Municipales: lecture positive
Lecture positive des résultats du scrutin municipal dans les milieux de l’alliance de Maarab. A l’analyse, selon laquelle le tandem FL-CPL a essuyé une défaite dans la région du Nord, où il n’a pas réussi à obtenir le succès escompté, ces milieux répondent: «Il est vrai que le duo chrétien a été éconduit à Tannourine et Kobayate, mais il a marqué des points dans les villages alentour et dans le caza. Il faut savoir tirer les conclusions qui s’imposent en considérant l’ensemble des chiffres dans les différents cazas, avant de faire des projections anticipées sur les prochaines législatives!».
Menaces sur la modération
Au vu du bilan des élections municipales dans certaines régions, le président de la Chambre, Nabih Berry, ne cache pas ses craintes quant à l’étiolement du langage modéré au Liban. Il réitère son ferme attachement à la protection du pacte national, qualifiant sa rupture à Tripoli de phénomène désolant. Berry souligne s’être employé à la consécration de la représentativité chrétienne au double niveau des conseils municipaux et des moukhtars dans chacune des régions du Sud où les chrétiens sont présents, abstraction faite de leur nombre, pour préserver la coexistence qui doit être placée au-dessus de toute autre considération!
Conseils municipaux confessionnels?
Multiplication des appels à l’amendement de la loi municipale après l’éviction des chrétiens du conseil municipal de Tripoli. Plutôt que de se contenter des coutumes, adoptées au fil des ans, certains ont avancé l’idée de donner le droit aux chrétiens, par le texte, de siéger aux municipalités des grandes villes, selon des quotas précis (Beyrouth, Tripoli…). Or, aucune clause de la loi électorale actuelle ne prévoit une répartition confessionnelle des sièges. La deuxième difficulté vient du mode de scrutin majoritaire qui favorise la marginalisation de tranches sociales, politiques et confessionnelles de la population.
Municipalités sous sanctions?
Daniel Glaser, secrétaire d’Etat adjoint au Trésor américain chargé de la lutte antiterroriste, a expliqué aux responsables libanais qu’il n’est pas question pour son pays de revenir sur les sanctions prises contre le Hezbollah ou d’accepter des dérogations. Il n’a pas voulu non plus prêter une oreille attentive à ceux qui lui ont expliqué que le parti de Hassan Nasrallah est représenté au sein du gouvernement, que son bloc parlementaire a son poids sur la scène politique et qu’il est populairement représentatif.
Aucune décision définitive n’a pu être adoptée concernant les relations des banques avec les conseils municipaux présidés par des cadres du Hezbollah dans la banlieue sud, dans la Békaa et au Liban-Sud. Ces conseils seront paralysés de facto si jamais les institutions bancaires s’interdisent de traiter avec ces chefs municipaux.
Le président Nabih Berry a évoqué, devant Glaser, la possibilité que l’Association des banques puisse avoir affaire avec les municipalités regroupant des membres d’Amal aux côtés du Hezbollah, soulignant qu’il existe quelque 200 municipalités où siègent les deux partis, en donnant comme exemple, celle de Ghobeyri.
Sécurité de l’Etat: dans l’expectative
Après avoir été gelé pendant des semaines en raison des élections municipales, le dossier de la Sécurité de l’Etat revient au cœur des débats et des rencontres. Le ministre Michel Pharaon joue un rôle fondamental dans le suivi de cette affaire qui a figuré en bonne place sur l’agenda de sa visite à Rabié. A ce stade, le ministre Pharaon préfère ne pas soumettre ce dossier au Conseil des ministres, en attendant les résultats de la médiation entreprise par le président Tammam Salam et l’expiration du délai fixé par ce dernier pour trouver une solution.
