La visite au Liban, le 5 février dernier, du ministre saoudien des Affaires du Golfe, Thamer al-Sabhan, a donné lieu à deux lectures contradictoires. La première, résolument optimiste, s'est basée sur les déclarations de l'émissaire du roi Salman, qui a annoncé la prochaine nomination d'un ambassadeur saoudien à Beyrouth et le retour des ressortissants du royaume au pays du Cèdre. Les tenants de cette thèse soutiennent que le Liban ne tirera que des bénéfices du regain d'intérêt saoudien pour le Liban. L'autre lecture est nettement plus alarmiste. Elle estime que le choix de l'émissaire du roi est très significatif, car Thamer al-Sabhan est très impliqué dans la confrontation régionale entre Riyad et Téhéran. Par conséquent, la visite avait plus une portée régionale que bilatérale. Les promoteurs de cette seconde thèse affirment qu'al-Sabhan est en fait venu annoncer aux Libanais le retour à l'ère de la confrontation entre les Etats-Unis et l'Iran. Ces milieux craignent que le Liban ne soit l'une des arènes de cette nouvelle confrontation. Ils mettent sur le compte de ce changement le durcissement de ton enregistré chez le 8 et le 14 mars.
Des Questions inhabituelles
Fait inhabituel, des diplomates occidentaux en poste à Beyrouth ont interrogé des journalistes et des chercheurs sur le niveau des relations entre la Russie et le Hezbollah. Certains de ceux qui ont été questionnés ont établi un lien entre ce regain d'intérêt soudain et la déclaration du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a appelé Washington à reconnaître que «le Hezbollah combat Daech en Syrie».
Des ambassadeurs donneurs de leçon
Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, est très sollicité ces derniers temps par les ambassadeurs, qui se bousculent au siège du ministère, à Sanayé. Naturellement, les questions des diplomates portent sur les élections législatives: auront-elles lieu aux dates prévues? Selon quelle loi? Le président de la République Michel Aoun est-il prêt, comme il l'a dit, à provoquer un vide législatif si une nouvelle loi n'était pas adoptée? Certains ambassadeurs se contentent de collecter des informations pour rédiger leurs rapports. D'autres se transforment en donneurs de leçon et mettent l'accent sur la nécessité de respecter le calendrier électoral, «une des principales exigences dans un système démocratique».
Nouvelle génération de diplomates
Le président de la République, Michel Aoun, a donné ses instructions au ministère des Affaires étrangères pour qu'il prépare un vaste plan de nominations et de permutations diplomatiques. Selon des sources proches du palais de Baabda, la majorité des postes d'ambassadeur seront concernés, y compris ceux des grandes capitales et la représentation du Liban aux Nations unies. La priorité ira à la nouvelle génération de diplomates, et des ambassadeurs hors-cadre seront nommés dans des capitales dites «sensibles».
Les attachés militaires défilent à Yarzé
Les attachés militaires étrangers accrédités au Liban multiplient les va-et-vient au ministère de la Défense, à Yarzé, depuis les opérations antiterroristes spectaculaires menées par les forces spéciales de l'armée libanaise, avec notamment la capture, le 22 septembre dernier, de l'émir de l'Etat islamique à Aïn el-Héloué, Imad Yassine. Selon des sources informées, les diplomates ne cachent pas leur admiration vis-à-vis des performances des services libanais et veulent connaître tous les détails des opérations.