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Nº 2866 du vendredi 12 octobre 2012

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Mohammad Beydoun, ancien ministre et député. Je suis prêt à remplacer Berry

Adversaire déclaré du tandem Hezbollah-Amal, Mohammad Abdel-Hamid Beydoun ne mâche pas ses mots. Ses critiques sont acerbes dans la mesure où il ne reconnaît pas dans ces deux courants une représentation digne de la communauté chiite. Serait-il un successeur potentiel de Nabih Berry? Sa réponse est claire: Oui si le 14 mars m’appuie.

Le Rassemblement chiite indépendant est-il dirigé contre le Hezbollah et Amal et pourquoi n’y avez-vous pas participé?
La rencontre a eu lieu parce que des personnalités du rassemblement ont été victimes d’agressions. Ce qui les réunit c’est la volonté qu’il y ait plus d’un avis dans la communauté chiite et qu’elle ne soit pas monopolisée. Lorsqu’une communauté se transforme en casernes militaires, c’est le prélude à la guerre civile. La rencontre de solidarité est une bonne initiative mais il n’est pas indispensable d’en faire une propagande médiatique.

Pourquoi a-t-on qualifié le rassemblement de «chiisme de l’ambassade» américaine?
Toutes ces campagnes menées contre les chiites indépendants sont le signe de l’échec du tandem chiite qui gouverne aujourd’hui comme il l’avait fait tout au long de la tutelle syrienne. Ce tandem a dominé l’Etat depuis 1984, soit 30 ans de chiisme politique. Le féodalisme chiite, devenu bien plus corrompu que par le passé, est dénoncé par les chiites. Les actions du Hezbollah et d’Amal sont à leur sens l’échec des réformes. Alors que les débats autour de la loi électorale battent leur plein, le Hezbollah et Amal n’avancent aucun projet. Berry et d’autres ont envoyé à la mort des jeunes pendant la guerre au nom des réformes. Le Liban aujourd’hui se disloque et l’important est que la communauté chiite, outre son nationalisme, compte un courant réformiste important qui n’est pas celui du tandem. Celui-ci ne parle pas au nom des chiites car il n’a aucun programme de réforme. Il a pris le pouvoir et entraîne le pays vers l’effondrement.

Que dites-vous des victimes du Hezbollah tombés en Syrie sous le slogan du devoir jihadiste, alors que le gouvernement applique la politique de la dissociation? Il a été également question de l’arrestation de 13 membres du Hezb.
Depuis quelque temps, nous entendons des allusions au sujet des victimes du Hezbollah tombés en Syrie. La base chiite est révoltée. Elle se déclare prête à combattre Israël mais pas le peuple syrien. Ceci signifie, hélas, la fin de l’expérience du Hezbollah jugée prometteuse dans le monde arabe.

Comment est perçu aujourd’hui le Hezbollah par les jeunes Arabes?
Tous ceux qui sont contre le Printemps arabe servent le plan sioniste. Le sens réel du Printemps arabe est de donner aux citoyens le droit à la parole, alors que les régimes dont celui de Bachar el-Assad ne respectent pas leurs opinions publiques comme Israël n’a aucun respect pour l’opinion arabe. La position du Hezbollah comme celle de l’Iran aux côtés du régime syrien ne peut s’expliquer que comme contraire à la conviction, aux principes et à l’intérêt national. Cette politique se maintient car la décision finale se trouve en Iran.

Qu’en est-il de l’explosion de Nabichit?
Nous prions Dieu d’avoir pitié de la région et de ses habitants car ce qui fait peur, c’est qu’il est interdit à l’armée d’approcher de tout incident qui concerne Hezbollah. Comment peuvent-ils se dire avec l’Etat et avec l’armée qu’ils empêchent d’approcher? Les services de sécurité ne sont nullement concernés par ce qui est arrivé. Il y a eu des morts et des blessés et l’Etat doit établir un rapport et rendre des comptes. Qui est le responsable et répondra-t-il de son acte?

L’armée est intervenue à Dahié et a arrêté certaines personnes recherchées par la justice…
Ceci parce que le monde considère que les protecteurs sont les ravisseurs et qu’ils protègent la drogue. Ils protègent tous genres d’abus de la loi. Peuvent-ils prétendre qu’ils sont pour la sécurité? Ils ont reconnu avoir perdu le contrôle, autrement dit la représentativité chiite car ils prétendent à celle-ci en se basant sur leur pouvoir de contrôle.

Les tribus telles que les familles Mokdad et Jaafar se sont-elles repliées?
Le Hezbollah a senti que les tribus pouvaient passer outre son pouvoir, il a décidé d’utiliser l’armée contre elles. Mais ceci ne signifie pas qu’il fasse appel à la sécurité à Dahié et la Békaa. Le fait est que le Hezbollah a lui-même frappé le prestige de l’Etat, de l’armée et des forces de sécurité. Aujourd’hui, il dit à ses partisans: «J’ai demandé la présence de l’armée mais celle-ci n’a pas répondu ». Le Hezbollah a lancé sa campagne contre l’armée en déclarant qu’elle était la responsable de la sécurité et non lui-même. Cette campagne a pour but de couvrir son échec et la triste image qu’il donne des chiites qui, eux-mêmes, s’en plaignent.

