Magazine Le Mensuel

Nº 2927 du vendredi 13 décembre 2013

Confidences Liban

Confidences Liban

Roumié: rapport d’inspection accablant
Après avoir achevé le rapport relatif aux scandales de la prison de Roumié, la direction de l’Inspection centrale l’a remis à la présidence du Conseil qui a demandé aux ministres concernés d’y apporter leurs commentaires après en avoir pris connaissance. Le Conseil des ministres avait formé une commission présidée par le vice-président du Conseil, Samir Mokbel, pour faire le suivi de l’enquête menée à cet effet. L’enquête judiciaire a été mise en branle et les suspects cités dans le rapport pourraient être interrogés. Le Premier ministre essaie de régler l’affaire sans passer par la case justice, il voudrait parvenir au résultat souhaité en amenant l’entrepreneur à achever rapidement les travaux requis, quitte à révéler la vérité après. Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a insisté auprès du président Najib Mikati pour que le chantier à Roumié soit achevé, après avoir découvert que les montants qui lui avaient été alloués dépassent de loin les travaux effectués.

 

L’Iran rend hommage à Gemayel
Après la rencontre au siège de l’ambassade d’Iran entre le président Amine Gemayel et l’ambassadeur Ghadanfar Rokn Abadi, ce dernier a transmis au président des Kataëb les salutations du commandement iranien, et l’admiration de la diplomatie iranienne pour le dernier festival organisé par les Kataëb, en soulignant le rôle de Gemayel et sa capacité à instaurer un nouveau climat dans les relations entre le Liban et son environnement et entre les chrétiens et le leur. Cette rencontre a suscité une multitude de questions dans les milieux du 14 mars tant autour de son objectif que de son timing. Elle est intervenue après le discours du Biel, alors que l’intervention du Hezbollah en Syrie se poursuit, et au lendemain de la signature de l’accord irano-occidental sur le nucléaire.

Coopération libano-palestinienne
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a fait parvenir, via un émissaire spécial, un message politique aux hauts responsables libanais, dans lequel il assure qu’il ne couvrira aucun Palestinien qui commet des actes terroristes ou de violence contre une fraction libanaise ou sur le territoire libanais. Les services sécuritaires palestiniens rechercheront tout suspect et le remettront aux autorités libanaises. Abbas a souligné la nécessité de revaloriser la coopération entre Palestiniens et Libanais, notamment au plan sécuritaire.

Le Moustaqbal exaspéré par Joumblatt
Le Moustaqbal a publié un communiqué en réponse à Walid Joumblatt. C’est bien la première fois que le député du Chouf est nommément cité, mais il n’avait pas épargné, quant à lui, ses accusations et critiques au courant de Hariri. Le communiqué indique que Joumblatt mène campagne contre le Moustaqbal, chaque fois qu’il rencontre le Hezbollah, comme s’il voulait obtenir un certificat de bonne conduite de sayyed Hassan Nasrallah. Les observateurs ont remarqué la nouvelle approche du parti bleu, rappelant que l’ex-président Saad Hariri avait donné des instructions interdisant de répondre au chef du parti progressiste, ou de l’attaquer. Ce communiqué indique que la donne a changé et qu’il est désormais permis d’ouvrir le feu sur le leader de Moukhtara.

Baroud le «décentralisateur»
La commission d’experts, présidée par l’ex-ministre Ziad Baroud, a mis le point final au projet de décentralisation administrative et l’a soumis au président de la République Michel Sleiman. Celui-ci lui aurait demandé de le communiquer au ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, afin qu’il y apporte ses remarques, sachant que c’est lui qui défendra la formule devant le gouvernement. Baroud avait débattu de son plan avec les membres de la Ligue maronite qui avait elle-même confié l’étude d’un projet de décentralisation administrative à un comité spécial. Après une étude comparative des deux propositions, il a été convenu de les combiner. Actuellement, le général Charbel et Me Baroud tiennent des consultations avec des experts pour discuter du projet avant qu’il soit adopté par le ministre de l’Intérieur.

