Les Libanais aiment faire la fête quitte à payer le prix fort, en particulier la veille du nouvel an. Les 800 restaurants beyrouthins répertoriés par Hodema, cabinet de conseil en hôtellerie et restauration, proposent des formules «Spécial nouvel an». S’y ajoutent les soirées organisées par les hôtels, les bars et les boîtes de nuit de la ville. «Malgré l’esprit festif des Libanais, on constate, cette année, une tendance baissière au niveau des prix, qui s’explique par la morosité économique, note Nagi Morkos, directeur d’Hodema. Les prix ont baissé d’environ 10 à 15% annuellement sur 5 ans, mais la chute peut atteindre les 50% pour certains établissements. Fini le temps où le champagne coulait à flot, ajoute le professionnel. L’ambiance a aussi changé. On est moins dans l’opulence et davantage dans l’intime. Je dirais qu’au Liban, la nuit et le nouvel an se sont assagis».
Au Mövenpick par exemple, il fallait compter entre 130 et 190 dollars par personne, l’année dernière, pour célébrer le 31 décembre. Cette année, les prix sont fixés à 125 et 175 $.
Si certains établissements ont baissé leurs prix, d’autres, comme le Music Hall, conservent des prix stables depuis cinq ans. Dans le célèbre cabaret libanais, il faudra encore compter cette année entre 250 et 750 $ par personne pour célébrer le début de la nouvelle année. «Notre formule n’a pas changé en cinq ans, explique Jean Eleftériadès, co-propriétaire. En général, les prix augmentent mais, compte tenu de la situation économique morose, nous avons conservé la même formule constituée d’un spectacle inédit, d’un dîner et de boissons. Les prix varient en fonction de l’emplacement de la table réservée». M. Eleftériadès souligne que, malgré les conditions économiques et sécuritaires, le pays est résilient, car les Libanais n’attendent pas les touristes pour s’amuser. «La force du Liban, ce sont les Libanais eux-mêmes. A Paris ou en Turquie, sans les touristes, les établissements plongent, alors qu’au Liban, nous faisons la fête envers et contre tout».
300 000 $ en une nuit
Même optimisme pour Rita Saad, responsable de communication de l’hôtel Le Gray au centre-ville. Pas moins de trois événements y sont prévus pour le réveillon. A l’Indigo on the Roof, une formule à 390 $ par personne est proposée avec dîner, boissons et spectacle. Au ThreeSixty, boîte de nuit de l’hôtel, c’est une formule à 250 $, tandis que le Gordon’s Café offre un menu à 110 $. «Nous avons toujours tendance à rester optimistes. Maintenant, avec l’élection d’un nouveau président, nous nous attendons à une hausse de l’activité économique».
L’année dernière, l’établissement de nuit, The One, aurait réalisé un chiffre d’affaires supérieur à 300 000 $, uniquement le soir du réveillon, malgré la morosité économique.
Soraya Hamdan