Qu’y a-t-il de vrai dans les documents diffusés par la chaîne Al Arabia impliquant le Hezbollah dans l’assassinat du député Gebran Tuéni?
Je n’ai rien à dire car je ne suis pas à même de m’assurer de leur authenticité. Mon seul commentaire est que le Hezbollah avait déjà nié toute implication dans l’assassinat de Hariri, puis il y a eu le TSL et les quatre suspects appartiennent au parti et ceci lui pose une grave question. Le problème actuel est l’intégration du Hezbollah dans la politique intérieure et dans le confessionnalisme car sur quoi fonde-t-il son combat en Syrie? Est-ce sur une idéologie? Non, c’est à partir du communautarisme. Ceci donne un signal négatif sur l’avenir du Liban.

L’Armée syrienne libre a laissé entendre qu’elle affronterait le Hezbollah à Dahié. Qu’en dites-vous?
Ces propos sont inacceptables. L’ASL agit dans son pays mais chez nous l’action revient à l’Armée libanaise. Il revient à L’Armée libanaise et au président de la République dont je salue les positions de faire comprendre au Hezbollah que le Liban refuse que quiconque intervienne dans les affaires syriennes ou prenne position contre le peuple syrien.

Comment percevez-vous les débats sur la loi électorale en cours dans les commissions parlementaires et les divergences des projets?
Il existe deux projets: celui du gouvernement qui favorise le monopole du vote chiite du Hezbollah et Amal sur les députés chrétiens grâce à la proportionnelle. Pourquoi avoir relié Baabda au Metn, Jbeil au Kesrouan, mis Bachoura avec Beyrouth I? Parce que là où Aoun semble affaibli, il est sauvé par le vote chiite. De toute évidence, si un dialogue sérieux ne s’établit pas, nous allons vers un retour à la loi de 1960. Cela si les élections ont lieu. Le plus probable est que si Bachar el-Assad est en place jusqu’à la date des législatives, le Hezbollah tentera de les empêcher car il ne permettra pas la victoire du 14 mars, comme il l’avait fait pour la présidence de la République.

Que comprenez-vous des efforts du président Berry pour arriver à une entente sur la loi électorale?
Berry a entamé une nouvelle étape et veut se dissocier du 8 mars. Mais en réalité, il ne peut pas se dissocier du Hezbollah. Il tente de se placer en partenaire impartial afin d’entamer des négociations avec le 14 mars et les Saoudiens. En ce qui concerne ces derniers, il veut s’assurer d’un retour au perchoir de la Chambre. A mon avis, Berry était l’un des piliers de l’effondrement de l’Etat libanais. Tant qu’il sera à la tête du Parlement, celui-ci n’aura aucun rôle.

Les rencontres des membres du 14 mars et Fouad Siniora avec Berry vous dérangent-elles?
Non, elles ne me dérangent pas mais elles ne sont pas bien perçues par les partisans du 14 mars qui n’en tirent aucun profit. Je reviens sur le fait que le Parlement n’ouvre même pas ses portes et qu’en 2012 il ne s’est réuni que deux fois pour légiférer. Le député mérite-t-il réellement son salaire? Pour l’opposition et la majorité, la principale scène politique reste le Parlement supposé leur être constamment ouvert pour leur permettre de débattre. Le 14 mars avait déclaré vouloir présenter un projet de loi pour suspendre le traité libano-syrien de fraternité et de coopération après le plan Samaha-Mamlouk, le parlement s’est réuni et le projet n’a pas été présenté.

Mohammad Abdel-Hamid Beydoun succèderait-il à Nabih Berry à la tête du Parlement?
Je ne suis pas intéressé par la succession de Berry mais par le fait que dans la communauté chiite politique, il manque deux facteurs: la compétence et l’intégrité. Ces deux facteurs font défaut au tandem. Je citerais un exemple: les plantations illégales dans la Békaa alors qu’Amal et le Hezbollah tiennent au ministère de l’Agriculture.

Etes-vous prêt à prendre le titre de président de la Chambre?
Si tel est le souhait du 14 mars, pourquoi pas? L’important est qu’il trouve les qualités indispensables.

Propos recueillis par Saad Elias

 


 

Michel Sleiman en Amérique du Sud
A la rencontre de la diaspora

Tout au long de sa tournée sud-américaine du Pérou, en Argentine et en Uruguay, le chef de l’Etat, Michel Sleiman, a transmis le même message à la diaspora libanaise: inscrivez vos enfants au plus vite auprès des ambassades libanaises afin de recouvrer leur nationalité libanaise.

