La démarche entreprise par les représentants des instances maronites auprès des dirigeants politiques de cette communauté pour régler le problème du vide présidentiel n’a donné aucun résultat palpable. Mais les efforts continuent. Tour d’horizon avec Neemat Frem, vice-président de la Fondation maronite dans le monde.
La délégation des trois institutions maronites a effectué une tournée auprès des différents pôles de la communauté dans une tentative de débloquer la présidentielle. Dans quel esprit avez-vous fait ces rencontres?
A la demande du patriarche Béchara Raï, nous avons entrepris ces rencontres sur la lancée du comité de suivi qui avait été formé après les rencontres des leaders maronites à Bkerké. Nous voulions ainsi sonder le terrain en vue de trouver une issue à la situation actuelle.
Sur quoi les entretiens ont-ils porté avec les personnalités que vous avez rencontrées?
La situation est délicate, comme tout le monde le sait. Il était donc nécessaire de trouver une porte de sortie. Nous avons focalisé sur la nécessité de mettre fin à la situation anormale de vacance à la présidence de la République. L’entretien avec les dirigeants maronites que nous avons rencontrés a porté sur le fonctionnement des institutions, en l’absence d’un chef de l’Etat, et sur les prérogatives du Conseil des ministres et du Parlement, qui font l’objet d’une polémique. Le gouvernement peut-il prendre des décisions et le Parlement peut-il légiférer en l’absence d’un président de la République?
Quelles idées avez-vous débattues au cours de ces rencontres?
La plus importante était le meilleur moyen de combler le vide à la présidence de la République. Certains ont avancé l’idée d’une mobilisation générale, y compris populaire, pour inciter les pôles maronites à hâter l’élection d’un président. Nous avons proposé le calendrier suivant: l’élection d’un président de la République, l’adoption d’une loi garantissant le retour de la nationalité aux ayants droit et l’adoption d’une nouvelle loi électorale moderne.
Comment évaluez-vous la vacance à la présidence de la République?
C’est une situation qui suscite de graves inquiétudes. Tout retard dans le respect de l’échéance présidentielle constitue un danger. Plus tôt on peut procéder à cette élection mieux c’est pour le pays et pour les chrétiens.
Quelles ont été les réponses des dirigeants maronites? Ont-ils approuvé votre point de vue et votre proposition?
Nous avons trouvé, chez certains, une compréhension totale. Chez d’autres, la réponse est plus nuancée en fonction de facteurs politiques ou de visions personnelles.
Vous voulez dire chez le général Michel Aoun?
Au cours de notre dernière rencontre avec le général Aoun, nous avons constaté qu’il s’est donné du temps, en attendant les résultats de ses négociations avec le Courant du futur. Il s’abstient de prendre de grandes décisions, comme il l’a lui-même mentionné lors de sa conférence de presse.
Quelle sera l’étape qui suivra votre tournée?
Après nos rencontres avec les instances maronites, nous remettrons un rapport détaillé des résultats de notre mission au patriarche maronite. Il lui revient de décider des suites à donner à l’initiative: demandera-t-il aux pôles maronites de se réunir à Bkerké ou prendra-t-il d’autres décisions pour faciliter un dénouement positif du problème de l’échéance présidentielle?
Ces rencontres ont-elles donné au final un résultat palpable?
A ce jour, nous n’avons pas obtenu de résultats palpables. Ces rencontres sont, cependant, importantes dans la mesure où elles ont permis de tout essayer pour combler le vide actuel, et de montrer à quel point les instances maronites déploient tous leurs efforts pour mettre un terme à cette situation délicate. Nous ne pouvons pas traiter le vide constitutionnel ou la vacance à la présidence de la République comme si de rien n’était. Malheureusement, nous commençons à avoir la mauvaise habitude de négliger les échéances constitutionnelles importantes, comme ce fut le cas pour la loi électorale ou les élections législatives.
Entreprendrez-vous une autre initiative?
Pour le moment, en tant qu’institutions maronites, nous allons apporter les résultats de nos rencontres au patriarche maronite qui décidera de la prochaine étape, en mettant en garde contre toute adaptation à la situation anormale actuelle.
Propos recueillis par Arlette Kassas