Magazine Le Mensuel

Nº 2887 du vendredi 8 mars 2013

Événement

La Fondation May Chidiac. «Les femmes en première ligne»

C’est sous le patronage de la Première dame, Wafaa Sleiman, que la Fondation May Chidiac Média-Institute a organisé une conférence sur le thème Les femmes en première ligne. Une rencontre qui s’est articulée autour de trois thèmes principaux: témoignages des anciennes Premières dames du Liban sur leurs expériences, ceux des ambassadeurs en fonction au Liban ou à l’étranger, ceux de journalistes reporters de guerre.
 

Certes, la conférence porte sur la femme et son rôle dans divers domaines mais cela n’a pas empêché beaucoup d’hommes, dont de nombreuses personnalités politiques, de s’asseoir dans les premiers rangs pour suivre de près ce que le panel de femmes engagées dans divers domaines allait leur proposer. Ces hommes écoutaient, avec beaucoup d’intérêt, les diverses allocutions dont celle de la Première dame Wafaa Sleiman qui a rendu hommage à la Femme et notamment aux pionnières dans leurs domaines, engagées auprès de maintes causes dans divers domaines dont celui de la diplomatie, des médias, de l’économie et du social. «La réflexion ne suffit pas, dit-elle, pour provoquer les changements voulus et atteindre les buts requis. Le changement a besoin de se traduire dans la réalité par le biais de mécanismes concrets assurés par un régime démocratique qui garantit la liberté de penser et l’alternance au sein du pouvoir». Poursuivant sur sa lancée, Wafaa Sleiman a indiqué qu’à l’ombre des changements historiques qui ont lieu dans le monde arabe, il lui importe que «la femme puisse préserver ses acquis, les consolider et les faire évoluer, des acquis actuellement menacés par la violence, la division, l’extrémisme et l’individualisme». Elle a appelé également à des amendements aux lois discriminatoires concernant les femmes.
Pour sa part, May Chidiac, présidente de la fondation qui porte son nom, a mis l’accent sur le fait que lorsqu’on évoque la vie des femmes avec ce qu’elle comporte en  injustice et discrimination, «cela ne signifie pas forcément que nous soyons des féministes». «Nous vivons dans une société qui, pour des considérations politiques et communautaires, n’assure pas leurs droits aux femmes et pourtant l’ancien Premier ministre d’Angleterre Margaret Thatcher disait: «Si vous souhaitez que les choses soient dites demandez à un homme de le faire. Si vous désirez qu’elles soient faites demandez-le à une femme». S’adressant aux hommes, May Chidiac leur dit «je souhaite que vous reconnaissiez les propos de Nelson Mandela qui certifie que la liberté des hommes est celle de la femme».

Danièle Gergès

Les principaux thèmes de la conférence
Témoignages des anciennes Premières dames, Joyce Amine Gemayel, Mona Elias Hraoui, Nayla René Moawad qui ont partagé avec les personnalités présentes les défis qu’elles ont dû affronter lors du mandat de leurs maris, alors que le Liban passait par des périodes de crises profondes. Modérateur de la table ronde, Marcel Ghanem.
L’ambassadeur de l’Union européenne Angelina Eichhorst, l’ambassadeur du Canada au Liban Hillary Childs Adams, l’ambassadeur du Pakistan au Liban Raana Rahim, l’ancien ambassadeur du Liban dans les Emirats arabes unis Dona Turc ont parlé de la situation des femmes en charge de fonctions diplomatiques dans des pays en conflit. Modérateur de la table, Tom Fletcher.
Plusieurs reporters de guerres dont Rott Sherlock (du Daily Star), Aewa Damon (Senior international correspondent de la CNN), Rania Abu Zeid (correspondante au middle-east du Time), Mona Dridi (correspondante de France 24) ont parlé des dangers qui les guettent lorsqu’ils couvrent des guerres et les répercussions de cette carrière sur les fronts sur leur vie privée. Modérateur de la table ronde, Tony Harris.
Naguib Sawiris, P.-D.G. d’Orascom Telecom Media and Technology Holding a évoqué le rôle principal de la femme dans son cheminement et ses choix.
L’ancien ministre Leila Solh, présidente de la Fondation Al Walid Ben Talal a partagé avec les présents son expérience dans la vie et la façon dont elle a dépassé les obstacles qui ont jalonné sa vie privée – dont l’assassinat de son père le président Riad Solh et la mort de son mari le ministre Majed Hamadé – et ont eu des répercussions sur les décisions qu’elle a prises dans sa vie.

