Magazine Le Mensuel

Nº 2998 du vendredi 24 avril 2015

Semaine politique

48 Milan, 12 véhicules. Les armes françaises au compte-goutte

Après maintes tergiversations, la première livraison d’armes françaises, financées par le don saoudien de trois milliards de dollars, a fini par arriver au Liban, en présence du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
 

Mieux vaut tard que jamais. La première cargaison est enfin là. Après des mois et des mois d’attente, – les négociations ont débuté fin 2013 -, l’Armée libanaise s’est vu livrer lundi matin un premier lot d’armes françaises, financées par le don saoudien de trois milliards de dollars, afin de pouvoir endiguer la menace jihadiste sur son sol. Pour l’occasion, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui effectue une tournée dans la région, a été accueilli à la base aérienne militaire de l’aéroport par son homologue libanais Samir Mokbel et le commandant en chef de l’Armée libanaise, le général Jean Kahwagi. L’ambassadeur d’Arabie saoudite, Ali Awad Assiri, avait également fait le déplacement, tout comme son homologue français, Patrice Paoli.  
Samir Mokbel a salué la présence de son homologue français, estimant qu’elle «reflète l’importance de la relation entre Paris et Beyrouth». «La victoire du Liban contre le terrorisme est également celle de tout pays qui en est menacé», a-t-il souligné, remerciant «tous ceux qui ont permis d’armer le Liban». Dont notamment l’Arabie saoudite et l’ancien président Michel Sleiman.
Une relation mise en exergue également par Jean-Yves Le Drian. «Le Liban qui connaît le prix de la guerre ne veut pas être entraîné dans ce chaos qui l’entoure et la France est là pour l’aider», a-t-il déclaré. «La France réaffirme sa volonté de voir le Liban demeurer un ferment de stabilité au cœur de ce chaos», a-t-il ajouté, relevant que «le Liban est soumis à une pression sans précédent de Daech et du Front al-Nosra». Le ministre français a également rappelé «les événements de Ersal (qui) sont là pour témoigner que l’Armée libanaise a payé un lourd tribut dans ce combat», avant d’avoir une «pensée particulière pour les militaires otages». Le Drian a estimé qu’il était essentiel pour les amis et alliés du Liban de se mobiliser dans un contexte critique, pour contribuer à la «stabilité» du pays et de ses forces armées, car «ce sont elles qui cimentent la cohésion de la société civile».
En écho, l’ambassadeur d’Arabie saoudite a souligné que «Le Liban fait face plus que jamais à des défis de sécurité», affirmant que le don du royaume est «un soutien à une armée légitime qui assure la stabilité».

 

Sur quatre ans
Outre les 48 missiles antichars Milan, la douzaine de véhicules livrés lundi, l’Armée libanaise devrait recevoir, à l’échéance du printemps 2019, l’ensemble de la cargaison promise. Sept hélicoptères Cougar, 250 véhicules de combat ou de transport de troupes, ainsi que trois corvettes et de multiples équipements de reconnaissance, interception et communication, viendront compléter ou remplacer l’équipement obsolète depuis longtemps de l’Armée libanaise. Cette année, le Liban devrait recevoir, au fil des mois, des appareils de vision nocturne, des véhicules blindés et légers, des drones légers, ainsi que des moyens de déminage. Jean-Yves Le Drian a aussi indiqué qu’environ soixante officiers français se rendraient au Liban pour entraîner la troupe. Des écoles militaires françaises devraient aussi accueillir des «stagiaires» libanais.
Mais les premiers Cougar ne devraient être livrés qu’à la fin de 2017… Ils auraient pourtant été bien utiles à l’armée dès cette année en vue de l’attendue «bataille du printemps».
L’ambition du contrat franco-saoudien est plus vaste. Au ministère français de la Défense, on évoque l’objectif d’une «véritable transformation des forces armées libanaises». Pour accompagner cette mutation, un plan de formation de centaines d’officiers et sous-officiers sera entrepris durant sept ans. Le contrat prévoit aussi une maintenance des équipements de dix ans.
En sus, un protocole additionnel a été signé samedi entre l’Armée libanaise et des représentants de l’entreprise française Odas, portant sur des systèmes de sécurité et de défense.
Jean-Yves Le Drian a poursuivi sa visite par une rencontre avec le président de la Chambre, Nabih Berry, avant de se rendre à Deir Kifa, au Sud, pour s’entretenir avec le contingent français de la Finul.

Jenny Saleh

Tournée proche-orientale
Avant de se rendre au Liban, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’est arrêté en Jordanie, où il a rencontré le roi Abdallah II. Parmi les thèmes abordés, la coopération militaire et la lutte contre le terrorisme. Selon le palais, les «questions régionales et internationales, notamment les efforts fournis dans la lutte antiterroriste», ont été au centre de l’entretien. Un dialogue serait également en cours autour de la formation des unités d’élite jordaniennes. Après son escale libanaise, le ministre français s’est envolé pour Doha, au Qatar.

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