La rencontre de Walid Joumblatt et de Samir Geagea au domicile du député Nehmé Tohmé, membre du bloc parlementaire du leader du Chouf, a été jugée d’une importance capitale, vu la diversité des questions abordées. La principale a porté sur la loi électorale. Les deux partenaires ont affirmé leur entente sur le projet mixte (68 députés élus selon le mode majoritaire et 60 à la proportionnelle) en accord avec le Courant du futur. C’est ce qu’ont confirmé Geagea et Hariri à l’occasion de leur rencontre au shour. Les deux hommes ont insisté sur la nécessité de s’en tenir à cette position commune, notamment en ce qui concerne la répartition des circonscriptions électorales. De son côté, Joumblatt tient à l’unification du Chouf, de Aley et de Baabda.
Joumblatt et Geagea ont décidé d’intensifier la coordination entre les cadres du Parti socialiste progressiste (PSP) et ceux des Forces libanaises (FL) dans la Montagne, sous la supervision du vice-président des FL, Georges Adwan, en vue d’y préserver le calme et de préparer les prochaines législatives. Toutefois, selon les sources, le sujet de la présidentielle n’était pas au programme. Geagea aurait pourtant abordé le problème de la candidature du général Michel Aoun, Joumblatt ayant fait plus d’une allusion à l’opposition à cette candidature sous forme de questionnement sur ce qui empêche l’élection du leader du Courant patriotique libre (CPL) s’il existe une unanimité chrétienne sur son nom, faisant allusion à la position de Geagea.
D’autres sources rapportent que Geagea, ayant constaté l’activité en coulisse sur le dossier présidentiel, a cherché à connaître la position réelle de Joumblatt sur ce sujet. Ce dernier a insisté sur la nécessité d’arriver à toute solution susceptible d’éviter l’effondrement du Liban et d’en arriver à une constituante. Mais il ne prendra aucune initiative sans l’accord sunnite et saoudien.
Samir Geagea a déclaré à la presse: «Je continuerai à agir dans toutes les directions pour arriver à l’élection présidentielle, car si nous dépassions les deux ou trois mois prochains sans chef d’Etat, nous serons confrontés à la loi électorale et au scrutin législatif. La présidentielle ne sera pas résolue pour autant. Est-il possible d’imaginer le pays doté d’un nouveau Parlement et d’un gouvernement chargé des affaires courantes sans chef d’Etat?
Achraf Rifi
Les trois options du général de Tripoli
Les Tripolitains proches du général Achraf Rifi déclarent que ce dernier s’est fixé trois objectifs jusqu’aux élections législatives:
♦ Fixer, stabiliser et élargir sa base populaire à Tripoli et au Liban-Nord. Cela à travers les services qu’il rendra et la relation directe avec les gens. Il s’alliera à des courants islamiques et avec des personnalités et des forces ayant prouvé leur présence sur le terrain, tel que le député Khaled Daher au Akkar.
♦ Elargir sa présence en dehors du Liban-Nord, dans le but de réaliser des percées et d’avoir un pied-à-terre dans l’ouest de la Békaa, à Saïda et à Beyrouth, notamment à Tarik el-Jdidé.
♦ Etablir des liens avec des soutiens à l’étranger, en priorité avec la Turquie, qu’il a visitée plus d’une fois, car il n’est plus tributaire de l’appui de l’Arabie saoudite.
En ce qui concerne ses relations avec Riyad, Achraf Rifi a appris par une personnalité politique, en visite récente chez l’ambassadeur Ali Awad Assiri, que la priorité du royaume est toujours à Saad Hariri et qu’il n’a ni l’intention de l’affaiblir ni de l’abandonner, et qu’il n’est pas décidé à appuyer et à renforcer Rifi dans une compétition avec Hariri menaçant le leadership de ce dernier. Le royaume souhaite, au contraire, que Rifi reste aux côtés de Hariri et sous sa coupe.
Cette même personnalité rapporte que Riyad est satisfait actuellement de Hariri et de ses discours politiques de plus en plus clairs concernant le Hezbollah et l’Iran. L’Arabie appuie également le style qu’il a adopté dans ses relations avec les gens, son travail sur le terrain et le fait de remettre de l’ordre et de réorganiser le Courant du futur et les affaires internes. Rifi aurait répondu qu’il ne s’attendait pas à une réconciliation avec Hariri ni à un retour à des relations telles qu’elles étaient. Il pense même que ce dernier cherchera à l’affaiblir par tous les moyens, convaincu qu’il est le seul et le plus direct danger de porter atteinte à sa popularité et à son leadership. Rifi ajoute que ce qui est demandé à Hariri, s’il veut rectifier la situation, n’est pas de changer de politique mais d’adopter de nouvelles dispositions fermes, de renoncer au soutien à Sleiman Frangié et d’arrêter le dialogue avec le Hezbollah. Il devrait également changer ses conseillers qui l’ont convaincu qu’il fallait briser Rifi s’il veut prendre les rênes du pouvoir, afin d’offrir un exemple et de servir de leçon aux autres… cette situation s’applique également au député Khaled Daher au Akkar.
Chaouki Achkouti