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Nº 3065 du vendredi 5 août 2016

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Ibrahim Kanaan, député du Metn. «Nous devons libaniser la présidentielle»

Dans une interview recueillie par Magazine, Ibrahim Kanaan, député du Courant patriotique libre au Metn, considère que les élections primaires pour les législatives, qui se sont déroulées au sein du CPL, constituent une manière exemplaire «d’accepter l’autre de façon démocratique».

Comment définissez-vous les élections primaires pour les législatives qui se sont déroulées à l’intérieur de votre parti pour désigner les candidats aux prochaines législatives?
Ces élections donnent de l’importance et de la valeur à chaque vote au sein du parti. C’est une manière d’accepter l’autre de façon démocratique et d’apporter les réformes nécessaires pour continuer à aller de l’avant et à améliorer les choses de plus en plus. C’est une formule brillante et exemplaire.

Quels ont été les critères adoptés par les électeurs pour voter?
Je pense qu’ils ont pris en considération le fait que le candidat qu’ils ont désigné soit proche de leurs idées, de leurs conceptions, de leurs ambitions, qu’il soit à leur écoute et réponde à leurs attentes.

Ces élections terminées, certains observateurs avancent que Michel Aoun bouclera ses valises et se préparera à s’installer au palais de Baabda. Que se passe-t-il exactement au niveau de la présidentielle?
Plus que jamais, Michel Aoun constitue le candidat exemplaire à la tête de l’Etat. Il est générateur d’une formule qui devrait plaire à tous les partis. Comme nous l’avons déclaré à maintes reprises, cela fait vingt-cinq ans que les tentatives d’affaiblir les chrétiens se multiplient, le but étant de les éloigner de plus en plus des centres de décisions et de pouvoir du pays. Dans ce contexte, placer à la tête de la République une personnalité non représentative revient en leitmotiv chez certains. Or, l’acceptation de l’autre est la raison d’être du Liban et du respect du pacte national. Michel Aoun est appuyé par les Forces libanaises, qui font partie du 14 mars, et par le Hezbollah, qui appartient au 8 mars, et par la majorité des chrétiens. C’est donc un homme représentatif de tous qui pourra assurer la préservation des institutions et constituer une solution démocratique à la crise qui prévaut. Même Walid Joumblatt a mis de l’eau dans son vin et les pourparlers avec le Futur ne se sont jamais arrêtés…

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a assuré que c’est le Hezbollah qui ne veut pas de Michel Aoun. Que répondez-vous?
Le Hezbollah a officiellement appuyé la candidature de Michel Aoun. Rendons-nous au Parlement pour une session de vote et voyons s’il traduira son soutien dans les urnes ou non. Le procès d’intention n’a pas de sens.
 

Si chaque camp continue à camper sur ses positions, risquons-nous de nous retrouver face à un nouveau pacte national?
Nous mettons en garde contre toute modification de ce pacte. Actuellement, la balle est dans l’autre camp. Certains n’avaient de cesse de dire que les chrétiens sont divisés et que cela retarde l’élection du président. Aujourd’hui, avec les Forces libanaises (FL), nous nous sommes entendus sur un candidat, Michel Aoun. Une sombre réalité pèse sur nous tous.
Œuvrons pour sauver le pays avant qu’il ne s’engouffre dans un tunnel dont il lui sera difficile de sortir. Tendre la main à l’autre partenaire est devenu une question existentielle. Comme nous avons accepté les choix de la majorité musulmane concernant les postes qui lui reviennent, il est de son devoir d’en faire de même. Une telle initiative sera historique après toutes ces années conflictuelles et sauvera le Liban.

Certains lient l’échéance présidentielle aux développements régionaux. A votre avis?
Je ne suis pas d’accord. Les Libanais ont une marge de manœuvre très importante. Ils peuvent changer le cours des choses s’ils ont confiance en leurs capacités. Nous devons simplement avoir la volonté ferme de «libaniser» la solution et tout sera réglé. Attendre le règlement des guerres régionales n’est pas dans l’intérêt du Liban.

Propos recueillis par Danièle Gergès

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