Magazine Le Mensuel

Nº 3071 du vendredi 4 novembre 2016

Restauration

Zaitunay Bay. La marina se démocratise

Zaitunay Bay se transforme d’une destination de haut standing en une promenade plus accessible avec des restaurants franchisés, conjoncture oblige.

En 2011, lors du lancement du projet Zaitunay Bay, le lieu situé sur la Marina avait indéniablement des allures de promenade de «haut standing» avec, sur 25 000 mètres carrés, une vingtaine de restaurants triés sur le volet, des boutiques haut de gamme, un yacht-club avec piscine et 45 résidences de luxe, de 100 à 300 m2.
Des restaurants, tels que Signor Sassi, Babel, Karam el-Bahr ou St. Elmo’s Seaside, renforçaient cette image avec des loyers de plus de 1 000 dollars au mètre carré, sur des surfaces variant entre 150 et 450 m2.
Oui mais voilà, il semble que le visage de la baie soit en train de se transformer. Il faut dire que la crise syrienne est passée par là. Avec le boycott des pays arabes et l’absence de touristes, l’économie libanaise a dû s’en remettre aux Libanais, résidants et émigrés, pour continuer de fonctionner. Zaitunay Bay ne déroge pas à la règle.
Depuis un certain temps, les enseignes internationales (Signor Sassi, St. Elmo’s, La Maison de la Gauffre…) ont commencé à fermer pour être remplacées par des marques libanaises ou étrangères plus abordables, telles que Roadster, PF Chang’s, Al Forno, plus récemment Zaatar W Zeit et le café libanais Leila qui a ouvert ses portes le mois dernier.
La restaurant de spécialités chinoises, PF Chang’s, s’y est installé en mars 2015. «La plupart de nos clients sont libanais, car il n’y a pas de touristes», souligne le manager de la branche. Si le ticket moyen est de 30 dollars, le restaurant multiplie les promotions pour proposer des «happy hours» ou «des menus déjeuner», tout inclus, à 22 000 livres libanaises (L.L.), avec pour objectif de s’adapter à la population libanaise qui, elle, est là toute l’année. «On ne peut plus s’en remettre aux touristes, même s’ils dépensent plus, ajoute le manager. Ce sont les Libanais qui sont là régulièrement».

Des Syriens aisés
Même objectif pour l’italien Al Forno qui a pris la place du restaurant Signor Sassi (également de spécialités italiennes, mais de haut standing). Le ticket moyen était de 80 dollars à l’époque de Signor Sassi. «80% de nos clients sont des locaux, explique le manager d’Al Forno. Nous sommes obligés de nous adapter avec des promotions régulières et un ticket moyen à la portée du plus grand nombre».
Pour Amal Khoury, responsable de la communication de Zaitunay Bay, «la baie a toujours été une destination accessible à tous. Les restaurants qui ont fermé ont mis la clé sous la porte, car leur concept ne fonctionnait pas et non pas parce qu’ils étaient trop chers. Les Arabes du Golfe ont été remplacés par des Syriens aisés».
Joe Abrass, fondateur de la chaîne de restaurants Leila, vient d’ouvrir une nouvelle branche à Zaitunay Bay au mois d’octobre. «Nous voulions nous installer ici depuis l’ouverture, en 2011, explique-t-il à Magazine. Nous avions bien demandé un emplacement à Zaitunay Bay à cette époque, mais cela nous avait alors été refusé. Ils préféraient des restaurants haut de gamme et des marques internationales qu’on ne pourrait retrouver qu’exclusivement à Zaitunay Bay, poursuit l’entrepreneur. Les tickets moyens étaient entre 40 et 50 dollars par personne. Aujourd’hui, il est possible de manger à moins de 20 dollars dans les nouveaux restaurants».
Est-il vrai qu’au lancement de Zaitunay Bay, seuls des restaurants exclusifs pouvaient ouvrir? Mme Khoury répond: «Idéalement, c’est ce qu’il faut faire pour encourager la création de nouveaux concepts et injecter un certain dynamisme et une offre variée dans le secteur de la restauration, d’autant plus que Beirut Souks est à cinq minutes de Zaitunay Bay».

Un parking moins cher
Joe Abrass a investi plus d’un million de dollars pour l’ouverture de sa sixième branche sur la Marina. Lui aussi confirme un changement de tendance à Zaitunay Bay, toujours par cette même nécessité de s’adapter au marché et à la conjoncture économique. «La population qui vient à Zaitunay Bay aujourd’hui est libanaise et les Libanais aiment les marques qu’ils connaissent, car c’est un gage de confiance». L’homme d’affaires a même pensé au parking: «Nous avons prévu un système de valet parking moins cher que celui de la Marina».
Le parking de la Marina est aujourd’hui ce qui reste de ce qui se voulait une destination luxueuse, avec un tarif qui commence à 10 000 L.L. A la question de savoir comment rendre ce parking en adéquation avec les moyens de la population libanaise, Mme Khoury insiste: «La baie est accessible à tous, à pied comme en voiture. Le deck de la Marina, adjoint à Zaitunay Bay, est une promenade publique, tout comme les autres espaces publics de la ville de Beyrouth. Il y a des possibilités de parking à des prix abordables tout autour de Zaitunay Bay. Le parking public, qui donne un accès direct à la baie, n’est pas sous notre contrôle. Il fait partie de la concession de la Marina de Beyrouth».

Soraya Hamdan

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