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Nº 3001 du vendredi 15 mai 2015

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Les «artistes visionnaires» de Jabal. «Lancez-vous du Liban»

Du 14 au 16 mai, les 32 artistes sélectionnés par le Comité artistique de Jabal, lancé à l’initiative de la Fransabank, exposent, au Saint-Georges, leurs œuvres autour du thème de la 11e édition du salon, Artistes visionnaires, où mythes et rêves s’unissent autour du Liban. Rencontre avec Dania Kassar, directrice Marketing de la Fransabank.

 

Nouveauté cette année, vous avez proposé un thème aux artistes. Pourquoi?
Nous avons voulu marquer le début de la seconde décennie de Jabal en proposant un challenge aux artistes. Mais il s’agit quand même d’un thème qui est large, étant des artistes émergents, on ne voulait pas non plus leur rendre la tâche encore plus difficile. «Artistes visionnaires» pour voir s’ils sont en train de se projeter dans le Liban des années à venir. On a surtout voulu savoir s’ils avaient une vision plutôt positive ou négative. Nous avions remarqué les dernières années que les artistes avaient des œuvres dures, des images de guerres, où on pouvait même sentir la tension politique. Ce n’est pas que ça perturbe, mais ça interpelle. On a voulu essayer de les projeter dans le futur, pour avoir peut-être quelque chose de plus gai. Les visiteurs pourront juger. Les artistes ont une sensibilité confirmée, donc ceux qui voient que l’horizon est encore bouché ont des œuvres et des visions qui ne sont pas aussi dégagées qu’on aurait pensé. Les faits sont là et les artistes transmettent très exactement les situations par lesquelles on passe un peu tous.

Une trentaine d’artistes, tous médiums confondus, peinture, installation, vidéo, gravure… Est-ce que l’exposition reflète l’effervescence qui se passe en ville?
Tout à fait. Les artistes, qu’ils soient jeunes ou confirmés, émergents ou professionnels, sont complètement dans l’air du temps. Le Liban est une plaque tournante des arts. Malheureusement, la situation ne nous permet pas d’être à la hauteur de ce qu’on aurait voulu. Il y a des places comme le Qatar, Dubaï… qui sont en train de voler la vedette en termes de grandiose, de grandes expositions et de musées énormes, avec tous les moyens financiers qu’ils ont et le flux de touristes et de gens qui y passent… c’est en train de devenir un vrai «hub», surtout Dubaï. Mais le Liban garde la place qu’il a toujours eue, une place où l’on ressent plus de sensibilité, plus d’âme. C’est beaucoup plus authentique. Les artistes, même émergents, captent tout de suite les techniques qu’il faut, sont ouverts. Cela montre que la jeunesse libanaise est très dynamique, pleine d’effervescence et de vitalité. Tel a toujours été notre but à Jabal, dès le début en 1998, quand nous l’avons lancé à la suite d’une initiative du président Kassar, à l’intention des jeunes, pour leur montrer qu’ils pouvaient essayer de se lancer d’ici, qu’ils n’avaient pas à quitter le pays pour se faire connaître, pour se faire une place. Au fil des années, l’appel est resté le même; lancez-vous d’ici, prenez le maximum de votre pays et rendez le maximum que vous pouvez.

Onze éditions déjà, ni regret, ni lassitude?
Pas du tout. Si on avait choisi une période artistique déterminée, un médium en particulier, peut-être. Mais quand on travaille avec des artistes qui se lancent, chaque fois il y a un nouveau flot avec d’autres perspectives, d’autres créativités. Il y a un perpétuel renouvellement à chaque génération. C’est une nouvelle aventure chaque année, très satisfaisante, et qui nous donne beaucoup de fierté. On ne compte pas arrêter.

Comme d’habitude, les artistes seront sur place tout au long de l’expo…
C’est dans leur intérêt. Finalement, on monte l’expo pour eux, en pensant chaque fois à leur préparer la plateforme la plus adéquate pour être vus, la meilleure scénographie possible, le meilleur endroit, en invitant autant de gens que possible, nos clients, les collectionneurs, les galeristes, les médias, les universités. Les artistes sont là pour cela d’ailleurs, et un grand nombre de ceux que nous repérons finissent pas exposer dans des galeries. Nous avons reçu une centaine de dossiers cette année, ce qui est considérable par rapport au laps de temps restreint, pas plus de deux mois, entre l’appel à candidature et la sélection. Ce qui nous permet aussi de sélectionner les artistes au niveau où ils sont, de montrer les œuvres selon les capacités du moment. C’est surtout pour eux qu’on voudrait que ça réussisse.
 

Propos recueillis par Nayla Rached

Hôtel Saint-Georges, du 14 au 16 mai, de 16h à 21h.

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