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Nº 2932 du vendredi 17 janvier 2014

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Capital-Investissement. Les banques peu attirées par le financement des start-up

La circulaire intermédiaire 331, émise par la Banque du Liban (BDL) pour le financement par l’option d’un capital-investissement de l’économie des connaissances (voir par ailleurs ses dispositions), n’a pas suscité l’enthousiasme escompté auprès des établissements de crédit. La Banque centrale visait, à travers cette circulaire, non pas d’accorder un prêt aux start-up, mais de les capitaliser, le principe étant de faciliter la création de nouvelles sociétés dans le pays, de générer des emplois et de renforcer l’activité du marché financer une fois que les start-up se seraient converties en sociétés anonymes. C’est qu’en période de ralentissement économique, le nombre d’emplois fixes recule, alors que l’entrepreneuriat prend un certain élan. De plus, les sociétés de l’économie de la connaissance sont d’une manière générale résilientes aux fluctuations de la macroéconomie.
Cette initiative d’encourager les banques à financer les start-up à travers leur participation aux capitaux propres des sociétés s’inscrivait dans le prolongement d’une première mesure de la BDL, qui avait pour objectif de subventionner les taux d’intérêt des crédits alloués par ces établissements à des compagnies œuvrant dans des secteurs productifs divers de l’économie. L’implication des banques dans la participation aux capitaux des start-up est une conséquence évidente, vu la progression continue des dépôts bancaires à un rythme annuel d’environ 10%, soit un taux d’accroissement supérieur à celui de la croissance économique à un niveau national. Jusqu’à la promulgation de cette circulaire intermédiaire, les start-up n’avaient d’autres moyens de financement que la participation à leur capitalisation des sociétés de capital-investissement ou quelques produits de la finance islamique. Dans ce contexte, il est bon de signaler l’importance que revêtent les start-up comme catalyseur de l’activité économique à travers l’annonce faite par le maire de Londres, Boris Johnson, lors du forum mondial de la finance islamique, tenu récemment dans la capitale britannique, portant sur la création d’un fonds de 160 millions de dollars destinés au financement des entrepreneurs arabes et musulmans dans le secteur des nouvelles technologies.
La circulaire 331 devait permettre l’injection de près de 400 millions de dollars dans l’économie des connaissances. Ceci n’a pas été le cas. Un expert bancaire a confié à Magazine qu’il n’est pas facile d’obtenir un financement par le biais d’une opération de capital-investissement (VC). Dans ce cas, l’investisseur est particulièrement exigeant concernant la partie qu’il va financer. Par conséquent, il réclame que l’emprunteur soit un entrepreneur dont le parcours dans les affaires a été marqué par le succès. A cet effet, une large opération d’investigation ou de due diligence est en général effectuée. En fait, l’investisseur est à la recherche d’une opération de placement à risque faible et d’un retour élevé sur investissement. Dans une majorité de cas, le détenteur de fonds pose des restrictions au demandeur de financement pour limiter les pertes de son éventuelle participation au capital et garder le contrôle sur l’évolution de l’activité de la société. Certaines limitations-types consisteraient, à titre indicatif, à obtenir des actions préférentielles convertibles en actions ordinaires, qui permettraient à l’investisseur, en cas de mauvaise affaire, de vendre les actions ordinaires sur l’Open Market. D’autres clauses pourraient être ajoutées au contrat de capital participatif, à savoir l’obligation de restituer le capital à n’importe quel moment. Ce qui serait une source de problèmes alors que la société est en plein développement. A ces considérations d’ordre général, il faut ajouter au cas libanais le fait que le capital-investissement dans les start-up suppose des rendements à moyen et long termes, ce qui ne convient pas avec les maturités des dépôts dans les banques libanaises, qui sont en moyenne de trois mois. Parallèlement, la méthode de calcul des intérêts que les banques sont supposées encaisser n’est pas claire. A ceci s’ajoute la question de savoir si la pondération des risques même minimes dans le cas de la circulaire 331 sera comptabilisée conformément aux dispositions de Bâle II (100%) ou celles de Bâle III (400%).

Un financement supposé rentable
La circulaire 331 accorde de nombreuses incitations, notamment en termes de rendements. Elle stipule que la BDL financera 75% des investissements des banques dans cette catégorie d’entreprises. Elle cédera aux banques les crédits nécessaires à un taux d’intérêt nul, qui les placeront dans des bons du Trésor. Les crédits investis seront calculés de manière à générer des intérêts équivalents à 75% de la participation des banques au capital de l’entreprise. Ainsi, le risque de l’établissement de crédit sera limité à 25%. En revanche, le montant total que pourrait investir la banque dans l’entreprise est également limité à 3% de son capital, alors que 10% de ce pourcentage pourraient être placés dans une seule compagnie. A titre indicatif, les plus grandes banques au Liban, telles Blom Bank et Bank Audi, sont susceptibles d’investir, respectivement, des fonds de l’ordre de 50 millions de dollars et de 66 millions selon le cadre juridique défini par la Banque centrale. Ainsi, leur risque d’exposition n’excèdera pas 
12,5 millions de dollars concernant Blom Bank et 16 millions pour ce qui est de Bank Audi. Par conséquent, l’investissement dans une seule compagnie sera de 5 millions de dollars pour Blom et de 6,6 millions pour Audi.

Le rôle des incubateurs
Les incubateurs jouent un rôle prépondérant au niveau de la sélection des start-up qu’ils décident d’héberger. Le recours des banques et des fonds d’investissement aux incubateurs pour arbitrer un capital-investissement est d’une importance certaine dès lors que 
ceux-ci ont développé une expérience 
considérable en termes d’équipes destinées au suivi et à l’entretien de ces entreprises. Celles-ci sont donc supposées être «viables». A titre d’exemple, Seeqnce a annoncé que 
10 des 22 start-up qu’il héberge sont 
entièrement actives. Quant à Berytech, 
pionnier des incubateurs au Liban, il a dévoilé que 60 start-up ont été lancées avec succès au cours des dix dernières années. C’est que pour le moment, les start-up sont 
considérées, en général, comme ayant un taux de viabilité faible, soit de 20% au cours des trois premières années de leur création. Il suffit de constater les difficultés d’avoir des start-up dans les pipelines pour comprendre qu’il existe encore beaucoup de fonds 
disponibles non encore alloués.

NTIC et taille de la population
La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) regroupe une population de 350 millions de personnes dont le tiers est âgé de moins de 15 ans. Cette tranche de la 
population est férue d’Internet et d’outils technologiques de pointe. Les Nouvelles technologies de l’information et de la 
communication (NTIC) ont gagné du terrain, représentant une part de 40% du volume total des investissements effectués en 2012 dans la région Mena sans compter Israël.  
De toute façon, les NTIC représentent un secteur dont la dimension de la population d’un pays ne constitue pas un obstacle. En revanche, le capital-investissement demeure pour le moment un moyen de financement peu prisé dans la région Mena. Ce moyen a représenté un total d’investissement de 0,05% par rapport au PIB dans cette région, une proportion bien en deçà de celle de 0,86% aux Etats-Unis et de 1,05% en Angleterre.

Liliane Mokbel

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