Magazine Le Mensuel

Nº 2933 du vendredi 24 janvier 2014

Affaire Déclassée

En 1961. Le putsch manqué du PPS

Une première au Liban. Un coup d’Etat est mené, le 31 décembre 1961, par le Parti syrien national social (PPS à l’époque), avec l’aide de militaires libanais dirigés par les capitaines Chaouki Khaïrallah et Fouad Awad. L’échec du putsch déclenche une riposte contre les partisans du PPS.   
 

Dans la nuit du 30 au 31 décembre, huit blindés et quarante soldats, à leur tête un capitaine, quittent Tyr pour Beyrouth. A Saïda, ils coupent les lignes téléphoniques. Arrivé dans la capitale, le détachement assiège le ministère de la Défense nationale et les domiciles de certains officiers. Les quelques militaires qui se trouvent à l’intérieur du bâtiment résistent et empêchent les assaillants d’y pénétrer. Les forces armées encerclent le ministère de la Défense. Des confrontations éclatent et cinq personnes sont tuées, d’autres sont blessées.
Pendant ce temps, des membres libanais, syriens et jordaniens du PPS enlèvent le commandant Toufic Jalbout, directeur de la Sûreté, le commandant Fayez Rassi, les colonels Youssef Chmayet, chef de l’état-major, Abdel-Kader Chéhab, commandant de la place de Beyrouth, Michel Naufal, le commandant Louis Chéhab, le commissaire Nassim Chayt de la police. Le commandant François Génadry est également arrêté. Les officiers enlevés sont conduits au couvent Mar Semaan près de Baskinta. Après l’échec de l’opération, le chef du PPS négocie leur sort.
L’un des deux quotidiens du parti avait paru avec l’annonce du renversement du régime et de l’arrestation des officiers supérieurs de l’état-major. Un communiqué officiel fait une mise au point: «Des membres du PPS, aidés de deux officiers subalternes de l’armée, ont tenté le 31 décembre d’organiser à Beyrouth un mouvement de rébellion contre les autorités».

 

Rafle dans les rangs du PPS
Le 20 janvier 1962, les capitaines Awad et Khaïrallah sont arrêtés, quelque 3 000 personnes suspectes sont recherchées et 515 mandats d’arrêt sont émis.
Le 6 février 1962, dans un premier compte rendu officiel sur le putsch, le ministre de la Justice, Fouad Boutros, indique que le PPS «voulait kidnapper le chef de l’Etat et des officiers supérieurs, occuper le ministère de la Défense et autres centres névralgiques, s’emparer des rouages administratifs, démettre les ministres et les députés pour instaurer un régime incompatible avec le respect des libertés publiques et lui garantir la reconnaissance par l’étranger». Le 7 mars 1962, plusieurs détenus sont relâchés. Il reste cependant 525 en prison. Le 9 mai 1962, l’acte d’accusation du juge d’instruction, Nagib Kfoury, requiert la peine de mort pour 197 accusés dont 120 en fuite. Ils sont accusés «d’avoir fomenté un complot et une agression dans le but de modifier la Constitution par des voies illégales, de susciter une insurrection armée contre les pouvoirs établis… d’usurper les pouvoirs civils et militaires, de provoquer une guerre civile… d’inciter au meurtre et au sabotage, de capturer certains officiers et de les priver par la violence de leur liberté, de tenter la capture de certains hommes d’Etat et politiciens, de port d’armes de guerre illégales».
Dix jours plus tard, un acte d’accusation annexe est publié impliquant 189 personnes, dont 74 de nationalité étrangère: 20 Palestiniens et 54 Syriens.
Le 1er juin 1962, s’ouvre le procès de 76 membres du PPS jugés par contumace. Le Tribunal militaire prononce 79 condamnations à mort dont 68 par contumace. Le 15 novembre 1963, huit peines de mort sont confirmées par la Cour de cassation militaire. Le parti est dissous et ses biens saisis. Les peines de mort sont commuées en détention à perpétuité.

Arlette Kassas

Les informations citées dans cet article sont tirées du Mémorial du Liban: le mandat Fouad Chéhab, de Joseph Chami.

La Nation syrienne
Antoun Saadé, professeur à l’AUB, né en 1901 à Dhour Choueir fonde, le 16 novembre 1932, le Parti syrien national social, connu plus tard sous le nom de Parti populaire syrien (PPS) dont l’idéologie est une Nation syrienne dans le cadre de la Syrie naturelle.
Le parti est dissous en 1937 et Antoun Saadé prend le large et se réfugie en Argentine. En son absence, le parti révise sa doctrine, en 1944. Il est autorisé par le ministre de l’Intérieur de l’époque Camille Chamoun.
En 1947, Saadé rentre au pays et ramène le parti à son axe pan-syrien.
Le 9 juin 1949, à la suite d’accrochages entre le PPS et les phalangistes, un mandat d’arrêt est lancé contre Saadé. Le parti est dissous. Ce dernier trouve refuge à Damas, mais il est livré par Hosni Zaïm. Condamné à la peine capitale, il est fusillé le 8 juillet 1949.

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