Du 4 au 11 mars, Afac, (Arab Funds for Arts and Cultures) lance Afac film week, en collaboration avec l’association Métropolis. Onze films arabes sont au programme, entre fictions, documentaires et courts métrages.
Depuis l’année de sa fondation en 2007, Afac a soutenu plus de 150 films arabes, en procurant aux réalisateurs un appui financier, technique et promotionnel en incitant leur participation aux différents festivals de par le monde. «Une contribution qui reste faible, comme l’explique Oussama el-Rafeï, le directeur exécutif d’Afac, par rapport aux besoins nécessaires à la création d’une véritable industrie cinématographique arabe, surtout si l’on compare notre situation à celle d’autres pays européens où le gouvernement investit largement dans ce domaine». Lors d’une conférence de presse tenue le 25 février dans les locaux d’Afac à Hamra, Rafeï a expliqué que l’association essaie toutefois, dans la mesure de ses moyens, de compenser ces lacunes. C’est dans ce cadre qu’a été lancée l’initiative afin de commencer à promouvoir certains films soutenus par Afac auprès du public arabe, pour ne plus les restreindre à une simple projection dans le cadre des festivals.
«C’est cette injustice qui pèse sur les films arabes, notamment indépendants, qui nous a poussés à lancer cette initiative», affirme à son tour Rima el-Messmar, directrice du programme cinématographique d’Afac. Cette semaine permettra ainsi aux cinéastes arabes de partager leurs films avec le public de leurs pays, tout en accordant à ce dernier la chance de découvrir ce cinéma dont les thèmes et les sujets développés le concernent au premier plan. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que presque tous les réalisateurs des films prévus seront présents à Beyrouth du 4 au 11 mars pour un débat ouvert avec l’audience. «Nous espérons qu’Afac film week sera un événement annuel qui se déplacera de pays en pays» après sa première édition à Beyrouth, au cinéma Métropolis.
Au programme de cette première édition donc, onze films produits entre 2012 et 2014, incluant longs métrages de fiction, documentaires et courts métrages de différents pays arabes: Liban, Syrie, Palestine, Jordanie, Irak, Tunisie, Egypte, Yémen… Onze portraits vivants de nos sociétés qui font face aux problèmes de l’identité, de l’héritage, de la révolution, du présent chaotique et d’un avenir incertain. Initiative courageuse et plus que nécessaire, Afac Film week donne la chance au public libanais de voir des films arabes qu’il n’aura pas autrement l’occasion de visionner.
Mardi 4
My love awaits me by the sea, documentaire poétique de Mais Darwazah, 2013, Jordanie/Allemagne/Palestine/Qatar.
Emmêlant réalité et imaginaire, il raconte l’histoire de la réalisatrice qui entreprend son premier voyage à son pays d’origine, la Palestine. Elle quitte sa vie de solitaire pour suivre son amour imaginaire, Hassan. A travers le monde fantaisiste que s’est créé cette artiste, elle découvre des restes d’espoir auprès de ces Palestiniens d’aujourd’hui qui affrontent la dureté de leur quotidien sans se préoccuper de leurs besoins personnels. Hommage à l’artiste défunt Hassan Hourani, le film pose la question des elusive places et la nécessité de croire en nos rêves.
Mercredi 5
Scent of revolution, long métrage de fiction de Viola Shafiq, 2014, Egypte/Allemagne.
Qu’en est-il si vous êtes le témoin d’une révolution, mais que les choses empirent? Si votre pays est détruit sans aucune promesse de reconstruction? Comment alors agir, réagir? Par la colère, la révulsion ou la fuite dans les souvenirs d’antan, d’un passé glorieux mais révolu… L’histoire de quatre personnes, deux révolutions et une cité détruite.
Jeudi 6
The Mulberry house, de Sara Ishaq, 2013, Syrie/Egypte/Grande-Bretagne/Yémen.
