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Nº 3075 du vendredi 3 mars 2017

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Yves Bigot, Directeur Général de TV5 Monde. «Notre chaîne se porte fort bien au Liban»

De passage au Liban, Yves Bigot, directeur général de la chaîne francophone internationale TV5 Monde, dresse un bilan positif de la notoriété de cette chaîne. Ce, malgré les nombreux défis, face à la révolution du numérique, que les chaînes de télévision traditionnelles doivent affronter.

Pensez-vous que la télévision dite traditionnelle peut être affectée d’ici quelques années, comme la presse écrite, par la révolution du numérique?
Nous sommes conscients que la télévision traditionnelle n’existera plus d’ici dix ou quinze ans et qu’il faut absolument que l’on s’adapte et que l'on soit présent dans l’ensemble de cet univers numérique, à la fois en termes de diffusion des programmes et en termes de présence sur les différents supports numériques: Twitter, Facebook, Instagram, qui se multiplieront encore dans deux ans. Concernant la presse écrite, on constate qu’il n’y a pas nécessairement un effet d’exclusion, il y a plutôt un effet de complémentarité, c’est-à-dire que les gens qui lisent la presse écrite de façon traditionnelle continuent de le faire en parallèle à la presse numérique. C’est cela que nous cherchons justement à développer. Notre prochain plan stratégique s’étale sur quatre ans, entre 2017-2020.
 

Quels sont les principaux défis à surmonter pour vous adapter à ces changements?
Il y a deux grands défis qu’il faut combattre, qui ne sont pas contradictoires mais simplement divergents et parallèles. Il faut que l’on puisse, d’une part, obtenir les droits des films de cinéma, des documentaires, des séries télévisées qui, sur le long terme, c’est-à-dire sur plus de 30 jours, de manière à ce que les gens puissent revoir les programmes quand ils le veulent, où ils le veulent et sur le support de leur choix. Sans ces droits, on n’existe pas. Et ce qui peut paraître contradictoire, c’est qu’en revanche dans l’univers du numérique, il faut être présent 24h/24h sur l’actualité. Il faut avoir donc cette réactivité qui permet de capter l’information dès qu’il se passe quelque chose, la donner, la transmettre et l’actualiser le plus rapidement possible, chose qui n’existait pas auparavant avec les bulletins d’informations diffusés à la télévision toutes les deux heures. Ce qui fait qu’aujourd’hui, nous sommes obligés de nous restructurer pour nous adapter et exister dans cet univers de l’immédiat, qu’est le numérique. C’est notre second gros défi.

Quelle est l’audience ciblée?
La nouvelle génération veut tout dans l’immédiateté, via des supports numériques qui donnent accès à toutes les informations de façon très rapide. Mais dans l’absolu, pour nous, ce sont les jeunes et les adultes, en termes de tranches d’âge, qui nous intéressent, parce que forcément nos téléspectateurs de demain sont les jeunes d’aujourd’hui. Et malheureusement, la seconde tranche d’âge est naturellement en voie de disparition. Donc si on n’arrive pas à créer, aujourd’hui, chez les plus jeunes, un intérêt pour TV5 Monde, on ne les retrouvera plus après.

Comment attirer cette nouvelle génération?
Il y a 4 ans, nous avons lancé aux États-Unis une chaîne jeunesse Tivi5 Monde, qui reprend des programmes tels que des dessins animés, des films et des émissions éducatives, pour capter cette nouvelle génération afin qu’elle continue à nous accompagner. Nous l’avons lancée en Afrique en juin dernier. C’est dire que nous mettons tout en œuvre pour fidéliser les jeunes à notre chaîne.

Avec le numérique, comment survivent financièrement les chaînes de télévision?
Comme nous sommes un service public, on peut dire que TV5 Monde vit dans une économie sans revenus autres que les subventions des cinq États actionnaires: la France, le Canada, la Belgique, la Suisse et le Québec. Depuis quelques années, des pays africains participent volontairement au budget de la chaîne à hauteur de
leurs moyens. Nous avons quand même une petite part d’autofinancement liée à la publicité ou aux revenus de distribution et des abonnements.

Au Liban, la plupart des chaînes françaises sont piratées. Cela représente-t-il un problème pour vous?
Comme nous sommes un service public, notre but n’est pas de gagner de l’argent. Ce qui est important pour nous, c’est que nos programmes soient vus par un plus grand nombre de téléspectateurs, quelle que soit la manière. On ne le crie pas trop fort, mais souvent on pense qu’il n’y a rien de mieux pour faire connaître une chaîne et qu’elle puisse bien se développer que le piratage, parce que l’accès est plus facile et les gens la regardent. Évidemment nous sommes désolés pour les distributeurs, mais d’une certaine façon, ce sont eux qui souffrent du piratage, ce n’est pas nous.

Selon une étude menée en novembre 2016, dans le cadre du Salon du livre de Beyrouth, TV5 Monde surpasse les autres chaînes françaises. Qu'en est-il?
Les résultats de cette étude ont montré que la notoriété de TV5, pour le public francophone libanais, est de 90%, alors que TF1 se situe à 87%, France2, 53%, M6, 51% et France 24, 43%. Et quand on examine l’audience de notre chaîne, d’après les personnes sondées, TV5 arrive en premier, suivie de TF1, puis M6, France 2, Euronews et finalement France 24, en 6ème position. En termes de programmes français les plus vus, ce sont les infos qui raflent la première place, avec 65% des sondés, puis les films et enfin les documentaires. C’est un trio que l’on retrouve systématiquement dans les mesures d’audience mondiale. L’ordre peut différer, mais ce sont ces trois programmes qui composent la part de l’audience la plus importante sur TV5. Concernant l’étude plus générale menée en 2015 au Liban sur 90% de la totalité de la population libanaise francophone, la notoriété de TV5 Monde était de 40% et la proportion de femmes qui regardaient TV5 Monde était de 58%. Ce qui nous mettait devant toutes les autres chaînes françaises. TV5 Monde se porte bien au Liban. Elle résiste dans tous les cas.

En chiffres
1973
Le Tropézien débarque à Paris, où il débute pour la radio Europe 1, qu'il ne quittera qu'en 1990.

64
A TV5 Monde, il imprime sa marque en lançant le journal quotidien maison 64 minutes.

2006
Il est décoré Chevalier des Arts et des Lettres.

Lamia Sfeir Darouni

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