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Nº 3010 du vendredi 17 juillet 2015

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Salim Jreissati, ancien ministre. «Les options du Hezbollah seront renforcées»

«L’accord sur le nucléaire démontre que la République islamique sort vainqueur de ces âpres négociations pour deux raisons: aucun élément ne porte atteinte à la souveraineté de l’Iran et ce pays est entré dans le cercle étroit et sélectif des pays qui maîtrisent la technologie nucléaire». Interview de Salim Jreissati, ancien ministre du Bloc du Changement et de la Réforme.

Comment évaluez-vous l’accord sur le nucléaire iranien?
Il faut préciser que cet accord, durement négocié au cours des 22 derniers mois, est le résultat d’un long processus engagé entre la République islamique d’Iran et les 5 +1. Cet accord, après une première lecture, démontre que l’Iran sort vainqueur de ces âpres négociations pour deux raisons: aucun élément ne porte atteinte à sa souveraineté et le pays est entré dans le cercle étroit et sélectif des pays qui maîtrisent la technologie. Certes, le programme nucléaire est pacifique, mais il n’en demeure pas moins que la technologie est acquise. Sur un autre plan, l’impact politique ainsi que les conséquences économiques et sociales en Iran se manifesteront sans plus tarder. Le proche avenir nous le dira.

Les premiers commentaires qui fusent du côté des pays du Moyen-Orient dénotent une certaine crainte de voir l’accord nucléaire donner plus de latitude aux Iraniens dans le monde arabe. Partagez-vous cet avis?
Le discours du président iranien Hassan Rohani, juste après la signature de l’accord, a été plus que rassurant pour les pays arabes qui ont misé sur l’échec des négociations ou déployé des moyens et pressions considérables pour que cet accord ne voie pas le jour. Le pragmatisme de ces pays l’emportera sur leur amertume.

Y aura-t-il des répercussions sur la scène libanaise?
Je voudrais bien croire, sans tomber dans des propos béatifiants, que le Liban pourra un jour se défaire des diktats qui lui sont imposés de l’extérieur. Il a toujours subi les conséquences des grands accords ou désaccords politiques dans la région. Si l’on fait référence à l’échéance présidentielle, j’ai espoir qu’elle puisse être «libanisée». Cet espoir est entretenu par une volonté de mon camp politique, mais il n’en demeure pas moins que ce ne sera pas nécessairement le cas. Quant aux autres conséquences politiques, je ne crois pas que le 8 mars, en pensant notamment à la composante de la Résistance, va verser dans une sorte de triomphalisme exagéré ou inconsistant. Mais il est évident que les options et stratégies de ce mouvement vont se retrouver renforcées à plus d’un niveau. L’Iran est non seulement sorti de son isolement, mais plus encore du satanisme que les grandes puissances essayaient vainement de lui coller à la peau. Face à la terreur «takfiriste» qui règne dans la région, l’Iran est devenu incontestablement un rempart et une force de dissuasion qui pèsera lourd dans la balance et sur l’échiquier de la coalition internationale contre Daech.

Certains considèrent que le général Michel Aoun n’a aucune chance d’accéder à la présidence. Etes-vous prêts à faire des concessions sur ce plan si vos alliés vous le demandent?
Le général Aoun a toujours été sollicité pour le rôle de grand électeur, ce qui signifie qu’il a fait des concessions qui se sont avérées, avec le temps, n’ayant jamais porté leurs fruits au niveau du projet de la reconstruction de l’Etat de droit. L’expérience de l’accord de Doha a été particulièrement douloureuse. Ce grand leader a le droit de se demander pourquoi ne pourrait-il pas accéder à la première magistrature de l’Etat, alors qu’il est à la fois le chef de la plus grande coalition chrétienne au Parlement et, incontestablement, le leader le plus représentatif, au sens démocratique du terme, de la communauté du président. La réponse est simple: cet homme constitue une menace pour le cartel qui gouverne ce pays, à quelques exceptions près, depuis son indépendance et, plus particulièrement, depuis les accords de Taëf et leur intégration dans notre Constitution. Il est temps que l’on se ressaisisse et que l’on s’adapte à l’idée que seul un président chrétien fort dans sa communauté et, partant de là, devenant le symbole de l’unité nationale, comme le mentionne la Constitution, pourrait sortir le pays de la torpeur et de la menace la plus grave qui pèse sur notre consensus national, à savoir, le déséquilibre qui existe entre les différentes communautés du pays au niveau de la participation dans la genèse de la décision nationale.

Propos recueillis par Danièle Gergès

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