Sensio air est une application utile pour les asthmatiques. Elle permet de traquer les allergènes locaux ainsi que le taux de pollution. Par Micheline Abukhater
Les utilisateurs peuvent vérifier le rapport journalier de pollution et d’allergènes à Beyrouth mais aussi dans 320 autres villes du monde. L’application mesure ces indicateurs en temps réel. Les intéressés peuvent y ajouter leurs symptômes allergiques quotidiens, comme le nez qui coule, les yeux larmoyants, le nez bouché, les douleurs à la cage thoracique, etc. afin de déceler quel allergène ou polluant les a déclenchés. Sensio air prodigue également des conseils quotidiens pour s’exposer le moins à ces facteurs.
Les créateurs de l’app’, Eve et Cyrille Najjar, qui n’en sont pas à leur première start-up (White sur White et White Lab), sont tous deux asthmatiques allergiques. Quand ils ont réalisé que tout le système de soins tournait autour de la prise de médicaments, ils ont compris que le meilleur remède était la prévention. «Prendre des médicaments a des effets secondaires nocifs. Plus on en prend, plus les défenses immunitaires sont à la baisse. C’est un cercle vicieux que l’on devrait éviter si possible. C’est très difficile à gérer», commence Cyrille Najjar professeur à Cambridge et créateur industriel. «Quand en 2015, on a décidé de fonder cette start-up, on voulait améliorer l’état général des allergiques asthmatiques en essayant de comprendre ce qui augmentait les risques d’allergies. Sensio air est un capteur qui enregistre les symptômes et le taux de pollution et d’allergènes à toute heure de la journée. Au bout de quelques connexions, il y a une corrélation qui se crée. C’est une aide précieuse au diagnostic du médecin qui devient plus précis et plus complet. Ce service permet aux médecins d’examiner l’historique médical de manière précise surtout si le patient utilise l’application de manière régulière», continue Cyrille. Eve Najjar ajoute que «chaque patient est sensible à quelques allergènes en particulier et à des niveaux très spécifiques.
Sensio Air personnalise le diagnostic en essayant de comprendre statistiquement quels sont les seuils auxquels réagit chaque personne asthmatique. Cela évite la prise automatique de médicaments. Le capteur, plus sophistiqué qu’un capteur traditionnel différencie chaque particule».
Un outil de prévention
«On est obligé de vivre avec l’asthme et l’allergie, alors mieux vaut prévenir que guérir. Comprendre ceci est important car cela permet de prévenir les crises d’asthme bien difficiles à vivre parfois», précise Eve, diplômée en toxicologie, environnement et santé et qui a fait sa thèse en neurosciences. Cyrille explique qu’il s’est avéré que ce sont les activités humaines qui engendraient les plus hauts taux de pollution comme le tabac, le narguilé, les gaz dégagés par les voitures, par exemple.
Les bureaux de Sensio Air se trouvent au centre-ville. Douze personnes travaillent à temps complet au Liban, 23 dans le monde entre les Etats-Unis et l’Angleterre. Sensio Air fait appel à des avocats dans chaque pays pour mettre au point les brevets, les marques déposées et les accords de confidentialité. Ils travaillent avec des médecins du NHS, l’équivalent de la sécurité sociale, en Angleterre sur une étude qui prouverait que l’utilisation régulière du capteur peut améliorer à long terme l’état général des patients.
Micheline Abukhater