«7 rooms, 7 artists – Beirut conversations»; quelques mots qui sont devenus comme un credo répété dans l’attente de découvrir ces conversations étranges et étrangères avec Beyrouth. Une exposition qui tonne comme une promenade à multiples voix.
A la rue d’Arménie, Mar Mkhayel, une merveilleuse ancienne maison à hall central, construite vers la fin du XIXe siècle. Longtemps délaissée, une menace de destruction en sursis, la voilà à nouveau vivante. Depuis le 31 mai, elle est investie par sept artistes qui y exposent leurs œuvres en rapport avec Beyrouth.
Lee Frederiks, Gianna Dispenza, Ana Serrano, Cornelia Krafft, Niloufar Afnan, Ieva Saudargaite et Marcello Carrozzini. Ils sont originaires des Etats-Unis, d’Espagne, d’Allemagne, d’Iran, de Lituanie et d’Italie. Ils sont artistes, peintres, sculpteurs, designers, architectes, photographes, metteurs en scène… métissant, mixant les médiums artistiques, pluridisciplinaires. Chacun son parcours, chacun ses voyages, ses arts. Ils ont en commun une seule chose: ils sont tous non arabes, non libanais… et ils vivent à Beyrouth par choix.
Grâce à une initiative d’Innov’Action, chacun de ces sept artistes a pu occuper un espace de cette magnifique demeure pour façonner, construire et créer son installation artistique contemporaine, une œuvre taillée en fonction de l’espace, en fonction de la ville. Une œuvre qui est le reflet de leur vision de Beyrouth, de leur rapport à la ville où ils ont choisi de vivre, le reflet de dialogues, d’un dialogue à sept voix avec Beyrouth, et qui ouvre, face à l’imaginaire, une seule voie de promenade en lacets.
Vision… une et multiple
Au détour des gravats, des fenêtres éventrées, des murs écaillés et du sable qui crisse sous les pas, les espaces s’ouvrent et s’emboîtent. Là, des traces de la guerre, un ruban ceinturant une scène de crime, des armes à feu, une silhouette d’éléphant tracée à la craie au sol, une violence latente… Un peu plus loin, des miroirs décorés, des images peut-être de la vanité de la société libanaise nantie… Là, des armatures en acier poussant du sol végétal, portant des fruits artificiels, des croissants fleuris… représentation du chaos urbain, du développement anarchique de la ville…
Chaque fois, un regard qui entre en résonance avec celui du visiteur, qui éclaire un pan obscurci, voilé par la routine, le quotidien, qui en éveille un autre, puis un autre encore. Une promenade dans les coins et recoins de Beyrouth, sous toutes les échelles. Les impressions s’entrelacent, se déclinent en gris, ordonnent le chaos de couleurs, de formes, d’objets, de matériaux, d’ombres… Les interprétations sont ouvertes. Chaque visiteur est appelé à entamer, à son tour, une conversation avec Beyrouth, à travers son regard et celui des autres.
Nayla Rached
7 rooms, 7 artists – Beirut conversations c’est à la rue d’Arménie, Mar Mkhayel, face à la galerie Tanit.
Ouvert tous les jours, jusqu’au 30 juin, de 15h à 20h.