 


 

Flânerie au collège Notre-Dame de Jamhour
La Libanaise, victime de discrimination

Le «rôle de la femme dans la vie politique, artistique et publique», tel est le thème de la Flânerie organisée par le collège Notre-Dame de Jamhour. Un dialogue animé qui a fait le tour des divers domaines dans lesquels la femme s’est battue pour s’imposer et continue à le faire pour que sa voix soit entendue.

Autour de cette table ronde sur le rôle de la femme, plusieurs intervenants ont pris la parole dont l’ancien ministre des Affaires sociales, Nayla Moawad. Celle-ci a souhaité que les féministes forment une plateforme et un réseau influents pour faire pression sur les pouvoirs publics. Elle a suggéré que le Conseil national de la femme informe, sur un site Internet, toutes les associations féministes des lois adoptées. Prenant la parole à son tour, l’ancien ministre d’Etat Mona Afeiche Choueiri, avocate et militante des droits de la femme et des enfants, a dressé le bilan des lois discriminatoires envers les femmes et s’est arrêtée sur l’absence de quota dans la loi électorale. Le débat était dirigé par Nada Anid, cofondatrice de l’ONG Woman in front. «Le thème de la flânerie de ce soir est un thème d’actualité, dit-elle, pas uniquement parce que nous approchons du 8 mars, Journée mondiale de la femme, mais parce que nous sommes en période pré-électorale et que toutes sortes de cuisines politiciennes se trament pour préparer une loi qui représenterait le plus équitablement chaque communauté du pays. Toutes les composantes de notre société revendiquent des sièges et pensent y avoir droit, sauf celles qui constituent 53% de la population et qui prouvent tous les jours qu’elles contribuent au développement économique, culturel et social du Liban. Je parle des femmes, grandes oubliées de la participation politique du pays. Parce que, depuis qu’elles ont acquis le droit de vote en 53, peu de progrès ont été enregistrés pour que les Libanaises deviennent des citoyennes à part entière. Avec nos malheureux 3,9 %, soit quatre femmes au Parlement, nous sommes parmi les derniers pays du monde arabe en termes de participation politique. Loin derrière la Libye, l’Arabie saoudite, l’Egypte etc. Notre ONG, Women in front a été créée, il y a un an, essentiellement pour mettre en avant les compétences des femmes expertes du pays, afin de mettre la lumière sur leur potentiel et leur apport au pays».
Zeina Kayali-Saleh a relevé que dans le domaine musical également, la femme a dû se battre pour s’imposer. «Ce n’est jamais facile pour les femmes quel que soit le domaine, dit-elle, et celui de la musique, surtout de la composition, n’a pas fait exception. Sur les 132 compositeurs libanais que j’ai recensés dans mon ouvrage, paru en 2011, il y a 15 femmes. Ce n’est pas énorme, mais c’est déjà pas mal». En clôture, Roula Safa, mezzo-soprano et compositrice, a enchanté les présents de sa voix en or en donnant un récital sur le thème Femme et spiritualités.

Danièle Gergès

Superman est arabe
Edité aux éditions Actes Sud, le dernier ouvrage de Joumana Haddad, Superman est arabe, dénonce le système patriarcal qui sévit dans le monde arabe et qui s’enracine dans les trois religions monothéistes. Les éditions le présentent comme suit: «En discriminant la femme au sein de la famille et dans la vie sociale, ces religions n’ont pas seulement favorisé le machisme mais l’ont aussi institutionnalisé et sacralisé. Machisme qui, sous les apparences de la force, de la confiance en soi, de l’aplomb, de la fierté individuelle ou clanique, traduit au contraire un profond sentiment d’insécurité et des peurs irrationnelles».
«En ce temps de grands bouleversements politiques dans cette région du monde, l’auteure insiste, en mariant confidences, réflexions, traits d’humour et échappées poétiques, sur cette idée que les luttes engagées, ces deux dernières années, pour la liberté et la dignité, n’aboutiront à rien sans l’affirmation progressive d’une «nouvelle masculinité» arabe, c’est-à-dire sans l’établissement d’un rapport radicalement différent entre l’homme et la femme – et entre chacun d’eux et son propre corps».

 


 


 

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