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Nº 2910 du vendredi 16 août 2013

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José Miguel Menchaca. La simplicité d’un grand diplomate

Il a réussi à réunir le charme latin, l’amabilité et la simplicité. Au bout de quelques minutes en sa compagnie, il vous communique sa passion des grands espaces et sa joie devant les plaisirs simples de la vie. Portrait de l’ambassadeur du Chili José Miguel Menchaca.  
 
C’est au siège de l’ambassade du Chili, à Naccache, que José Miguel Menchaca nous reçoit. Délaissant son imposant bureau, il s’installe dans un fauteuil et nous entraîne avec lui dans les souvenirs de sa vie si riche en voyages et en expériences. Né dans une ferme, dans un village comme il en existe beaucoup au Chili, il y passe toute son enfance. Il grandit dans la nature et connaît les joies simples de la vie. «Cette période fut décisive pour moi et a grandement contribué à forger mon caractère. J’ai eu la chance de vivre cette vie, d’être proche de la nature et d’apprécier les petites choses. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui j’aime la vie en plein air, les grands espaces», raconte l’ambassadeur. A l’âge de cinq ans, il se rendait à cheval dans une école publique. «Mes amis étaient comme moi, nous n’avions pas de jeux électroniques et des ordinateurs comme les enfants d’aujourd’hui. C’était un privilège d’avoir une telle enfance». Alors qu’il a dix ans, la famille quitte la ferme et déménage dans une ville de cinquante mille habitants, «très calme comparée à Santiago».
Au départ, il avait l’intention de faire des études de droit. «Mais j’ai eu, alors, l’opportunité de m’inscrire à l’académie diplomatique. Ma famille comptait des diplomates et j’ai pu discuter avec eux de cette carrière et de ce qu’elle représentait». A 22 ans, il rejoint l’académie diplomatique et y obtient son diplôme en 1975. «Selon notre système, il fallait avoir une expérience dans différentes régions rattachées au ministère des Affaires étrangères avant toute mission à l’étranger».
Son premier poste fut le consulat à Barcelone. «Une expérience importante pour moi, dit-il. J’avais été seul loin de ma petite amie. Trois mois plus tard, j’ai réalisé à quel point elle me manquait. Je suis alors revenu au Chili. Nous nous sommes mariés et nous sommes revenus ensemble à Barcelone». C’est là qu’est née sa fille aînée Constanzia. Trois ans plus tard, il est transféré en Roumanie où il occupe le poste de deuxième secrétaire à l’ambassade à Bucarest. «Ma première réaction fut très positive. Je me suis dit que c’était une nouvelle expérience et nous sommes proches de l’Espagne. C’était un nouveau défi pour moi. Les Roumains sont très amicaux et je ne le dis pas parce que l’ambassadeur de Roumanie Daniel Tanase est un ami, mais ceci est la vérité malgré des conditions politiques difficiles. A cette époque, le pays était fermé au reste du monde et il n’était pas aisé d’établir des contacts avec la population locale», confie José Miguel Menchaca. Avec beaucoup d’entrain, il évoque cette période. «Les Roumains étaient très contents d’avoir des échanges avec des étrangers. Ils voulaient tout savoir de nous, d’où l’on vient, comment on vivait et un tas de choses».

 

