Magazine Le Mensuel

Nº 2978 du vendredi 5 décembre 2014

Société

10e anniversaire de Skoun. De l’espoir pour les toxicomanes

Sensibilisation à la toxicomanie, prévention et traitements spécialisés pour les addictions en ambulatoire. C’est ce que propose l’association Skoun depuis une dizaine d’années aux personnes concernées par la toxicomanie au Liban. Entrevue et témoignage.
 

«Admettre ma dépendance aux drogues n’était pas une chose facile d’autant plus que je ne connaissais pas les produits que je consommais. Je savais, en revanche, que quelque chose allait mal et que je devais en finir de mes dépendances. C’est avec beaucoup d’appréhension que j’ai appelé Skoun et accepté de me faire traiter. Je fus traité avec compréhension, sans pitié et sans jugement moral. Il m’a fallu peu de séances pour réaliser que Skoun a, non seulement pris mes dépendances au sérieux, mais que le centre avait aussi le personnel et l’expertise pour un traitement efficace. Aujourd’hui, je ne suis plus gêné d’admettre que je suis dépendant, parce que j’ai parcouru un long chemin dans le traitement de mes addictions grâce à l’aide et aux conseils que j’ai reçus de la part de Skoun», témoigne un jeune consommateur de drogue. Fondé en 2003, Skoun est le premier centre de traitement en externe pour les addictions au Liban. En plus d’offrir un large éventail de traitements médicaux et psychologiques aux utilisateurs de la drogue, l’association Skoun s’implique également dans des initiatives de sensibilisation et de prévention de la toxicomanie au Liban. Elle initie les jeunes élèves et universitaires aux moyens de prévention et de sensibilisation à la drogue  afin de limiter les dégâts de celle-ci et ses effets néfastes sur la santé physique et psychologique. Au centre de traitement, une équipe qualifiée et multidisciplinaire se charge d’apporter l’aide et le soutien nécessaires aux toxicomanes, mais également à leurs familles afin de les aider à traverser cette étape difficile. Les traitements fournis sont gratuits et s’adressent aux jeunes de tous les milieux sociaux. Le Centre de traitement des addictions organise, par ailleurs, plusieurs activités sociales dans le but de collecter des fonds et de financer ses services. Le succès réalisé au fil des ans a permis à Skoun d’étendre ses activités à d’autres régions libanaises. Après avoir ouvert le premier Centre de prévention et de traitement des addictions à Achrafié, un nouveau centre de traitement des addictions a ainsi ouvert ses portes en 2012 dans la région de Chiyah. En 2013, Skoun a traité un total de 407 patients qui ont fréquenté l’un ou l’autre des deux centres de traitement. Elle a œuvré enfin pour l’amendement de la loi sur les stupéfiants, ainsi que la création d’un système de référence pour les toxicomanes concernant les centres de traitement et le système judiciaire.

Nada Jureidini

Trois questions à Nadya Mikdashi

La cofondatrice et directrice de Skoun répond aux questions de Magazine.

Quel est le bilan après dix ans d’existence?
En 2003, Skoun était le premier centre de prévention et de traitement des addictions en externe. C’était une nouvelle approche au Liban et nous avions reçu douze patients au tout début. Dix ans après, nous comptons 407 personnes concernées par la drogue qui viennent se faire traiter dans nos deux centres. Nous prévoyons en créer bien d’autres à l’avenir pour atteindre toutes les régions.

Comment se déroule le traitement?
Nous avons à la fois une aide médicale et une autre psychologique. Notre équipe est multidisciplinaire et traite le patient sans jugement moral et avec un grand respect. L’équipe comprend des psychiatres, des psychologues, des assistantes sociales et des médecins. Un suivi régulier est assuré.

Parlez-nous de la prévention…
Nous menons plusieurs initiatives de prévention et de sensibilisation auprès des élèves et des universitaires dans toutes les régions et nous les informons sur les différentes drogues et leurs méfaits, sachant que 48% des consommateurs de drogues ont entre 22 et 30 ans. Ils arrivent généralement chez nous après trois ou quatre ans de dépendance. De plus, 15% de nos patients sont âgés de 17 à 21 ans. D’où l’importance de la prévention et de la sensibilisation à un âge précoce.

Propos recueillis par N.J.

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