ayant été informé de l’initiative menée par la France, s’est dit disposé à apporter son aide à condition que le délai d’aboutissement de cette initiative ne dépasse pas la fin de l’été, parce que l’Administration actuelle souhaite réaliser une avancée au Liban avant l’expiration du mandat du président Barack Obama.
La communauté internationale a fini par réaliser l’impossibilité pour les Libanais laissés à eux-mêmes d’aboutir à un consensus interne autour de la présidence, comme elle le souhaitait. C’est pourquoi il va falloir apporter une assistance au pays du Cèdre, sachant que l’immunité dont il jouissait s’est affaiblie particulièrement au double plan économique et financier, alors que la conjoncture sécuritaire est secouée, de temps à autre, et que la situation politique a atteint le fond. Il est urgent, par conséquent, d’injecter au Liban un traitement de soutien pour accompagner le parapluie international qui préserve sa stabilité.
Municipales
Le Moustaqbal raille le tandem chrétien
Le nouveau tandem chrétien a essuyé deux défaites au Mont-Liban, estiment des analystes proches du Moustaqbal. Primo, en raison de la rupture de leur alliance dans un grand nombre de villes et de villages chrétiens et à Jounié. Deuxio, en raison de la perte que le tandem a enregistrée dans plusieurs lieux face à des forces indépendantes ou à d’autres partis, comme les Kataëb.
Les résultats des élections municipales n’ont pas seulement balayé les célèbres 86%, mais ont aussi montré que le nouveau couple FL-CPL n’a même pas recueilli 50% des voix exprimées dans les urnes et que les deux partis sont incapables d’obtenir des résultats spectaculaires sans les forces politiques et l’opinion publique indépendantes. Dans ce même ordre d’idées, les milieux du député Michel Murr s’interrogent: est-il encore possible aujourd’hui de parler d’un «président fort»? Est-ce que la route qui débouche à Baabda est toujours dégagée après le blocage des routes qui mènent à Antélias, Jal el-Dib, Sin el-Fil, Aïn Saadé, Jounié, Ghosta et ailleurs? Est-il encore correct de parler du tsunami de l’alliance des deux partis après les résultats décevants et la séparation FL-CPL à Jounié, Dbayé, Hadath, Baabda et autres? Comment expliquer que le Dr Samir Geagea soutient l’accession du général Michel Aoun à Baabda, alors qu’il lui fait face à Jounié? Les sources ajoutent après avoir lu les résultats des municipales du Metn: «L’alliance des deux puissants partis chrétiens, FL et CPL, qui prétendent représenter la plus grande proportion de voix chrétiennes, sinon une large majorité, n’a pas réussi à démontrer sa popularité dans le Metn si l’on considère les chiffres obtenus face au tandem chrétien par le député Michel Murr qui a clairement remporté, seul, la victoire malgré son éloignement du pouvoir ces dernières années. L’ex-ministre a concrètement prouvé qu’il était le maître à bord du Metn-Nord et qu’il pouvait continuer à contrôler l’Union des conseils municipaux via sa fille, Myrna, chef de la municipalité de Bteghrine.
Murr a prouvé qu’il était plus expérimenté et qu’il connaît bien les règles du jeu municipal. Il sait bien choisir les chefs de municipalités sur lesquels il mise, en prenant en considération les spécificités de chaque village. Sans oublier l’appui que lui apporte le Tachnag sur le littoral du Metn. En soutenant Saad Hariri à Beyrouth et Michel Murr dans le Metn, le parti arménien prend ses distances à l’égard de Aoun.
Chaouki Achkouti