C’est un appel à reconstruire les liens avec leur pays d’origine. Des liens qui devraient se traduire prochainement par l’octroi du droit de vote aux immigrants qui ont conservé leur nationalité d’origine.
Depuis des années, les présidents de la République libanaise n’avaient plus effectué de visites dans ces pays lointains, où pourtant l’importante diaspora libanaise joue un rôle prépondérant. En 1954, le président Camille Chamoun s’était rendu au Brésil, en Argentine et en Uruguay. A l’occasion de sa visite à Sao Paulo au Brésil, une avenue a été baptisée,  « Avenue de  la République libanaise », en hommage au président libanais.
Cinquante-huit ans plus tard, c’est le président Michel Sleiman qui se rend en Argentine, en Uruguay et au Pérou. Il avait déjà fait, en 2010, une visite au Brésil. Il adresse partout le même message de rapprochement des Libanais de la diaspora de leur pays d’origine. Les crédits nécessaires, affirme le chef de l’Etat, seront votés ces quelques jours au ministère des Affaires étrangères pour mettre en place le système de vote électronique auprès des ambassades du Liban permettant aux émigrés de participer à la vie politique au Liban.
Pour le président Sleiman, dit-on, les 6 millions d’Hispaniques,  descendants de Libanais, constituent «l’or blanc» du Liban et l’une de ses principales sources de richesses. Le Liban reçoit annuellement plus de 7 milliards de dollars des émigrés, a-t-il souligné, marquant ainsi l’important apport des émigrés à l’économie nationale.
On compte plusieurs millions d’émigrés d’origine libanaise dans le monde. La plus importante communauté est installée en Amérique latine, notamment au Brésil (10 millions), en Argentine (1 million 500 mille), en Colombie (840 mille) et au Mexique. Les Libanais d’Uruguay constituent la troisième communauté du pays après celle de l’Espagne et de l’Italie. Ils sont actuellement quelque 70 000 habitants d’origine libanaise.
A tous les Libanais qui vivent en Amérique latine, le président Sleiman a rappelé l’importance de leurs liens avec leur mère-patrie. Il les a rassurés sur l’avenir politique et économique du Liban, d’autant, a-t-il dit, que «la transition démocratique dans le monde arabe est une bonne chose pour le Liban et son avenir».
M. Sleiman a également mis l’accent sur la stabilité du Liban, leur pays  d’origine et leur a affirmé que la situation s’était rétablie «en dépit de certains événements inquiétants que l’on a pu voir à un moment donné». Dans ses interventions, le chef de l’Etat s’est voulu rassurant sur l’avenir qu’il a qualifié de prometteur du Liban sur les plans politique, économique et sécuritaire. «Nous sommes conscients de l’inquiétude que vous ressentez, dit-il, en ce qui touche le Liban, à l’ombre des circonstances que traversent les pays arabes, et surtout à la vision des horribles photos illustrant la situation dans le pays que vous aimez. Je voudrais toutefois vous assurer que la situation que connaissent les pays arabes et les transformations qu’ils subissent vers plus de démocratie ne peuvent que servir l’intérêt du Liban à l’avenir.»
Si en Argentine et en Uruguay, c’est le discours libanais qui a prévalu, au Pérou, le président Sleiman a prononcé un discours au 3ème Sommet de l’Aspa à Lima, dans lequel il a plaidé pour une paix juste et globale au Proche-Orient. Devant un parterre de quelque 400 hommes d’affaires et entrepreneurs des pays de l’Aspa, qui réunit les membres de la Ligue arabe et de l’Union des nations d’Amérique latine (Unasur), M. Sleiman a défendu le droit de retour des Palestiniens, notamment les réfugiés au Liban depuis plus de six décennies.
Le président Sleiman a mis à profit son périple pour une plus large communication avec les membres des diasporas en Amérique latine. Son allocution d’adieu en Argentine est significative: «Je vous attends au Liban», leur a-t-il dit. Répondront-ils à l’appel?

Arlette Kassas

Les rencontres
Au cours de son passage à Montevideo, le chef de l’Etat s’est entretenu avec son homologue José Mujica et a visité le Parlement uruguayen. Il a accueilli des délégations libanaises à son hôtel.
En Argentine, il a été reçu par la présidente Cristina Fernandez de Kirchner qui a fait l’éloge de la communauté libano-syrienne en Argentine. Le président a toutefois mis un bémol à cette déclaration en précisant qu’il y avait les Syriens et les Libanais. Il a rencontré le président du Sénat et des députés argentins d’origine libanaise comme il l’a fait également à Buenos Aires où il s’est vu octroyé un doctorat honorifique de l’université du 3 février de Buenos Aires. Il n’a évidemment pas manqué le monument consacré à Gibran Khalil Gibran, où il a planté un cèdre.  

Le sommet de l’Aspa
Au Pérou, le président Sleiman a participé au 3ème sommet de l’Aspa, initialement prévu en février 2011 et reporté en raison des événements liés au « printemps arabe ».
Les représentants de 20 des 32 membres de l’Aspa ont participé au Sommet. Toutefois, seuls quatre chefs d’Etat arabes ont fait le voyage: le président Sleiman, le président tunisien Moncef Marzouki, l’émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani et le roi de Jordanie, Abdallah II. M. Sleiman s’est entretenu avec le roi de Jordanie et avec ses homologues équatorien, tunisien et chilien.
 

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