Magazine Le Mensuel

Nº 3073 du vendredi 6 janvier 2017

general

A Beyrouth. Les bars à jus ont le vent en poupe

Ces deux dernières années, les enseignes spécialisées dans les jus et autres produits sains se multiplient en ville. Qui sont ces nouveaux acteurs qui investissent le marché? Que proposent-ils?

Au pays des fruits, on connaissait déjà, depuis longtemps, les fameux «cocktails libanais», ces coupes de fruits et d’avocats souvent mariés avec de la «achta» et arrosés de miel. Un délice pour les papilles, mais pas forcément pour ceux qui souhaitent garder la forme. Car, depuis quelques années au Liban, le «healthy food» est devenu résolument tendance, surtout après les nombreux scandales sanitaires qui deviennent monnaie courante. Dans cet environnement, le besoin de bien manger, et aussi de savoir ce qu’on mange, se fait de plus en plus sentir pour le consommateur.
C’est sur cette mouvance que surfe une nouvelle vague d’entrepreneurs, important au Liban un concept déjà très bien implanté aux Etats-Unis et en Europe: les bars à jus ou «juiceries».
Qu’ils proposent des programmes de détox par le jus ou simplement des boissons sans ajout de sucre ou d’eau, tous se veulent ambassadeurs d’un art de vivre plus sain en ville.

Des cures détox
C’est ainsi qu’en 2013, Hana Alizrea lance QI Juices. Au départ, le concept est basé sur un programme de détox par des cures de jus pour nettoyer l’organisme. Aujourd’hui, le concept a évolué et s’est diversifié pour devenir ce que l’entrepreneure aime appeler «un bar bien-être». Situé à Badaro, on peut y consommer des jus pressés à froid, mais aussi des sandwichs, petits-déjeuners, salades, ou encore profiter de produits sains à emporter chez soi, de l’épicerie certifiée biologique. Hana Alizrea a réalisé son investissement initial pour un montant d’environ 200 000 dollars. Le ticket moyen varie entre 65 et 195 dollars pour un jour à trois jours de cure de jus détox.
Du côté de Ramlet el-Baïda et Gemmayzé, c’est à Succo Juicery qu’on retrouve le même concept de fruits pressés à froid et d’autres programmes visant à éliminer les substances toxiques. Le partenaire Amr Mrad, 29 ans, est un véritable ambassadeur du bien-manger et du bien-vivre. Lui-même a d’ailleurs importé ce concept de bar à jus à son retour au Liban, en 2015.
Le jeune entrepreneur a ouvert, en juin 2015, à Ramlet el-Baïda, son premier point de vente, par «besoin de retrouver, au Liban», un mode de vie sain qu’il a connu à l’étranger. La particularité de Succo: les fruits et légumes sont cultivés par la famille sur son terrain au Liban-Sud.

Pressoir à froid
Amr Mrad a, lui aussi, investi dans le fameux pressoir hydraulique à froid, afin de conserver un maximum de nutriments dans les jus qu’il propose. «Au lieu de broyer ou mélanger, le pressoir ne va ni oxyder ni dégrader le fruit», explique-t-il. A Succo Juicery, outre les petits-déjeuners, sandwichs et desserts, «dont les ingrédients sont tous faits maison», souligne M. Mrad, il est également possible de suivre des cures de détox. Pour une journée, il faut compter autour de 50 dollars, et 150 dollars pour trois jours.
Nassib Haddad a commencé ses recettes de détox par le jus, en 2011, dans sa propre cuisine, en fondant 5 a day. Comme son nom l’indique, le concept se base sur les cinq fruits et légumes par jour, recommandés pour une alimentation équilibrée.
Le succès fut tel qu’en juin 2016, il ouvre un point de vente à Achrafié. «Je buvais moi-même un jus après chaque entraînement de sport, raconte l’entrepreneur. C’est alors que j’ai découvert les bienfaits que cela produisait sur mon organisme. J’ai alors commencé à en produire dans ma cuisine, avant d’ouvrir mon point de vente». Le ticket moyen pour une cure détox est de 50 dollars. Comptez 15 dollars en moyenne pour manger.

Franchises libanaises
Avec Juice Up, l’ambition de Philippe Letayf, 36 ans, est de partir à la conquête des pays arabes et même de l’Europe. L’entrepreneur, de retour au Liban après plusieurs années à l’étranger, a investi initialement 150 000 dollars pour ouvrir, en 2014, son premier point de vente à Sodeco. Aujourd’hui, sa marque se développe rapidement: un nouveau point de vente vient d’ouvrir à Hazmié, tandis qu’un 3e devrait voir le jour d’ici à deux mois à Rabié. Philippe Letayf a également investi dans un kiosque mobile, dont l’objectif est de s’associer à divers événements et d’aller vers le consommateur. Juice Up fournit aussi une trentaine d’hôtels et de restaurants. Ses produits sont également disponibles dans des supermarchés haut de gamme et certaines salles de gym. L’entrepreneur compte entre 30 et 40 commandes par jour pour un ticket moyen de 4 dollars.

Soraya Hamdan

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