Grand voyageur
Après cinq années passées à l’étranger, tout diplomate doit rentrer au Chili pour deux ans au bout desquels il peut demander une nouvelle affectation. José Miguel Menchaca est donc nommé consul à Mendoza en Argentine, pays où il fut en poste trois fois durant sa carrière et ensuite premier secrétaire au Kenya. «Le Kenya fut une expérience fabuleuse. Nous n’avons pas beaucoup d’ambassades en Afrique d’où l’importance de mon poste à Nairobi. On couvrait d’autres pays importants pour nous dans la région», précise le diplomate. Après cinq années au Kenya, il rentre au Chili avant d’être de nouveau nommé consul à Bariloche au sud de l’Argentine. «Le Chili possède trois consulats en Argentine en raison de l’importance de l’immigration chilienne vers ce pays. J’y ai également passé cinq ans au bout desquels je ne voulais plus revenir». Puis ce fut le tour de Washington D.C. et des Philippines où il vit respectivement trois ans avant de repartir au Chili puis en Argentine, de nouveau au Chili avant d’occuper le poste d’ambassadeur au Liban.      
«Nous avons changé dix-sept fois de maison», confie l’ambassadeur du Chili. S’il est heureux de mener ce genre de vie avec son épouse, il dit se sentir coupable de faire assumer ses choix à ses enfants. «Pourtant, mon sentiment de culpabilité a complètement disparu le jour où, au cours d’un dîner qui réunissait toute la famille, je leur ai demandé de me dire ce qu’ils ressentaient et leurs impressions concernant leur mode de vie. J’ai dit à mes quatre enfants que je me sentais dans l’obligation de leur demander de m’excuser pour ce genre de vie. Leur réponse m’a agréablement surpris. Ils ont répondu à l’unanimité qu’ils s’estimaient très chanceux d’avoir le privilège de découvrir de nouvelles cultures, de se faire de nouveaux amis avec lesquels, pour la plupart, ils sont toujours en relation grâce à Internet».
José Miguel Menchaca reconnaît que, pour être diplomate, il y a un prix à payer, celui de vivre loin de la famille et de manquer à des moments importants. «Nous ne sommes jamais présents aux occasions et aux événements familiaux», dit-il.
Marié à Constanzia, ils ont quatre enfants, une fille et trois garçons: Constanzia qui porte le prénom de sa mère (journaliste), Pablo (avocat), Diego (ingénieur) et Santiago. «A part Santiago qui vit avec nous au Liban, les autres sont au Chili. Il repart bientôt suivre ses études universitaires au Chili. Notre expérience au Liban est très belle, surtout que Santiago a été bien reçu et qu’il vit dans un environnement amical grâce à ses amis de classe, à la direction et aux enseignants de l’Eastwood School». Quant à son épouse, elle est ravie d’être au Liban. «Ma femme ne se plaint jamais quelle que soit la situation. Je suis heureux de l’avoir pour épouse. Elle est toujours prête au défi».
Après un an et demi passé au Liban, José Miguel Menchaca estime qu’il existe beaucoup de similitudes entre les deux cultures libanaise et chilienne. «C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la communauté libanaise est très bien intégrée au Chili». Tout à fait adapté au Liban, il est impressionné par l’intensité de la vie sociale du pays et la facilité des Libanais à accueillir les étrangers. Les Chiliens ne sont pas aussi ouverts que les Libanais». Il est tout aussi fasciné par la beauté du pays. «J’aime me perdre au Liban dans les montagnes que j’adore, les régions à caractère historique, les monastères, des lieux comme la vallée de Quadisha, les Cèdres, Batroun et tant d’autres». Quant à la gastronomie libanaise, pour l’ambassadeur du Chili, elle représente un mode de vie en elle-même. «Elle est très riche et j’aime particulièrement la variété de poissons qui existe». Pour José Miguel Menchaca, c’est un privilège d’être l’ambassadeur du Chili au Liban. «C’est un honneur pour moi à ce stade de ma carrière, de représenter le Chili, un pays qui possède une solide démocratie et qui fait beaucoup sur le plan international et économique, ainsi qu’au niveau du développement social».  


Joëlle Seif
Photos Milad Ayoub-DR

Ce qu’il en pense
Social Networking: «Notre ministère des Affaires étrangères a reconnu l’importance de ces nouveaux moyens de communication, ainsi que la diplomatie digitale, mais nous n’avons pas encore mis en pratique ces procédés. Je pense que le social Networking est un moyen très important pour être proche des gens et de communiquer avec eux. C’est aussi une manière de créer une interaction entre l’ambassade et les gens. Il m’arrive de constater parfois qu’il existe un manque de connaissances concernant les activités de l’ambassade, de ce qu’elle fait exactement et comment utiliser les contacts de la mission diplomatique non seulement sur le plan 
politique, mais également sur le plan culturel et académique».
Ses loisirs: «Je fais du tennis avec le groupe des ambassadeurs, du hiking et de 
l’équitation».
Sa devise: «Apprécier les choses simples de la vie».

Echanges commerciaux
Le commerce entre le Chili et le Liban n’est pas très important en raison de la distance qui sépare les deux pays et du coût élevé du transport. «Pourtant, on peut trouver des produits agricoles chiliens au Liban, des fruits et du vin. Nous travaillons actuellement sur le projet d’offrir bientôt aux Libanais le meilleur saumon au monde».

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