Le théâtre Madina accueille du 16 mars au 8 avril, L’étrange destin de M. et Mme Wallace, mis en scène par Valérie Vincent. Magazine a rencontré toute l’équipe.
L’ambiance est décontractée, amicale et complice. Ce dimanche-là, ils sont tous là, pour la première entrevue accordée à la presse. Valérie Vincent est entourée de ses comédiens, Joe Abi Aad, Cyril Jabre, Cécile Longé et Mohamed Sidibé. L’aventure a débuté dès la fin des représentations de L’Illusion conjugale. Valérie Vincent voulait faire travailler la même distribution. «On a passé des semaines, chacune de notre côté, intervient Cécile Longé, à écumer le répertoire théâtral contemporain», jusqu’à la découverte de cette pièce de Jean-Louis Bourdon. «Ce n’est pas tant la beauté du texte, que le message qu’il véhicule, la violence qu’il contient, l’actualité hallucinante. J’ai senti l’urgence, la nécessité de monter cette pièce», affirme Vincent. Un travail pétri de maintes difficultés, techniques et scéniques. Parmi elles, la présence d’un bébé noir sur scène, finalement réglée par la commande d’un «bébé-reborn» robotisé; le décor déstructuré ravivé par l’éclairage, la fidélité au texte, la multiplicité de didascalies presque inconcevables à réaliser, la scénographie, la musique organique, tribale, conçue spécialement pour cette création par deux groupes maliens, et la direction d’acteurs, pour autant de rôles de compositions.
Condition humaine. Chacun des acteurs évoque son personnage et ses autres compagnons de route, comme s’ils l’incarnaient en chair et en os, là, tout de suite. Cécile Longé introduit son personnage, Nicole, «une femme traumatisée, frustrée dans ses aspirations à la maternité, fragile, labile, qui peut être d’une grande brutalité et en même temps primesautière. Elle est désarmante, ce qui fait que son mari s’attache à elle». Son mari, John Wallace, est un haut responsable du Klu Klux Klan, incarné par Joe Abi Aad, qui le présente comme «un homme très raciste, endoctriné, mais lucide». «Amoureux pour le meilleur et pour le pire, cela l’amènera à réaliser qu’on peut avoir un autre point de vue dans la vie», ajoute-t-il. Entre les deux, Therry, le frère de Nicole, «la caution comique du spectacle, intervient Valérie Vincent, mais surtout le représentant de la lâcheté humaine, le drame de l’humanité. Plus que les méchants, il faut craindre les cons». Celui qui ne se pose pas de questions, «qui fait le sale boulot», réplique Cyril, qui ajoute aimer, en tant qu’acteur, être poussé dans de telles limites.
Quatrième personnage, énigmatique, l’esclave-ange, «le visage de tous les opprimés qui se taisent et qui un jour décident de ne plus être silencieux», confie Valérie Vincent. J’espère qu’ils tenteront d’expliquer, par des moyens nouveaux, qu’il faut faire autrement, voir son prochain partout». Les mots de la fin, justement, reviennent au Malien Mohamed Sidibé, qui évoque la banalité du mal de Hannah Arendt, la multi dimensionnalité de cette pièce. L'étrange destin de M. et Mme Wallace tonne comme une invitation à la rencontre. «Nous ne sommes plus du tout libres de nous-mêmes ni des autres. La pièce pose la question de la condition tragique de l’humanité, avec une perspective. Celle de veiller tous les jours sur ceux qui nous entourent».
Recettes reversées
AFMM
Association francophone pour les malades mentaux
SFB
Société française de bienfaisance de
Beyrouth
ANMONM
Association nationale des membres de l’Ordre national du Mérite
IRAP
Institut de rééducation audio-phonétique
L&E
Association Langages et Expressions
Nayla Rached