Magazine Le Mensuel

Nº 3100 du vendredi 5 avril 2019

Point final

La photographie, entre art et business

Le Liban est un pays de photographes! Une déclaration de Dimitri Beck, dans son intervention en direct de Beirut Art Fair, pour Polka magazine. Récemment, un nouveau Centre pour l’image a vu le jour à Beyrouth, deux ans après la création d’un autre centre de photographie. Aujourd’hui, une pléthore de maisons de la photographie existe au pays du cèdre.
La première avait été la Fondation arabe pour l’Image, créée en 1997, sept ans après la fin de la guerre civile. Cette fondation avait été conçue en 1993, dans le contexte de la visite au Liban des membres de la direction du musée de l’Élysée, venus accompagner mon exposition Les Enfants la guerre et mon premier ouvrage. Le but était de mettre en place un espace pour exposer et promouvoir cet art contemporain.
Au tout début de ma carrière dans ce domaine en 1985, je connaissais quelques photographes libanais, dont Anwar Amro et Nabil Ismail. Plus tard, j’ai entendu parler de Fouad El-Khoury par une amie lors de ma dernière année d’études de photographie d’art en 1988. Ma rencontre avec Ramzi Haydar et Patrick Baz s’est faite en 1996, après le massacre de Qana. Plus tard, j’ai connu presque tous les photographes libanais, notamment Roger Moukarzel grâce à un projet collectif, la Biennale Souar en 1999. Ce projet avait été élaboré avec l’Agenda culturel, mais, faute de moyens, il n’a jamais pu voir le jour.
Dans un article publié sur un site web dédié à l’art contemporain en France, une journaliste d’allure mai 68 s’étonne de l’envol des prix des œuvres photographiques. A ses yeux, des collectionneurs paient des fortunes pour acquérir des tirages photographiques.
Actuellement, des tirages photographiques se vendent à des millions de dollars. Notamment, le prix record d’un tirage du photographe allemand encore en vie Andreas Gursky. Sa photo s’est vendue aux enchères à plusieurs millions de dollars. Mais rassurez-vous, le photographe n’a pas touché cette somme colossale. L’argent s’est retrouvé surtout dans les poches du collectionneur qui a mis en vente cette œuvre; il a dû payer des commissions à la maison des ventes et aux autres intermédiaires. Bien sûr, la côte de l’artiste a été bien propulsée à la suite de cette vente.
Dans une interview, un grand curateur international très influent, proche des grands collectionneurs et consultants auprès de la maison de vente aux enchères responsable de ce prix record, nous explique que cet artiste vend ses tirages photographiques de très grand format à ce prix exorbitant parce qu’il conçoit ses images avec beaucoup de passion et d’attention aux détails et parfois combine plusieurs images et les produit avec beaucoup d’affection… Nous ne pouvons que le féliciter de nous expliquer le fonctionnement des robinets d’eau froide et d’eau chaude. Il poursuit en insistant sur le fait que ces images exceptionnelles sont essentielles pour l’existence des êtres humains!
Selon les connaisseurs des ventes aux enchères, les transactions qui s’effectuent à ce niveau représentent souvent des combines spéculatives.
Au final, il nous faut rester zen et essayer de garder au maximum d’intégrité. Cela n’est vraiment pas simple à réaliser. Mais la conviction est un trésor impérissable.

Samer Mohdad
Photographe, artiste visuel, auteur de Voyage en pays druze (éd. Erick Bonnier)

 

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