Magazine Le Mensuel

Nº 3087 du vendredi 2 mars 2018

general Média

Ghada Eid. Du petit écran au Parlement?

Ghada Eid ne cherche pas à se faire aimer mais à être respectée. Après de longues années à la NTV, où la lutte contre la corruption devient son cheval de bataille, la journaliste présente depuis deux ans Elem w khabar sur la MTV. Elle annonce en avant-première sa candidature aux législatives.

«Plus je m’éloigne du milieu politique, plus je conserve mon indépendance et je reste objective», confie Ghada Eid. L'animatrice de télévision refuse d’être amie avec le milieu politique et a choisi, en revanche, de se rapprocher des gens. Très jalouse de son intimité, elle accepte peu d’invitations et ne se comporte pas comme une figure publique.
Originaire de Zahlé, Ghada Eid écrivait dès l’âge de 13 ans dans Zahlé al-fatat. «J’ai vécu dans un milieu protégé, où la pauvreté n’existait pas. Au début, je composais des poèmes sur la nature mais le jour où j’ai vu une vieille mendiante dans la rue cela m’a marquée. Je me suis approchée d’elle et j’ai engagé la conversation. Depuis ce jour, j’ai commencé à écrire sur les souffrances des gens et à me sentir concernée par tout ce qui les frappe».
Ambitieuse, révoltée, des projets pleins la tête, elle se rend à Beyrouth où elle étudie et travaille en même temps. «Je rédigeais des articles et menais des enquêtes à caractère social pour plusieurs quotidiens dont al-Anwar, al-Hawadess, al-Bayrak. «L’accès à l’information était difficile. Je passais des heures à faire des recherches dans les archives du Safir». Elle tient la page Nida’ al nass dans le quotidien Nida’ al Watan jusqu’à la fermeture du journal. Ghada Eid reprend alors le chemin de l’université et obtient un Master en information.

La presse juridique
«Par la suite, je me suis tournée vers la presse juridique. J’ai entamé des études de Droit car je voulais me concentrer sur les dossiers à caractère juridique et je me suis spécialisée en Droit administratif». De cette période, Ghada Eid se souvient de journées où elle restait jusque tard dans la nuit au Palais de Justice, à écrire des correspondances judiciaires pour plusieurs quotidiens. «C’était une époque très active sur le plan judiciaire avec le procès de Samir Geagea, les incidents de Denniyé. «Nous étions un groupe de journalistes qui avait la responsabilité de transmettre l’information. C’est une étape qui m’a donné beaucoup de force. Je travaillais avec énergie et je gagnais ma vie honnêtement. Je voulais faire quelque chose pour être indépendante. J’ai acheté des biens immobiliers à crédit. Contrairement à ce que les gens disent, le métier de journaliste m’a donné une satisfaction financière et m’a permis de me développer continuellement».
Dans la presse juridique, Ghada Eid se fait un nom et devient une référence. En 2002, elle fait ses débuts à la NTV. «Au départ, je me rendais aux locaux de la chaîne à 5h du matin pour préparer le journal de 7h. Par la suite, en 2005, est née l’idée du programme al-Fassad».
La journaliste estime avoir dépassé le cadre confessionnel et politique, en se plaçant aux côtés des gens, prenant à cœur leurs problèmes et leurs souffrances. «A la NTV, je n’avais pas de plafond. Je laissais éclater ma colère et la révolte qui étaient en moi». Son plateau étant ouvert à tous les bords. Ghada Eid subit de fortes pressions. Un mandat d’arrêt, qui finit par être retiré, est même émis contre elle.
En 2016, elle traverse une période de déception. «A partir de 2014-2015, la NTV commençait à régresser. Je la voyais péricliter, devenir comme les autres, soucieuse de l’audimat. Les employés venaient se plaindre auprès de moi de la manière dont ils étaient traités. Le choc fut la découverte du contrat fait de gré à gré entre la compagnie de Tahsin Khayat, Middle East Power et l’EDL pour la maintenance des centrales électriques de Zouk et Jiyyé pour un montant de 130 millions d’euros. J’ai été choquée par cette nouvelle. Je ne pouvais plus, alors que je dénonce la corruption, continuer dans une station avec qui je ne partageais plus les mêmes valeurs». Elle décide alors de partir et d’accepter la proposition de la MTV, où elle présente l’émission Elem w Khabar.
Les limites du respect. Entre le courage et l’effronterie il y a un fil que le journaliste ne doit pas dépasser. «Il faut toujours rester dans les limites du respect. On peut affronter les gens avec des documents à l’appui et non pas les attaquer sur le plan personnel». La journaliste, qui a aussi à son actif le scénario du programme Les coulisses de la ville ainsi que trois autres livres portant sur les déchets, le cellulaire et la corruption de la justice, ajoute une nouvelle corde à son arc. Ghada Eid a en effet décidé de pousuivre son combat sous une autre forme en se présentant aux élections législatives dans la circonscription du Chouf-Aley sur les listes du parti Sabaa (7). «Ils m’ont proposé de me joindre à eux. Jusqu’à présent, ils ont bonne réputation et leurs principes correspondent à mes convictions». Son souhait est que son éventuelle victoire soit celle de la société civile.

Joëlle Seif

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