Le barrage qui noie le cabinet
Le gouvernement semble se trouver au seuil d’une nouvelle confrontation politique entre ses membres vu le conflit qui s’envenime autour du barrage de Janné auquel sont attachés les ministres du Courant patriotique libre (CPL) et leurs alliés. «Plus l’opposition à ce projet s’amplifiera, plus notre conviction de poursuivre son exécution est grande», aurait dit le général Michel Aoun au cours de la dernière réunion du Bloc du Changement et de la Réforme. Une délégation aouniste a d’ailleurs rencontré des responsables du Hezbollah, sollicitant leur appui et mettant en avant l’utilité de ce projet pour les villages chrétiens et chiites de Jbeil. Quant à Walid Joumblatt, sa position n’est pas bien claire. Il a lancé un tweet favorable au barrage, mais s’est posé des questions à ce sujet dans le cadre d’un talk-show télévisé.
Hariri veut connaître les failles
Outré par les résultats des élections municipales, le président Saad Hariri a demandé au secrétariat du Moustaqbal de lui fournir des rapports détaillés sur le déroulement du scrutin pour analyser les failles de sa machine électorale et pouvoir prendre les mesures qui s’imposent. Il semble que les voix de nombreux affiliés et sympathisants du Moustaqal ont été en masse transbahutées dans la liste de la Décision de Tripoli soutenue par Achraf Rifi, à cause de l’absence et de l’indolence des cadres du parti, chargés de veiller à l’opération électorale, comme le véhiculent certaines infos. Une réunion d’information élargie, organisée par le secrétariat du Moustaqbal à Tripoli, en présence des députés du parti, est prévue dans le but d’examiner le décompte des urnes, avant de soumettre l’étude à Hariri.
Impasse jusqu’en 2017?
«Il est fort possible que le temps passe sans que nous parvenions à adopter une nouvelle loi électorale, c’est donc la loi actuellement en vigueur qui sera maintenue, sans exclure la prolongation de la vacance présidentielle jusqu’au printemps 2017». C’est ce que craint un politicien du 14 mars. D’après lui, le débat sur une troisième prolongation du mandat de la Chambre s’imposera à nouveau.
L’autre option, c’est que le camp qui refuse l’idée d’organiser les législatives avant la présidentielle change d’avis et d’agenda et décide de donner la priorité au scrutin législatif quelle que soit la loi appliquée. Le risque est que le camp qui bloque la deuxième échéance (l’élection d’un chef d’Etat) provoque alors des incidents pour prolonger la vacance de la Première magistrature. Dans un Liban, sans président et sans gouvernement, le Parlement libanais se transformera progressivement en Constituante, qui entraînera le pays dans une phase révisionniste qui risque d’être chaude.
Washington quasi absent du Liban
La diplomatie américaine semble quasi absente aujourd’hui du Liban. Washington n’a pas nommé un nouvel ambassadeur pour succéder à David Hale, contrairement à la France et à d’autres pays occidentaux, limitant sa représentation au chargé d’affaires, Richard Jones. L’ambassade américaine, comme le soulignent des rapports politiques, procède à des tests pour sonder l’opinion publique et aussi pour l’influencer, comme ce fut le cas récemment lors du scrutin municipal, ou l’an dernier avec le collectif civil. Des rapports mettent en avant les nouvelles qui circulent, depuis environ deux mois, sur l’intention des Américains et de leurs alliés européens de renforcer le rôle de l’Occident au Liban pour faire face à celui croissant de l’Iran. Les infos qui ont filtré dans la presse révèlent que l’ambassade américaine a majoré le nombre de ses diplomates et fonctionnaires œuvrant dans le domaine de la sécurité, des médias et de la politique pour avoir un meilleur regard sur les crises et les développements au Liban, en Syrie et dans la région. Les Etats-Unis semblent peu intéressés, pour le moment, par les «grands» dossiers libanais à un point tel qu’ils n’ont pas bougé pour colmater les brèches dans le camp lézardé de leurs alliés locaux, ni pour initier un plan visant à tirer le Liban de l’impasse institutionnelle.
