Depuis quelques années, les super aliments envahissent les rayons des magasins bio, tandis que leurs supposées vertus foisonnent dans les médias et réseaux sociaux. Qu’en est-il vraiment?
Il ne se passe presque plus une semaine sans que les magazines ne révèlent l’existence d’un nouveau super aliment aux vertus extraordinaires, sinon miraculeuses. Dans le rayon des «superfoods», on trouve des fruits, des légumes, des baies, des algues ou encore des plantes dont les bienfaits seraient supérieurs aux autres aliments plus classiques. Selon le Oxford English Dictionary, il s’agirait d’un «aliment riche en nutriments considéré comme particulièrement bénéfique en termes de santé et de bien-être». Parmi les fruits estampillés comme tels, figurent les baies de Goji, la myrtille, la canneberge, la baie d’açaï, le camu-camu, entre autres, tandis qu’au rayon légumes, le chou kale, le reishi, etc. tiennent le haut du pavé. Les graines de lin, de chia, ou de courge apparaissent également comme les stars des superfoods, au même titre que les algues comme la spiruline, le klamath ou le chlorelle, tandis que le rayon des épices se voit dominé par le curcuma ou le gingembre. Côté plantes, on ne jure plus ces derniers temps que par les feuilles de moringa.
Bienfait ou argument marketing? Les super aliments pullulent tellement que l’on a même du mal à suivre la cadence et surtout à savoir si leurs bienfaits sont réels. A lire certains articles et blogs consacrés au bien-être et à l’alimentation saine, leurs valeurs nutritives et leurs qualités protectrices contre certaines maladies seraient exceptionnelles. Certaines études menées par les scientifiques confortent la théorie des bienfaits de ces super aliments. Avec un petit bémol. Les aliments sont analysés au sein de laboratoires et la plupart des expériences sont menées sur des cobayes comme des rats, ou lors de tests in vitro sur des lots de cellules humaines. Difficile dans ce cas d’être trop affirmatif quant à la véracité de telle ou telle vertu pour ces ingrédients, au grand dam des industriels de l’agroalimentaire qui surfent sur la tendance du «healthy» en vantant la composition de leurs produits. Le fait est qu’aucun super aliment n’a jusqu’à présent fait l’unanimité autour de ses capacités de guérison. Le Dr Richard Béliveau, professeur et chercheur en prévention et traitement du cancer à l’université du Québec, souligne dans le magazine Top Santé que le terme de super aliment «ne renvoie à aucune réalité scientifique». Le Dr Frédéric Saldmann, cardiologue et nutritionniste, rappelle qu’«aucun aliment ne réunit à lui seul tous les nutriments dont on a besoin; c’est une série d’aliments qui va constituer une super-alimentation, non un seul». Soit «les antioxydants, qui se trouvent dans de nombreux produits, mais aussi les oméga 3, les fibres et les vitamines», rappelle-t-il. L’essentiel est donc surtout de maintenir une alimentation variée et équilibrée.
Jenny Saleh