Huit ans que Gebran Tuéni a été assassiné. Huit ans se sont écoulés et sa célèbre déclaration «Nous jurons par Dieu Tout-Puissant de rester unis, chrétiens et musulmans, jusqu’à la fin des temps pour défendre le Liban», trouve toujours écho chez de nombreux Libanais, ceux qui souhaitent préserver la vie en commun coûte que coûte. Plusieurs commémorations ont eu lieu pour rendre hommage à ce journaliste-politicien assassiné pour ses idées politiques et la franchise de ses mots.
Une messe de requiem, sobre et intime, pour le député et journaliste Gebran Tuéni et ses compagnons André Mrad et Nicolas Flouti, présidée par le métropolite de Beyrouth pour les grecs-orthodoxes, Elias Audeh, a eu lieu, en la cathédrale Saint-Georges, au centre-ville de Beyrouth. Familles, amis et proches, personnalités politiques et médiatiques se sont rassemblés pour prier à la mémoire de cet homme trop tôt parti. Le métropolite de Beyrouth, Mgr Audeh, a mis en garde dans son homélie contre les dissensions interlibanaises qui, dit-il, si elles se poursuivent, aboutiront à la destruction de toutes les parties. Il a déploré le fait que les Libanais n’aient pas appris des leçons du passé et continuent de commettre les mêmes erreurs, entraînant le Liban dans leur chute. «Les prises de position honnêtes et courageuses de Gebran nous manquent», a-t-il affirmé, soulignant au passage que la résistance du journaliste engagé à l’oppression et sa révolte ont fait de lui un modèle pour tous les jeunes qui rêvent de justice et de liberté, loin du sectarisme, du confessionnalisme et du communautarisme.
Le secrétariat général du 14 mars avait, lui également, rendu hommage au journaliste assassiné et déclaré au terme de sa réunion: «La liberté ne sera pas préservée sans la présence d’hommes libres. Toute cause a besoin d’hommes qui se sacrifient pour elle». Les participants ont réitéré leur attachement à la défense des libertés, en général, et de la liberté d’expression et d’information, en particulier, certifiant que la liberté s’exprime le mieux dans le cadre des lois qui réglementent la société des lois. Il ne saurait toutefois y avoir de liberté d’expression et d’information sans démocratie. «La bataille menée pour la liberté d’expression constitue la voie saine à suivre pour la consolidation de la démocratie, loin des interprétations arbitraires des forces politiques. La consolidation de cette liberté ne relève pas de la responsabilité du seul régime politique, mais de la société dans son ensemble. L’agression contre la liberté des journalistes doit être condamnée, qu’elle soit l’œuvre d’un régime en voie d’effondrement ou de groupes en rébellion contre lui. La responsabilité de ces derniers groupes est encore plus grande car celui qui aspire au changement est appelé à l’appliquer d’abord en respectant les libertés». Les participants ont fait part de leur attachement aux principes nationaux et politiques au nom desquels Gebran a payé de sa vie, dont la souveraineté, la démocratie, l’unité nationale, l’édification de l’Etat de droit et la justice».
Le PNL a également organisé au quotidien an-Nahar une rencontre à laquelle ont participé de nombreux journalistes et politiciens pour rendre hommage à Gebran Tuéni. Les intervenants ont loué le courage du journaliste et politicien qui a payé de sa vie pour défendre les principes de la souveraineté et de la liberté.
Gebran Tuéni est parti il y a huit ans. Huit ans que sa mémoire continue à vibrer dans chaque Libanais avide de voir son pays se remettre sur pied. Assoiffé de voir enfin toutes les composantes libanaises dépasser leurs différences et vivre toutes ensemble, toutes communautés et toutes confessions confondues. Ne pas s’enfoncer dans le marasme régional. Le serment de Gebran fait écho dans toutes les consciences qui considèrent que, nous, Libanais sommes appelés à vivre ensemble, chrétiens et musulmans, faisons-le dans l’harmonie et la paix.
Danièle Gergès