Gaz: retard non favorable pour le Liban
Dans le cadre d’un congrès consacré aux ressources énergétiques et au pétrole qui a eu lieu au Liban en présence de représentants des quarante-trois entreprises admises à participer à l’adjudication sur les travaux de forage prévue prochainement, le ministre de l’Energie Gebran Bassil a accusé les politiques du 14 mars de vouloir entraver la progression du dossier gazier en exerçant des pressions sur le Premier ministre pour l’empêcher de tenir une réunion du Conseil. Réunion qui serait consacrée à l’adoption des deux décrets nécessaires pour lancer l’adjudication. Bassil a promis de prendre les dispositions nécessaires pour le démarrage de l’adjudication au printemps, dès l’expiration du délai prévu en janvier prochain. Des sources, qui suivent de près ce dossier, disent redouter le retrait de certaines sociétés internationales de l’adjudication à cause du peu de sérieux dont l’Etat libanais fait preuve. Le retard mis à finaliser ce dossier pourrait faire perdre des marchés potentiels au Liban, surtout qu’Israël et Chypre, ainsi que d’autres pays, sont en voie de signer des accords s’étalant sur vingt ans. Bassil essaie de faire pression pour que les deux décrets soient inscrits à l’ordre du jour du Conseil des ministres que le Premier ministre démissionnaire Najib Mikati songe à réunir.

Le plan de sécurité opaque de Tripoli
Des instances et des députés de Tripoli accusent des responsables sécuritaires d’être derrière des transgressions qui ont brouillé le plan sécuritaire, et de l’alimentation de la fitna. Ces sources considèrent que ce qui se passe dans la capitale du Liban-Nord est lié à la crise syrienne et à la tenue de Genève II. Ainsi a-t-il été convenu au cours d’une réunion, présidée par le président Najib Mikati à son domicile de Tripoli, de confier le commandement des forces sécuritaires à l’armée et d’œuvrer à la mutation de certains responsables sécuritaires et militaires. Les députés de la ville s’étonnent qu’un responsable sécuritaire aux activités douteuses qui, d’après eux, assume le déclenchement du 18e round, n’ait pas été transféré. Il y aurait anguille sous roche derrière le maintien de ce responsable à son poste. Le commandement des Forces de sécurité intérieure (FSI) avait procédé à des permutations parmi ses unités présentes à Tripoli et déployé 600 éléments des «Fouhoud» qui ont été rattachés au commandement de l’armée.

Le Hezbollah à la table de Paoli
La rencontre qui a eu lieu à l’ambassade de France, et à sa demande, entre l’ambassadeur Patrice Paoli et la délégation du Hezbollah s’est prolongée pendant des heures et a été agrémentée d’un dîner de travail. Ce qui a ouvert la voie à toutes sortes de pronostics sur un éventuel rôle de Paris dans le règlement de la crise libanaise avant l’échéance présidentielle. Mais la capitale française reste prudente avant de proposer son parrainage d’un dialogue interlibanais à l’instar du Congrès de Saint-Cloud, vu qu’une telle entreprise nécessite de larges consultations avec toutes les parties pour être sûre que les chances d’aboutissement à une entente soient possibles.

 

Le profil du terroriste «made in Lebanon»
Mise en garde contre l’apparition d’un profil type du suicidaire local après les menaces lancées contre le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel par des takfiristes détenus derrière les barreaux à Roumié. Ce phénomène a été mis en lumière après les opérations terroristes montées par des groupes takfiristes contre l’ambassade iranienne à Bir Hassan – dont l’exécution a été confiée à Mouïn Abou Dahr de Saïda -, et dans Wadi Nassara près de Homs, où un Libanais du Nord de la famille Hassan s’est fait sauter contre un poste de l’armée régulière syrienne qui encercle les rebelles à Kaleet el-Hosn.
Un expert sécuritaire précise que les deux kamikazes libanais avaient été convertis à l’idéologie takfiriste hors du Liban, en Europe plus précisément, avant de débarquer au Liban et en Syrie où ils ont trouvé un environnement accueillant et favorable à leurs prédispositions idéologiques. L’expert rappelle que le tripolitain, Bassam Kanj, qui avait organisé l’agression contre l’Armée libanaise dans le jurd de Dinnié en 1999 était résident aux Etats-Unis. Il était venu au Liban en provenance d’Afghanistan où il avait été reçu par les Ikhwan et surtout par l’un de leurs responsables, l’actuel député Khaled Daher. Quant à Abou Dahr, il est le troisième diplômé d’une mosquée en Suède, il avait été précédé par deux autres kamikazes qui ont opéré en Irak et en Afghanistan.

