Le 4e long métrage de fiction cinématographique de Ziad Doueiri, L’Insulte, sortira dans les salles obscures, au Liban, à la mi-septembre. Au générique, Adel Karam, Kamel el-Bacha, Camille Salamé, Diamand Abou Abboud, Rita Hayek, Talal el-Jurdi, Christine Choueiri et Julia Kassar.
Après West Beyrouth, Lila dit ça et L’attentat, l’ancien assistant caméraman de Reservoir Dogs, Pulp Fiction et Jackie Brown exprime son regard sur la société libanaise à travers une histoire. Beyrouth, de nos jours, une insulte dégénère en affaire d’Etat. Toni, chrétien libanais, arrose les plantes sur son balcon. De l’eau éclabousse accidentellement la tête de Yasser, palestinien et contremaître du chantier attenant. Une violente dispute éclate. Yasser, excédé, insulte Toni. Blessé dans sa dignité, ce dernier décide de l’attaquer en justice. S’ouvre alors un long procès, où le contentieux devant les tribunaux prend une dimension nationale, et au cours duquel Palestiniens et chrétiens libanais s’affrontent… De blessures secrètes en révélations, l’affrontement des avocats porte le Liban au bord de l’explosion sociale, mais oblige ces deux hommes à se regarder en face.
A l’origine du film
Pourquoi ce thème? «Je n’ai pas délibérément voulu choisir ce sujet. J’ai vécu un petit incident, il y a quelques années, qui m’a fait beaucoup réfléchir. Je m’en suis inspiré pour écrire une histoire avec Joëlle Touma. Dans mon film, je pose des questions aux niveaux artistique et dramatique et non pas aux niveaux politique et social. Mais il va sans dire que les aspects politique et social se mêlent à la dimension dramatique. L’histoire du film n’est pas étrangère à notre société, car notre passé a, sans doute, laissé des traces profondes», explique M. Doueiri. Pour le cinéaste, le plus important est que les personnages font face à des obstacles et des défis internes et externes très grands qu’ils doivent surmonter. Ainsi, ils dévoilent une réalité plus profonde. Que pense-t-il de la réaction des spectateurs? «Ce qui m’importe, c’est que les gens regardent le film, et je ne vois aucun problème s’il encouragera le débat. Les spectateurs ont le droit de l’aimer ou pas. Certains l’apprécieront, d’autres le critiqueront ou poseront des questions. C’est une partie de la responsabilité du réalisateur, et il doit accepter tous les avis et y être prêt. Le film ne pose pas une affaire réglée d’avance, mais pousse à la réflexion».
Une carrière commencée aux états-Unis
Ziad Doueiri grandit à Beyrouth pendant la Guerre civile. Il fait ses études aux Etats-Unis, où il obtient un diplôme en Cinéma de la San Diego State University. Il travaille ensuite en tant qu’assistant opérateur et cadreur à Los Angeles. En 1998, il écrit et réalise son premier long métrage, West Beirut, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes et primé dans plusieurs festivals internationaux. En 2004, il réalise Lila dit ça et, en 2012, L’attentat (festivals de Telluride, Toronto, San Sebastian et Marrakech). L’insulte (2017), son dernier long métrage, est en compétition à la 74e édition de la Mostra de Venise. Il a également réalisé, en 2016, la saison I de la série Baron Noir pour Canal + (avec Kad Merad et Niels Arestrup) et tourne actuellement la saison II.
Christiane Tager Deslandes