Magazine Le Mensuel

Nº 3084 du vendredi 1er décembre 2017

Cinéma en Salles

Ensemble pour l’éducation

L'Institut Français du Liban a accueilli Safy Nebbou et Ibrahim Maalouf, dans le cadre de la projection de son dernier film, Les forêts de Sibérie, qui a eu lieu le 1er décembre au cinéma Montaigne. Il a aussi présenté son documentaire sur l’éducation au Mali et au Liban. Entretien.

Vous êtes comédien et metteur en scène de théâtre, vous avez réalisé des courts-métrages, longs-métrages et votre premier documentaire Ensemble c’est possible. Peut-on tout faire quand on réalise?
Si on le désire et s’il y a nécessité oui. On peut faire de la publicité, du documentaire, du cinéma, de la télé, des séries… Bien sûr, cela demande de l’adaptation, chaque format a ses règles. On n’aborde pas ces thèmes de la même manière, il y a toujours des règles qui s’imposent mais in fine, l’idée est de raconter une histoire. Dans le cas de mon documentaire, il donne un point de vue sur une réalité.

Les Forêts de Sibérie était un pari risqué… Adapter sur grand écran l’histoire d’un homme qui vit seul dans une cabane, il y avait un risque d’ennui du spectateur… Comment vous y êtes-vous pris?
Au départ, il y a un livre de Sylvain Tesson dans lequel il relate jour par jour ce qu’il vit aux bords du lac Baïkal. Au-delà de cet essai, il y a une démarche sociétale, celle de se couper du monde moderne pour passer à celui des choses simples de la nature. Quand j’en ai parlé à Sylvain Tesson nous nous sommes demandés comment créer de la narration à partir d’un livre afin que le spectateur ne soit pas que contemplatif? Nous avons eu envie d’imaginer une histoire dans l’histoire, cet homme qui part vivre l’expérience de la solitude et rencontre un Russe en cavale caché dans la forêt sibérienne. Il y a donc une véritable narration, je dirais même du romanesque. Nous sommes finalement dans une action permanente.

Votre 1er documentaire montre la vie quotidienne de deux centres d’éducation au Mali et au Liban. D’où vous est venue l’idée?
Je ne connaissais pas ou peu le Liban. C’est l’association Solidarité laïque qui m’a parlé du centre de Saïda la première fois. Cela tombait bien car je devais à l’époque rencontrer Ibrahim Maalouf pour la musique de Dans les forêts de Sibérie. J’ai été séduit très vite. Puis j’y suis retourné plusieurs fois pour faire des repérages et le projet est né.   

Qu’avez-vous voulu y montrer?
A l’idée de faire un documentaire autour de l’éducation dans le monde, j’ai eu peur de ce dont cela pouvait faire l’objet, à savoir ne parler que de chiffres et de statistiques. Je me suis dit qu’il ne fallait pas réfléchir comme ça, qu’il fallait travailler sur ce projet comme dans le cinéma, traiter de la dimension humaine, hommes, femmes et narration. Surtout, ne pas être culpabilisant vis-à-vis des spectateurs. J’ai souhaité parler de la dimension vivante, joyeuse, essayer malgré tout de montrer à quel point l’engagement de ces personnes est communicatif.

Qu’en est-il de votre collaboration avec Ibrahim Maalouf?
Je l’ai rencontré au début du processus du film. La rencontre a été simple, évidente. J’ai très vite eu envie qu’on travaille ensemble. Ibrahim Maalouf a une particularité, il n’est pas que compositeur de films, il est aussi interprète. Il travaille pour de l’instrumental et des chanteurs, il est atypique. J’ai trouvé que c’était intéressant de confronter ces univers.

Marguerite Silve Paris

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