En marge du sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui s’est tenu à Riyad et auquel a assisté le président François Hollande, une rencontre a eu lieu entre le chef d’Etat français et l’ancien Premier ministre Saad Hariri. François Hollande est le premier dirigeant occidental à être convié à une telle réunion depuis la création de cette organisation régionale, en 1981.
Le président français François Hollande a reçu mardi 5 mai, en son lieu de résidence au Palais des hôtes du roi Saoud Ben Abdel-Aziz, à Riyad, l’ancien Premier ministre Saad Hariri, en présence du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et des membres de la délégation française. La réunion a porté sur les derniers développements au Liban et dans la région, ainsi que sur la question des armes françaises devant être fournies au pays du Cèdre grâce au don saoudien afin de renforcer l’armée et les forces de sécurité libanaises. Il a également été question des moyens d’aider le Liban à faire face aux complications résultant de la crise des réfugiés syriens et d’intensifier les efforts internationaux visant à résoudre la crise en Syrie et mettre ainsi un terme à la souffrance du peuple syrien.
Cette réunion a eu lieu après la rencontre qui s’est tenue à Paris entre le président François Hollande et le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, au cours de laquelle il a été convenu que la France allait effectuer des contacts pour tenter d’assurer l’élection d’un président de la République au Liban.
Protéger le Liban
Selon des sources proches de la présidence française, la réunion avec Saad Hariri a été décrite comme «cordiale, naturelle, générale et globale». Elle a principalement porté sur les retombées des événements qui ont lieu sur la scène régionale sur le Liban et l’importance de faire tout le nécessaire pour que le pays du Cèdre soit tenu à l’écart des remous qui frappent la région, le protéger contre les implications négatives de la guerre en Syrie et les conséquences de la virulence des discours politiques après la guerre au Yémen.
Selon les mêmes sources, le président François Hollande n’aurait rien de nouveau en ce qui concerne l’élection présidentielle et n’a pas discuté avec le président Hariri d’une initiative française, surtout que les négociations entreprises par son émissaire Jean-François Girault à Téhéran, Beyrouth et Riyad, ont été gelées, après être arrivées à une impasse.
Le président français s’est engagé à poursuivre ses efforts dans le dossier libanais et a évoqué un accord avec le Vatican dont le but serait la sauvegarde de l’unité du Liban et lui garantir un minimum de stabilité malgré tous les développements qui ont lieu autour de lui et qui menacent les frontières et les régimes de certains pays.
Toujours selon les sources proches du président Hollande, les deux hommes auraient convenu durant cette rencontre que la présidentielle était bloquée par l’Iran. Le chef d’Etat français aurait mentionné que la France avait de bonnes relations avec toutes les communautés libanaises et qu’il portait un vif intérêt à la situation libanaise, estimant que l’élection d’un président de la République était nécessaire. Il aurait poursuivi que dans le moment présent la situation était bloquée par l’Iran et le Hezbollah et que Paris était à la recherche d’une solution pour régler cette situation. A l’issue de cet entretien, l’ancien Premier ministre Saad Hariri a déclaré: «Nous avons discuté de la présidentielle et de la nécessité de hâter la livraison des armes, objet du don saoudien au Liban. Je lui ai confié que les choses ne se calmeront au Liban que s’il y a une solution en Syrie. Il est vrai que le Liban est calme et stable actuellement, mais il est menacé si la situation reste telle quelle en Syrie et qu’il fallait exercer une pression internationale pour parvenir à un changement à Damas».
Joëlle Seif
La présidentielle et Taëf
Le Hezbollah, par la bouche du député Hassan Fadlallah, a mis en garde contre les tentatives visant à saper le «partenariat national». Evoquant la question de la présidentielle, Fadlallah a déclaré: «D’aucuns tentent, à l’intérieur du pays, de se retourner contre l’accord de Taëf et de paralyser toutes les institutions de l’Etat, y compris la magistrature suprême et le Parlement». Selon lui, «l’accord de Taëf impose l’élection de la personne la plus représentative au niveau de sa communauté et au niveau national, c’est-à-dire la personne qui détient le plus grand bloc parlementaire». «C’est l’autre camp qui refuse le partenariat émanant de la Constitution», a-t-il conclu.