Ce documentaire suit Sara qui, de père yéménite et de mère écossaise, vit au Yémen jusqu’à l’âge de 17 ans. Se sentant étouffer sous les contraintes que lui impose son entourage, elle décide de se rendre en Ecosse où vit sa mère. Son père n’accepte qu’à la condition qu’elle n’oublie pas ses racines yéménites, une promesse qu’elle n’arrive pas à tenir. Dix ans plus tard, elle revient au Yémen, changée et prête à renouer avec ses racines. Mais en 2011, elle retrouve sa famille et son pays chancelant au bord d’une révolution.
Vendredi 7
Rags and tatters, documentaire d’Ahmad Abdallah, 2013, Egypte.
A travers l’histoire d’un fugitif lors des premiers jours de la révolution en Egypte, ce récit populaire expose des histoires mises à l’écart au profit de la révolution et des faits rapportés médiatiquement.
Samedi 8
19h: Amal’s garden, court métrage de Nadia Chéhab, 2012, Irak/Etats-Unis.
Amal et Moustafa ont longtemps vécu dans le nord de l’Irak. Quand Amal décide de rénover leur maison après une décennie de guerre, Moustafa se réfugie dans un jardin mélodieux où il retrouve le regard curieux de sa nièce et de la caméra qu’elle transporte. Une image de la vie entre destruction et renouveau.
♦ Nation Estate, court métrage de Larissa Sansour, 2012, Palestine/Danemark.
D’une dizaine de minutes, il aborde le problème du Proche-Orient en un regard emmêlant humour et dérision. Dans un avenir proche, les Palestiniens ont leur Etat: un immense gratte-ciel à la pointe de la technologie.
♦ The Disquiet, de Ali Cherri, 2013, Liban/France.
Le Liban a été le témoin de plusieurs tremblements de terre violents en raison de son emplacement géographique. A travers une enquête sur l’histoire sismique du pays, ce court métrage aborde la question de ces bouleversements continus et la manière dont les artistes, plus particulièrement, y répondent.
21h: Birds of September, de Sarah Francis, 2013, Liban/Qatar.
Une camionnette sillonne les rues de Beyrouth. A travers les vitres, la caméra du réalisateur explore la ville. Tout au long du documentaire, plusieurs personnes sont invitées à partager leurs moments personnels, leurs souvenirs, leurs histoires, comme dans un confessionnal.
Dimanche 9
Waves, d’Ahmad Nour, 2013, Egypte/Maroc.
Emmêlant scènes d’animation, images poétiques et design sonore, le réalisateur partage avec le public les trente ans de sa vie dans sa ville originaire de Suez, à travers cinq étapes spécifiques. Le documentaire décrit la structure psychique et mentale de la «génération de la révolution égyptienne», en reconstruisant les pans de l’histoire de l’Egypte.
Lundi 10
Family albums, de Mais Darwazah, Nassim Amaouche, Erige Sehiriet Sameh Zoabi, 2012, France/Palestine/Emirats arabes unis.
Ce documentaire collectif aborde les questions de l’identité et son transfert de génération en génération. Quatre films arabes, quatre villes différentes, quatre expériences et points de vue qui, brisant les frontières géographiques et politiques, créent un projet artistique commun.
Mardi 11
Chaos and disorder, de Nadine Khan, 2012, Egypte.
Une histoire d’amour, d’un triangle amoureux dans un contexte controversé. Manal, Zaki et Mounir, âgés d’une vingtaine d’années, vivent dans une communauté confinée où les besoins basiques sont servis, mais où règnent le désordre et le chaos. Tous deux amoureux de Manal, Zaki et Mounir se la disputent autour d’un match de foot; le gagnant l’épousera. Ce film de fiction reflète la jeunesse «foot et play-station» dans une société «de haraj w maraj», comme le disent les Egyptiens.
Nayla Rached
Tous les films seront projetés, au cinéma Métropolis, à Empire Sofil, en présence du réalisateur ou de la réalisatrice à l’exception de la séance du 6 mars, qui se fera également en présence de la productrice Dina el-Jerioudi, et de celle du 10 mars, qui se fera seulement en présence de la réalisatrice Mais Darwazah.
Toutes les projections, à l’exception de celle du 8 mars, débutent à 20h.
Entrée gratuite.