Après onze ans d’absence, Jean-Paul Rappeneau présente son dernier long métrage, le 8e de sa longue carrière. Voici Belles familles.
Son dernier long métrage remonte à plus de dix ans, Bon voyage, avec, comme à son habitude, une tête d’affiche blindée: Isabelle Adjani, Yvan Attal, Virginie Ledoyen, Gérard Depardieu… Onze ans plus tard, à 80 ans passés, Jean-Paul Rappeneau revient avec Belles familles. Et une tête d’affiche composée des grandes pointures du moment: Mathieu Amalric, Gilles Lellouche, Guillaume de Tonquédec, Karin Viard, André Dussollier, Marine Vacth, Nicole Garcia…
Belles familles, c’est l’histoire de Jérôme Varenne, homme d’affaires, qui vit à Shanghai depuis plus de dix ans. En voyage en Europe en compagnie de sa fiancée Chen-Lin, il profite de son passage à Paris pour voir sa famille. Sa mère, son frère, un dîner de retrouvailles qui vire en catastrophe, dès le moment où il apprend que la demeure familiale, située à Ambray, est l’objet d’un litige. Le promoteur qui l’a rachetée, Grégoire Piaggi, un vieux copain, et la mairie de la ville s’en disputent la propriété; sa mère n’a toujours pas touché l’argent. Inacceptable, il voudrait comprendre, intervenir, et son frère lui lance: «Tu n’es même pas venu à l’enterrement de papa!». Le nœud se resserre. Voilà Jérôme, sur place, à Ambray; il y retrouve Grégoire et fait la connaissance de la belle-fille de son père, la jeune, jolie et très impulsive Louise. Il est là, l’espace de quelques heures seulement, croit-il au début. De contretemps en contrariété, son séjour se prolonge, les personnages s’imbriquent, les histoires se compliquent, les secrets sont dévoilés…
Désaccords, malentendus, souvenirs d’enfance, histoire d’amour évidemment, Belles familles est tissé à l’ancienne, dans un village avec sa horde de personnages typiques, parfois caricaturaux, parfois inutiles… comme dans un livre d’antan, à cheval entre le drame et la comédie, à l’ancienne, quand les choses étaient à la fois plus paisibles et plus complexes. On se faufile dans la maison scellée par un passage secret, on croise un maire désopilant et désopilé, un juge véreux, ou pas vraiment, une secrétaire un peu nunuche, le fantôme d’un père, l’impact du docteur respecté du village, une coiffeuse qu’on tient à tout prix à récupérer, la belle de la ville, un peu peste, un peu mystérieuse, rébellion de la jeunesse…
L’enfance, faut-il y revenir?
Pour Belles familles, Jean-Paul Rappeneau s’est, en quelque sorte, inspiré de sa vie personnelle. Le site AlloCiné relève les explications du réalisateur: «L’idée était de tourner une sorte d’autobiographie imaginaire puisqu’au fond, dans ce qui est raconté, tout a un lien avec moi, mais rien n’a de lien avec ma véritable vie. En fait, si on se met à chercher vraiment, on trouve des correspondances bien sûr, mais aussi des choses arrivées dans d’autres familles, ou liées à d’autres encore. (…) C’est un roman familial imaginaire. Mais je voulais que la ville aussi soit imaginaire. C’est pour cela qu’on a tourné dans plusieurs lieux, c’est un mélange. (…) Les personnages ressemblent tous à des gens que j’ai connus. Les petites et les grandes aventures, je sais qu’elles sont arrivées à Untel, à moi, à d’autres».
La critique a, presque à l’unanimité, salué le travail du maître, mais comme par respect essentiellement, relevant çà et là, en subtilité, les défauts de cette œuvre. Oui, certes, Belles familles est loin d’être un film inoubliable, un peu banal, un peu décousu, peu attachant. Mais c’est du Rappeneau, et c’est son 8e film en 50 ans de carrière, après La vie de château, Les mariés de l’an II, Tout feu tout flamme, Le Sauvage, Cyrano de Bergerac, Le hussard sur le toit… Et puis dans Belles familles, au-delà du plaisir du moment qui passe, il y a l’envie de plonger dans une réflexion sur l’enfance, cette enfance où Barbara, comme elle le chante, a eu tort d’être revenue…
Leila Rihani