Magazine Le Mensuel

Nº 2984 du vendredi 16 janvier 2015

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Questions à Ahmad Fatfat

Le dialogue entre le Courant du futur et le Hezbollah entre dans une phase nouvelle. Vous attendez-vous à un résultat proche?
Nous avons entamé le dialogue sans aucune illusion. Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas le sentiment que le Hezbollah est sérieux. Le Courant du futur a concédé ce qui pouvait l’être face à une formation qui porte les armes et s’ingère dans des affaires à l’extérieur du Liban. Le Hezbollah a beaucoup de choses à concéder, mais jusqu’ici rien de positif n’a été réalisé. Le dialogue a besoin de concessions et nous n’avons pas perçu de progrès dans ce sens.

Vous allez vers le dialogue, mais vous ne semblez pas très optimiste quant à l’issue…
Nous avons des précédents en matière de non-respect du Hezbollah de ses engagements. Nous nous sommes mis d’accord sur le Tribunal spécial pour le Liban, mais le parti a changé de position. Même chose pour la redéfinition des frontières avec la Syrie et le retrait des armes. Dernier exemple criant: la déclaration de Baabda qu’il a acceptée puis reniée. Nous savons parfaitement que le problème des armes et celui de l’intervention en Syrie relèvent d’un pouvoir de décision qui se trouve en Iran.

Alors pourquoi le dialogue?
Parce que nous avons toujours promu le dialogue pour résoudre les différends et les problèmes à tous les niveaux. Celui que nous entreprenons actuellement a pour but de réduire la tension d’une part, et de paver la voie à l’élection d’un président de la République d’autre part. Nous espérons aboutir à un résultat concret sur ces deux points. 

Avez-vous les mêmes réticences concernant le dialogue des FL avec le CPL?
La question est différente. Le général Michel Aoun est un allié du Hezbollah, mais n’est pas lié pour autant à l’agenda iranien. Il a une occasion de le prouver par ce dialogue qui peut conduire à l’élection d’un président de la République, ce qui est facile.

De quelle façon?
A travers la présence à la séance parlementaire consacrée à la présidentielle. Il serait facile au général Aoun de faciliter ainsi l’élection, malgré sa suggestion bizarre et non démocratique de limiter les candidatures à la sienne et à celle de Dr Samir Geagea. La question qui se pose est de savoir si réellement le général Aoun est maître de sa décision.

Vous brossez une image noire de l’avenir…
C’est une image réelle. Tant que les choses n’avancent pas en Syrie, la situation ne sera pas claire au Liban.

L’élection présidentielle devra-elle attendre autant?
Dès lors que l’élection n’a pas eu lieu avant le 25 mai dernier, il n’y a plus de plafond et de limite. Inutile de se leurrer, l’Iran tient là une carte dans les négociations concernant son programme nucléaire qu’il n’est pas près de lâcher.

Arlette Kassas

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