Remous au Moustaqbal
Des sources du Moustaqbal minimisent l’agression contre les bureaux de Saudi Oger en Arabie saoudite. Elles considèrent que les mutineries des employés sont un phénomène récurrent qui s’est produit dans plus d’une dizaine d’entreprises en Arabie, et que les actes de vandalisme ne s’adressent pas exclusivement à Saad Hariri. Mais, selon d’autres milieux, le bureau politique du Moustaqbal attend pour se réunir le retour de l’ex-Premier ministre à Beyrouth, afin de dresser un bilan complet et détaillé de la conjoncture interne du parti et d’examiner les moyens à mettre en œuvre pour reconquérir la base populaire. Or, nul ne semble savoir quand le leader du Moustaqbal sera de retour à Beyrouth, cette confusion a des incidences sur le bureau politique qui ne sait plus comment traiter les cas difficiles, comme celui du général Achraf Rifi avec lequel les relations au niveau partisan sont totalement rompues, bien que certains députés et responsables maintiennent les contacts personnels avec lui. «Cette rupture, expliquent ces sources, n’empêche pas le parti de distinguer les aspects positifs du ministre de la Justice démissionnaire. Sauf que la normalisation n’est pas de la responsabilité du seul Moustaqbal, elle relève des deux camps. Et toutes les probabilités seront à examiner après le retour de Hariri». Rifi avait déclaré, à l’issue de sa visite au mufti de la République: «Je ne fais pas partie du Moustaqbal, mais je suis un combattant et un défenseur féroce du haririsme politique».
Entre Aridi et Joumblatt
Le mariage du fils du député et ancien ministre Ghazi Aridi continue, depuis deux semaines, à faire les choux gras des salons du Chouf. Sans preuves à l’appui et sans logique aucune, l’histoire a été amplifiée au point que les discussions ont porté sur le coût de la cérémonie (4 ou 5 millions de dollars?), et sur le prix des chocolats qui aurait atteint 300000 dollars. Une source de la Montagne pense que ces racontars anti-Aridi ne sont pas pour déplaire à Walid Joumblatt qui souhaite écarter ses conseillers susceptibles de faire de l’ombre à l’héritier Taymour. Le palmarès de Aridi, le fils de Baysour, riche en relations régionales, en contacts locaux, en expérience partisane… lui confère un background politique qui, sur le long terme, n’est pas à l’avantage de l’héritage joumblattiste. Le seigneur du Chouf est tellement soucieux de l’avenir du leadership de Moukhtara qu’il encourage son fils Aslan à faire des apparitions aux côtés de son frère Taymour, donnant ainsi l’impression d’avoir besoin d’afficher l’image d’une famille unie. Aridi, comme l’ont remarqué certains observateurs, a devancé l’interview télévisée de Joumblatt père pour déclarer: «Le parti n’a pas globalement perdu les municipales, mais a été exposé à quelques embrouillages. C’est une étape éphémère», alors que certaines rumeurs faisaient assumer à Taymour la responsabilité du recul du Parti socialiste progressiste.
Salam veut booster l’industrie
L’allocution prononcée par le président Tammam Salam a été applaudie dans le milieu industriel qui a beaucoup apprécié la participation du Premier ministre à la Journée nationale de l’industrie et son appel à «transformer ce secteur en assise fondamentale de nos besoins économiques. Ce qui se reflètera sur la croissance et la crédibilité du pays». Des chiffres importants ont été cités à cette occasion. Ainsi, depuis le début de l’année 2016, le nombre de travailleurs licenciés a atteint 3000 qui œuvraient dans les domaines du tourisme, de l’industrie et des médias. Le taux de chômage découlant de la crise actuelle a augmenté de 30%. Le ministère du Travail reçoit quotidiennement des dizaines de plaintes d’employés abusivement licenciés. Les chercheurs ont lu avec attention le mot de Salam, parce que la solution du désastre social et l’allègement du déficit de la balance des paiements, qui est de l’ordre de 15 milliards de dollars, passent forcément par l’accroissement des exportations industrielles qui pourraient atteindre les 5 milliards de dollars, dépassant les 3,5 milliards actuels.