Le 30 avril, c’est la Journée internationale du Jazz, proclamée par l’Unesco sur l’instigation de Herbie Hancock. A cette occasion, Magazine fait la tournée de l’actualité locale, au cœur du jazz.
Au Liban, les festivités auront lieu dans le cadre du Beirut International Jazz Day, organisé par l’ONG Lebanese cultural and artistic festivals association dans plusieurs endroits de la ville et du territoire. A l’heure de mettre sous presse, l’association s’activait encore à étaler cette fête sur plus d’un jour.
Il s’agit là d’un des nombreux événements qui auront lieu à cette occasion, même s’il manque au tableau la 4e édition du festival Beirut Speaks Jazz, créé en 2014 par Tarek Yamani, qui la célèbrera au cœur d’un «événement important» qu’il préfère taire pour le moment. Rappelons qu’il avait pris part en 2012 à la première célébration de cette Journée dans le quartier général des Nations Unies à New York, aux côtés de Wayne Shorter, Richard Bona, Zakir Hussein et Vinnie Colaiuta.
Les amateurs de jazz ont, entre-temps, une autre occasion de se réjouir avec la sortie du 3e album du jazzman libanais, sur le label Edict Records. Après Ashur et Lisan al-Tarab voilà Peninsular, créé dans un «esprit similaire mais en même temps différent». Après s’être inspiré de la musique classique arabe du Levant, il se tourne cette fois vers la musique du Golfe, ou la musique Khalijé, qui «se distingue de la première en raison de son rythme qui a des origines africaines. Cette essence africaine est le facteur commun le plus important entre le jazz, c’est-à-dire la musique américaine noire, et le Khalijé», explique Tarek Yamani qui s’entoure sur cet album, d’Elie Afif (basse acoustique), Khaled Yassine (batterie), Wahid Moubarak et Ahmad Abdel Rahim (percussions khalijé) et Adil Abdallah (chant).
Autre sortie remarquée dans les bacs libanais du jazz, le premier album de Donna Khalifé Quintet, Heavy Dance, qui privilégie l’improvisation et à l’ouverture, l’essence même du jazz. «Que faut-il pour avoir une scène jazz au Liban, se demande la compositrice, interprète et contrebassiste libanaise. Combien de musiciens, combien de «venues»? Il y a une scène jazz très restreinte, qui tourne dans le même système. Le milieu jazz ici manque un peu d’ouverture, il reste esclave d’une époque. Si on veut être un bon jazzman, certes il faut passer par tous les courants qui ont été avant, surtout le Bebop, mais on ne peut pas s’arrêter là, il faut aussi savoir en sortir. Qu’est-ce que le jazz ? Chaque dix ans c’était quelque chose. C’est un langage tellement vaste, qu’aujourd’hui, à mon sens, c’est la seule musique qui peut englober plein d’autres, car elle est rythmiquement et harmoniquement très riche». Vous avez dit jazz?
Nayla Rached