A l’occasion du 1er Sommet des entrepreneurs sociaux organisé au Liban par MakeSense, plateforme française aidant au développement des start-up sociales dans le monde, Magazine a rencontré Gilbert Doumet, entrepreneur social et fondateur de Beyond Reform and Development.
Qu’est-ce-qu’être entrepreneur social au Liban?
Un entrepreneur social est une personne qui aime terriblement les problèmes! Au Liban, il en existe suffisamment pour qu’un innovateur les transforme en de formidables opportunités. Nous avons des problèmes de gouvernance, d’eau, d’électricité, de corruption, de réfugiés, d’embouteillages, de poubelles… qui constituent autant de sources d’inspiration pour un créateur de start-up dont le but doit être de transformer ces problèmes en solutions et ensuite, en politiques publiques. L’entrepreneur libanais est celui qui refuse l’émigration et le clientélisme et qui met sa technologie et son innovation au service de la justice sociale de son pays.
L’entrepreneuriat social est-il destiné à tout le monde?
Je dirais même que l’entrepreneuriat social est encore plus novateur en l’absence de moyens. C’est souvent ceux qui ont le moins de ressources, d’éducation mais une passion affirmée pour changer le monde qui se montrent les plus créatifs. L’entrepreneuriat social est un état d’esprit, un modèle collaboratif d’entraide où chacun des acteurs s’épaule pour avoir un impact social dans la société dans laquelle nous vivons. Cela dit, au Liban, nous manquons encore d’un vrai écosystème pour le développement des start-up sociales. Il est toujours possible de trouver des ressources et de l’aide mais c’est encore en cours de développement.
Pourquoi ce concept est-il encore si méconnu au Liban?
Le concept est nouveau mais la pratique est en réalité très ancienne au Liban. Il existe des modèles d’entreprises sociales dans tous nos villages et ce, depuis des décennies : des coopératives, des activités de solidarité, des mutuelles… Ces pratiques existent dans nos sociétés à cause du manque de ressources et de la faiblesse du service public. Aujourd’hui, ce qui manque est un écosystème et une forme légale pour encadrer et soutenir ces activités.
Soraya Hamdan