Magazine Le Mensuel

Nº 3107 du vendredi 1er novembre 2019

Spectacle

Mafroukeh. Du théâtre au nom de la femme

Marwa Khalil et Wafaa Halawé collaborent dans une comédie sur le divorce au féminin dans une société libanaise patriarcale. A déguster au théâtre Monnot, à partir du 14 novembre prochain.

Les deux autrices avaient déjà travaillé ensemble pour leur pièce Znoud El Sitt qui traitait de la femme au foyer. Cette fois-ci, dans Mafroukeh, leur personnage, Amal, choisit enfin de divorcer. Ce sont des difficultés qu’elle rencontre après avoir pris cette décision qui sont traitées dans la pièce, afin de rendre hommage au courage de toutes ces femmes qu’elles ont rencontrées et qui les ont impressionnées par leurs parcours.

Une décision, plusieurs combats
«Dans une société comme celle du Liban, le divorce est un chemin très chargé, parfois même humiliant pour une femme qui décide de commencer ou de continuer à vivre après le départ de son mari», explique Wafaa Halawé. Durant cette pièce, on suit le personnage principal dans cette délicate aventure mêlant déboires familiaux, sociaux et affectifs. Comment va t-elle trouver sa place désormais dans cette famille? Comment va t-elle se retrouver elle-même? «C’est aussi l’histoire d’une reconstruction identitaire, car sous les yeux du public et des tribunaux, elle se sent épuisée, déchirée, parfois maltraitée et souvent pétrie comme de la mafroukeh (…)», reprend Marwa Khalil, expliquant l’origine du titre de la pièce, «(…) un combat ayant pour finalités la liberté et l’indépendance.»
Bien que le Liban ait la réputation d’être l’un des pays les plus libérés et ses femmes d’être les plus émancipées du Proche-Orient, de nombreuses inégalités par rapport aux hommes subsistent en réalité. «Sous les aspects parfois trompeurs du mode de vie libanais, dans le fond, la femme risque dans beaucoup de situations de voir sa liberté non respectée et elle fait face à différentes formes d’injustices propres à une société non seulement patriarcale mais sectaire», accuse Wafaa Halawé.

Le rire, vecteur de vérité
«Nous essayons de trouver un équilibre: avoir un langage populaire dans une forme poétique et surtout divertissante. L’humour est manière de séduire le public pour mieux faire passer un message», souligne Marwa Khalil. Sans être écrasantes, les deux femmes qui se réjouissent de leur entente artistique par laquelle elles mènent des combats communs, abordent ce sujet lourd avec légèreté. Par le médium de l’art, elles espèrent avoir un réel écho chez les consciences des spectateurs et de tous ceux que Mafroukeh parviendra à atteindre. «C’est ça la force du théâtre, de nous permettre de vivre d’autres histoires, à travers d’autres yeux pour élargir notre perception des autres, et donc du monde. J’espère aussi que ça permettra au-delà d’une compréhension plus profonde, un jugement moins strict et plus doux, une remise en question des normes et que ça aidera à éventuellement changer certaines lois pour balancer l’inégalité encore très présente entre l’homme et la femme», nous confie Wafaa Halawé.

Noémie de Bellaigue

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