Un havre de paix. Le Domaine du Rocher, Centre de réhabilitation et de gériatrie, porte bien son nom. Visite guidée des lieux.
Nichée dans la montagne de Daroun, entre Bkerké et Harissa, entourée d’une forêt et de pins, se dresse une bâtisse de 5 étages, accessible par une route privée. Cela aurait pu être un hôtel de luxe, mais le propriétaire des lieux, Gustave Fayard alias Ghassan Fayad, a choisi d’offrir cette ambiance à ceux qui en ont réellement besoin. Sur une superficie de 2 500 m2, 24 suites offrent une vue imprenable sur la baie de Jounié et les montagnes alentours. Gustave Fayard a relevé le défi de créer sous un même toit un centre de réhabilitation pour jeunes toxicomanes et un centre de gériatrie pour personnes du 3ème âge. «Nous avons déjà tenté cette expérience avec 6 personnes et les résultats ont été très positifs.
Normes européennes. Doté d’appareils d’appoints, avec des services et des soins médicaux assurés 24h/24h, les suites ont été conçues selon les normes européennes les plus avancées. Les fenêtres disposent d’une ouverture sécurisée de 12 cm. Les murs comportent un papier peint antibactérien et le sol est en vinyle. Les salles de bain sont aménagées de manière à permettre une rotation de 360 degrés des chaises roulantes et le sol est antidérapant au cas où une personne s’y trouve pieds nus. Les lits sont indiqués pour les personnes en réhabilitation ainsi que pour les personnes âgées et celles souffrant d’Alzheimer. «Ils permettent aux résidents de s’asseoir tout en restant dans leur lit. Chaque chambre est dotée de deux caméras. Une première, reliée à un écran, permet d’avoir des conversations via Skype avec les familles qui se trouvent souvent en dehors du pays. Une deuxième caméra de surveillance est reliée d’une part au bureau des infirmières et d’autre part à une application mobile permettant aux familles de suivre ce qui se passe dans la chambre 24h/24h. En outre, chaque suite est dotée d’un mini bar et dispose de suffisamment d’espace pour être personnalisée».
Protocoles plus courts. Alors que les autres établissements offrent des programmes répartis sur 18 mois, au cours desquels les toxicomanes sont coupés du monde, ce qui est trop long pour des jeunes qui étudient ou travaillent, le Domaine du Rocher, centre privé, offre des protocoles similaires à ceux que proposent les Suisses et les Anglais, durant entre 13 et 18 semaines, au tiers des tarifs pratiqués en Suisse.
La séparation entre la partie réservée aux personnes du 3ème âge et celle des jeunes toxicomanes est conçue de manière très subtile, par les marches d’un escalier. Si la presque totalité des chambres dispose d’une vue sur la mer, quelques suites bénéficient d’un jardin privé. «Nous avons fait exprès de laisser celui-ci à l’état naturel pour permettre à son occupant de le planter et de l’aménager à sa guise. Les psychiatres ont estimé que les couleurs, la vue et l’architecture des lieux représentaient 25% du traitement», souligne M. Fayard.
Une salle polyvalente, avec accès au jardin, fait office de salle à manger commune, de salle d’exercices ou de lieu pour jouer aux cartes ou regarder la télévision. Aucune trace de chaise roulante, par contre des fauteuils en cuir mobiles servent aussi bien à déplacer les résidents que pour leur permettre de s’allonger devant les baies vitrées pour profiter de la vue. «Notre souci est de préserver la dignité des résidents», confie le propriétaire. Tous les dimanches, la terrasse accueille un buffet pour réunir les familles à déjeuner.
Joëlle Seif