Avec une double dimension écologique et sociale, cette marque de sacs réutilisables facilite le quotidien et favorise l’économie circulaire.
Lorsque Stéphanie Rizk revient vivre au Liban lors de son adolescence pour une durée provisoire, elle décide de rester et s’oriente vers l’hôtellerie de luxe durant 11 ans. Dès son enfance, on lui transmet une conscience environnementale qui guidera son mode de vie d’adulte et orientera son avenir d’activiste. Alors que son engagement écologiste évolue, elle réalise que le milieu hôtelier ne lui correspond plus. Elle quitte l’hôtellerie pour réfléchir à la façon dont elle pourrait s’investir pleinement dans la cause environnementale. En intégrant Greenpeace comme bénévole, elle s’initie à la gestion de projets ainsi qu’à tous les aspects liés à l’écologie. Lors d’une campagne naît l’idée de proposer des sacs en tissu réutilisables pour palier l’omniprésence des sacs plastiques et leur effet catastrophique sur l’environnement.
Combattre le plastique
Le déclic d’amplifier ce projet ponctuel est venue lorsque Stéphanie faisait ses courses dans le supermarché de son quartier. Alors que le directeur la complimente sur son sac, elle lui explique que l’utilisation abusive du plastique lui coûte cher. Réalisant que personne ne trouvait son compte en cette mauvaise habitude, la jeune femme comprend qu’il est temps de porter plus loin et plus largement le projet nommé «Tote 3a Beirut» pour en faire sa propre marque. À l’époque, le concept des sacs réutilisables pour les courses ou à porter en sac à main est méconnu au Liban. L’une de ses collègues, enthousiasmée par cette idée innovante, lui propose de les peindre. Elles testent les sacs à la fin de l’année 2017 en participant à un marché de Noël où l’intelligence du projet se voit confirmée.
En autodidacte, Stéphanie s’initie à la couture à l’aide de tutoriels. Le succès est tel qu’assurer la fabrication elle-même ne suffit plus. «Tote 3a Beirut» part à la recherche de personnes sachant coudre – parents, grands-parents – et souhaitant participer à la conception des tote bags. Cette initiative permet aussi de contrer la solitude à laquelle sont confrontés de nombreux individus.
Après une enquête environnementale de fond sur le marché du vêtement – et d’alarmants constats, la griffe décide de travailler avec des matières premières locales pour contrer la pollution liée au transport et propose deux sortes de tissus: récupérés et recyclés en sac, ou neufs labellisés écologiques. Le dessin peut être choisi sur-mesure et pour promouvoir le design libanais, des collaborations avec des artistes locaux aux univers variés comme celui du graffiti, sont réalisées. De qualité, originaux et célébrant la culture levantine, ces sacs à prix très abordables incarnent un mode de consommation intelligente: engagé et rentable.
NOéMIE DE BELLAIGUE