Ersal paie le prix fort
Le village de Ersal dans le jurd de la Békaa-Nord connaît des divergences politico-sociales aiguës qui ont entraîné la démission définitive d’environ la moitié des membres du conseil municipal. Des sources locales indiquent que les gens de Ersal se plaignent des leaders politiques à Beyrouth qui les auraient abandonnés à leur sort, alors qu’ils font face aux graves problèmes socio-sécuritaires que leur pose la présence de dizaines de milliers de réfugiés syriens dans leur région. Le président de la municipalité, Ali Hojeiry, et d’autres notables ne proposent aucune solution réelle à ces problèmes, et n’écoutent pas les doléances des habitants libanais qui payent un prix exorbitant pour les événements en Syrie. Le nombre de déplacés aurait dépassé les 80000, alors que les habitants libanais de la localité ne dépassent pas les 40000. Cet écart démographique commence à se refléter sur le comportement des combattants syriens qui provoquent les gens du village et mettent la main sur leurs biens, leurs bétails et leurs voitures.

 

Le fanatisme dénoncé par le mufti
La montée du fanatisme inquiète le mufti de la République, le cheikh Mohammad Rachid Kabbani, comme le rapportent ses milieux. Ce phénomène, dit-il, qui menace l’unité sociale pourrait prendre encore plus d’ampleur s’il n’est pas combattu de manière efficace. Abordant la crise du Conseil islamique chérié, ces mêmes milieux estiment que la campagne, menée contre le mufti, n’est pas liée à de prétendues malversations, mais aux options politiques modérées du chef de la communauté sunnite qui a condamné tout extrémisme communautaire. C’est parce qu’il veille à l’unité de la communauté sunnite, et qu’il reste peu attaché à son poste et à ses privilèges, qu’il propose la tenue dans un délai de trois mois de nouvelles élections au conseil en question, auxquelles tout le monde participerait. Le mufti réfute les accusations du Moustaqbal qui lui reproche d’avoir viré du côté du 8 mars. «Je n’ai pas renoncé à mes constantes et à mon authenticité», dit-il. Le cheikh Kabbani a qualifié l’enlèvement des religieuses à Maaloula et la destruction des églises de contraires aux préceptes de l’islam et à la promesse donnée par le khalifa Omar Ben Khattab aux chrétiens des pays arabes.

L’Egypte veut se recaser sur l’échiquier
De l’avis d’un diplomate informé, la visite du journaliste Mohammad Hassanein Haykal au Liban révèle la volonté de l’Egypte de réactiver le rôle fondamental de sa diplomatie sur l’axe libano-syrien. Le nouveau commandement égyptien veut rebooster sa politique étrangère sur les bases traditionnelles qui considèrent le Liban et la Syrie comme des extensions géopolitiques à sa sécurité nationale.
L’agenda des rencontres de Haykal avec les politiques libanais confirme cette tendance, surtout qu’il s’est entretenu avec le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, durant trois heures environ. Le dossier syrien, poursuit la source, était au menu de toutes les rencontres de Haykal avec les Libanais, ainsi qu’avec les ambassadeurs de Syrie et d’Iran. Quant aux résultats de la visite du grand journaliste, elle contribuera, selon des milieux proches, au réchauffement des relations entre Le Caire et Damas. Dans cette perspective, Haykal compte s’entretenir avec le président Bachar el-Assad à Damas. Le sayyed aurait expliqué à son hôte les détails de la conjoncture syrienne et les développements sur le terrain, cartes à l’appui, et leurs répercussions sur la sécurité nationale au Liban et en Syrie.

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