Magazine Le Mensuel

Nº 3078 du vendredi 2 juin 2017

Start up

MAD fait décoller les artistes émergents sur le Net

MAD est une plateforme qui permet aux jeunes artistes de trouver des sources de financement et un public. Rencontre avec Rima Yacoub, 30 ans, une des fondatrices du projet.

Comment est née l’idée de MAD?
Il y a trois ans, ma sœur et moi nous sommes rendu compte d’un problème majeur dans l’industrie de l’art: il existe un vivier de talents au Liban, comme ailleurs, mais qui n’ont pas les moyens de financer leurs projets. Nous avons voulu créer une plateforme où ces jeunes artistes pourraient trouver à la fois financement et public. C’est ainsi que nous avons lancé MAD (Musique, art, design) en 2016, qui a pour but de faire émerger les jeunes artistes online.
Pour cela, nous proposons au public la découverte d’un répertoire d’artistes que nous avons sélectionné. Ces talents peuvent directement vendre leurs œuvres sur notre site tout en levant des fonds via du crowdfunding ou du sponsoring de la part des marques.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant qu’entrepreneur au Liban?
Le fait de ne rien pouvoir planifier à l’avance est un vrai challenge. Nous sommes obligées de prendre nos décisions au jour le jour à cause des conditions politiques, sécuritaires et économiques. Le retard technologique du pays constitue aussi un défi. Ce n’est pas seulement la mauvaise connexion Internet qui rend difficile le travail avec l’étranger (notamment les vidéos conférences) mais aussi les procédures administratives. Dans beaucoup de pays, elles se font désormais en ligne alors qu’ici, elles nécessitent encore que nous nous déplacions et cela fait perdre du temps!

Quelle est la force d’un entrepreneur libanais ?
Toutes les difficultés que je viens de citer sont aussi une force. Etre entrepreneur au Liban est extrêmement formateur. Pour un Libanais, l’entrepreneuriat, c’est même un réflexe. On manque tellement de tout qu’on est obligé de tout créer nous-mêmes. C’est sans doute une des raisons qui expliquent que les Libanais réussissent si bien à l’étranger. Nous sommes habitués à ne rien attendre donc quand nous voyageons, nous continuons de créer mais avec les infrastructures adéquates, les aides et la stabilité d’un pays normal. Et naturellement, nous décollons.

Soraya Hamdan

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