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Nº 3045 du vendredi 18 mars 2016

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HORIZONS

Crise des réfugiés. La dimension sécuritaire sous la loupe européenne

La crise des réfugiés syriens revient en force sur la scène internationale à l’occasion de la réunion des ministres de la Défense de l’Union européenne, qui se tiendra fin mars et à laquelle participera le ministre libanais de la Défense, Samir Mokbel. Après avoir été approché sous l’angle politique, cette fois ce dossier sera traité sous l’aspect sécuritaire.
 

A l’ombre de la crise avec l’Arabie saoudite, le danger du dossier des réfugiés s’impose de nouveau. Alors que la question des réfugiés risque de tomber dans la routine et de se transformer en quotidien de la vie politique, il existe des craintes réelles qu’elle ne soit pas traitée comme une affaire cruciale et qu’on ne lui accorde pas l’attention dont elle devrait faire l’objet.
Des sources sécuritaires confirment que les zones où sont situés les camps des réfugiés sont soumises à un contrôle sécuritaire régulier, très strict. Dans des régions sensibles telles que le Liban-Sud, la banlieue sud de Beyrouth, la Békaa et le Mont-Liban, les services de renseignements militaires et les autres services de sécurité effectuent régulièrement des descentes et établissent des listes des noms des réfugiés installés dans ces camps. Les chiffres montrent une augmentation effrayante du nombre d’arrestations effectuées dans ces milieux. Tout cela indique la gravité de ce qui se passe dans certains rassemblements au niveau de l’enrôlement de Syriens dans le cadre de la préparation à des actes terroristes.
Des localités du Liban-Nord et de la Békaa, tel le camp des réfugiés de Ersal, suscitent beaucoup d’inquiétudes à leur tour. Elles pourraient, en effet, devenir un prolongement à tout incident sécuritaire susceptible d’être exploité afin de déstabiliser la scène intérieure s’il existe une volonté de provoquer des tensions pour faire voler en éclats la stabilité sécuritaire.

 

Données inquiétantes
Le danger de cette affaire réside dans son timing à l’heure où le Liban accueille plus d’un million et demi de réfugiés syriens, répartis sur l’ensemble de son territoire. Leur présence pourrait être utilisée dans des frictions qui seraient inscrites dans le cadre du bras de fer régional et sous le titre traditionnel de l’opposition à l’intervention du Hezbollah en Syrie. Les récentes évolutions dans la relation avec l’Arabie saoudite ainsi que l’inscription, par les pays du Golfe et la Ligue arabe, du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes augmenteront considérablement le danger de certaines organisations syriennes au Liban.  
Vu les divisions politiques qui menacent le gouvernement, l’activité diplomatique se concentre actuellement sur le moyen de préserver le Liban. Les inquiétudes occidentales concernant la stabilité du pays partent d’un ensemble d’informations et de données, qui ont été remises aux autorités libanaises et qui portent sur la situation des réfugiés, syriens et palestiniens, qui représentent une véritable bombe à retardement.
Des rapports établis par des membres de la communauté internationale et des organismes donateurs révèlent qu’il existe au Liban 1 942 camps de réfugiés non officiels. Les réfugiés palestiniens au pays du Cèdre font face à plusieurs défis depuis qu’ils accueillent un grand nombre de Palestiniens qui ont fui la Syrie.
Les rassemblements palestiniens non officiels, qui existent en dehors du cadre des treize camps de réfugiés, sont considérés comme les communautés d’accueil les plus défavorisées au Liban. Leur chiffre s’élève désormais à 43 groupements. Avec l’arrivée des flots de réfugiés syriens, le chômage, déjà élevé, a encore grimpé, ce qui a contribué à renforcer la concurrence au niveau des services, des ressources et des opportunités de travail.

Joëlle Seif

Logements délabrés
Plus de 70% des réfugiés vivent dans des bâtiments qui ne possèdent pas des installations d’eau et des égouts sanitaires. Le Pnud avait pris en charge la réhabilitation de 300 logements de réfugiés palestiniens au Liban et 300 autres en Syrie pour l’année 2015. Au Liban, 1 500 logements de réfugiés palestiniens ont besoin de réhabilitation. Les personnes à besoins spéciaux, que ce soit à l’intérieur des sociétés de réfugiés ou dans la société libanaise, sont celles qui ont le plus souffert du conflit en Syrie. Selon les rapports, 30 000 réfugiés syriens au Liban souffrent d’un handicap physique ou mental, ainsi que 7% des familles de réfugiés comprennent au moins un membre en âge de travailler souffrant d’un handicap.

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