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Nº 2980 du vendredi 19 décembre 2014

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Zafer Chaoui, président de l’UVL. Les vins libanais à l’honneur

La réputation des vins libanais n’est plus à faire. Cette boisson des dieux «made in Lebanon» fait le tour du monde et le pays est devenu le producteur avec lequel il faut désormais compter. Magazine a rencontré Zafer Chaoui, président de l’Union vinicole du Liban (UVL).

 

Comment expliquez-vous cet engouement mondial pour le vin libanais?
Le vin libanais est un produit phare qui, du point de vue qualité, n’a rien à envier aux vins internationaux. La relation qualité-prix est l’une des meilleures au monde. Les Libanais sont de brillants hommes d’affaires. Le temple de Bacchus est la preuve que le vin est enraciné dans l’histoire libanaise et les conditions climatologiques nous permettent de produire un vin de qualité.

 

Quelle est l’importance de l’exportation par les chiffres?
Le Liban reste un petit producteur, voire même très petit, à l’échelle internationale. Le total de la production est de 9 millions de bouteilles par an. Comparées aux 30 millions de Chypre et 100 millions de la Turquie, c’est bien peu. C’est pourquoi, l’augmentation de la production libanaise ne devrait pas être interprétée avec réserve de la part des producteurs mais, au contraire, elle permettrait au Liban de confirmer sa position aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.

 

Quels sont les pays les plus intéressés par le vin libanais?
En observant les statistiques des douanes, nous constatons qu’en 2013, la France a été le premier pays à l’exportation, suivie du Royaume-Uni, puis des Etats-Unis et de la Syrie, les Emirats arabes unis ont été un exemple type où nos ventes ont considérablement augmenté. Nous œuvrons à accroître et à consolider notre présence dans ces pays, mais aussi au Canada, en Allemagne et au Brésil…

 

Le vin libanais a-t-il des caractéristiques spécifiques?
C’est un vin corsé pour les rouges avec une bonne structure des tanins et de polyphénols concentrés qui permettent une excellente maturation et un vieillissement sans risque. Le vin blanc a une bonne acidité, les vignobles libanais étant en altitude avec des nuits fraîches et des acidités soutenues.

 

Quel rôle joue l’UVL dans la promotion du vin libanais?
C’est avant tout un rassemblement des producteurs de vins dans le but de protéger et de défendre nos intérêts mutuels. Une participation sous un seul pavillon libanais au Liban et à l’étranger, une relation étroite avec l’Organisation internationale de la vigne et du vin et toute organisation similaire dans le but de confirmer l’importance du vin libanais dans le monde, une relation étroite avec les autorités et, notamment, le ministère de l’Agriculture et l’Institut national de la vigne et du vin afin de protéger la qualité, élément majeur de notre développement et de notre succès. Petits producteurs, nous ne pouvons jamais miser sur la quantité, mais sur la qualité.

 

Quels sont vos projets les plus récents dans ce contexte?
Nous essayons de développer les ventes de vins à l’étranger et nous devons reconnaître que la situation politico-économique et la guerre en Syrie ont entraîné une baisse des ventes sur le marché local. Nous avons beaucoup moins de touristes. Nous sommes donc orientés vers l’export et nous participons annuellement aux expositions internationales dont Prowine à Düsseldorf en Allemagne, The London Wine Fair en Angleterre et Vinexpo à Bordeaux chaque deux ans. Par ailleurs, grâce à un financement du ministère de l’Agriculture, nous avons eu la journée du vin libanais qui a eu lieu en 2013 à l’hôtel Georges V à Paris et en 2014 au Ritz-Carlton à Berlin. A la suite de l’intervention du ministère des Affaires étrangères, qui a demandé aux représentations diplomatiques de déployer tous les efforts possibles pour le développement des exportations libanaises, nous avons convenu avec le consul général à Sao Paulo, Kabalan Frangié, d’y organiser une séance de dégustation. Le rêve est devenu réalité lorsque dix producteurs réunis se sont retrouvés dans sa résidence, le 27 novembre, où nous avons enlevé les meubles, installé des tentes et fait appel au meilleur organisateur d’événements. Nous avons reçu 600 visiteurs dont 350 professionnels du vin qui nous ont épatés par l’intérêt qu’ils portent au vin libanais. De Sao Paulo, nous nous sommes rendus à Rio
au Mountain Lebanon Club où a eu lieu un événement similaire sous le patronage du consulat général à Rio et en présence du consul général Ziad Itani. Ce fut un grand succès. Dans le même ordre des choses et sous sa propre initiative, le consul général du Liban aux Etats-Unis, Majdi Ramadan, a organisé le 5 décembre une séance de dégustation dans sa résidence, pour les dix producteurs présents, par l’entremise de leur distributeur. L’UVL a demandé au journaliste Mickael Karam, expert en la matière, de se rendre à New York où au cours de la réception, il a présenté les vins libanais. Je voudrais remercier les consuls généraux et l’ambassadeur du Liban à Brasilia pour l’aide précieuse qu’ils nous ont apportée, remercier Libank qui a sponsorisé les deux événements du Brésil et son président, Toni Ghorayeb, y était personnellement présent. Il est évident que le rôle de l’UVL et des participants est de savoir profiter des contacts établis pour les fructifier en vue d’accroître les exportations du vin libanais dans le monde. Les dates à retenir en 2015 sont: Prowine en mars, New York et London Wine Fair en mai, Vinexpo  en juin… nous espérons aussi que d’autres représentations diplomatiques proposent des événements-dégustations à l’instar de Sao Paulo et de New York.

 

La diaspora libanaise contribue-t-elle à l’essor de ce marché à travers le monde?
Elle joue un rôle-clé. On nous a informés qu’au consulat général à New York, par exemple, beaucoup d’Américano-Libanais étaient présents et très satisfaits de réaliser que le niveau atteint par le vin de notre pays est très élevé. Au seul Brésil, nous avons 8 millions de Libanais. La diaspora est un moteur à ne pas négliger.

Propos recueillis par Danièle Gergès

L’Union vinicole du Liban
L’UVL a été fondée en 1997, un an après que le Liban ne soit entré au Bureau international de la vigne et du vin (OIV). L’objectif de l’UVL est de consolider et de développer l’image du Liban en tant que pays producteur de vin en mettant en évidence son histoire et en promouvant son potentiel. L’UVL est une tribune pour les producteurs de vin du Liban, elle les rassemble dans une seule entité harmonisée et défend leurs intérêts. L’UVL contribue également à promouvoir le vin libanais au sein de l’UE et d’autres marchés internationaux, tels que les Etats-Unis, le Canada, le Brésil…

 

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