Magazine Le Mensuel

Nº 2857 du vendredi 10 août 2012

Economie & Finances

Economie et finance

Marchés de capitaux
Enfin une autorité de régulation

La Bourse de Beyrouth (BSE) connaîtrait-elle enfin une certaine embellie après des décennies d’une activité morose? Les membres de l’Autorité de régulation des marchés de capitaux ont été, il y a moins de dix jours, désignés. Sachant que le projet de loi des marchés de capitaux a été approuvé en août 2011 après avoir traîné 11 ans dans les tiroirs du Parlement pour un problème de quota confessionnel et de choix de l’autorité de tutelle des marchés. Le dilemme se résumait en une ligne: s’agirait-il de la Banque du Liban ou du ministère des Finances?
Dans les faits, le gouvernement a désigné trois des sept membres prévus: Sami Saliba (de la Bank of Beirut & Arab Countries-BBAC), Firas Safieddine (expert des marchés de capitaux) et Fadi Fakih (expert des affaires financières). Les autres membres sont le directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, le directeur général du ministère de l’Economie (poste vacant) et le président de la Commission de contrôle bancaire, Oussama Mikdashi.
Riad Salamé, le gouverneur de la Banque du Liban, est le président de l’Autorité de régulation des marchés de capitaux. Les fonctions de cette autorité sont censées être similaires à celles de la SEC américaine ou US Securities and Exchange Commission et, par conséquent, elle sera dotée d’une large autonomie en termes d’élaboration de politiques financières. La loi sur les marchés de capitaux a pour objectif la mise en place d’un cadre légal pour la réorganisation et le développement des marchés de capitaux dans le pays en ligne avec les normes internationales. Les opérations sur informations privilégiées (Insider Trading) seront donc interdites.
En raison de l’état d’attentisme et de précarité à la lumière des développements en Syrie, la volatilité des prix à la bourse de Beyrouth a représenté au cours des sept premiers mois de 2012 seulement 2% contre 4,6% sur les marchés arabes et 5,8% sur les marchés émergents. Selon BlomInvest, l’activité de la Bourse de Beyrouth traverse «une période de prudence au niveau du nombre et du montant des transactions conclues» vu les distorsions sécuritaires régionales. L’indice Blom des actions libanaises cotées à la Bourse de Beyrouth devrait pour le deuxième semestre de l’année en cours, sur base des projections de la banque d’investissement, évoluer en dents de scie sans amorcer une tendance précise. Et le marché des actions n’entamerait une amélioration que lorsque la tension politique serait contenue et la stabilité sécuritaire réinstaurée. 
En termes de capitalisation du marché, la Bourse de Beyrouth (BSE) a reculé de 196,99 millions de dollars, de décembre 2011 à juin 2012, atteignant àla fin du 1er semestre 8,86 milliards de dollars. La BSE a enregistré une meilleure performance au cours du 1er trimestre de 2012. Le marché des actions avait progressé graduellement de janvier à avril, influencé par la poussée à la hausse des marchés arabes, tirant à la hausse l’Indice de la Bourse de Beyrouth (BSI) à 1226 points en mars 2012. Toutefois, l’indice BSI a entamé une tendance baissière peu après la fin du 1er trimestre, atteignant un plus bas de 1137 points le 27 juin, dans un contexte de tension à la suite d’affrontements au Nord-Liban. Parallèlement, le long processus de pourparlers entre les trois partenaires sociaux, à savoir le gouvernement, le patronat et la Confédération générale des travailleurs (CGTL), qui a abouti en fin de compte à un réajustement des salaires, n’a pas insufflé une atmosphère d’optimisme au marché. D’une manière générale, les craintes de l’état de la sécurité et les retombées des remous sur le plan régional sur le Liban ont neutralisé les effets des résultats financiers publiés par les dix premières banques au Liban en avril.

 

Zones industrielles
Al-Rifaï et al-Kazzi se délocalisent à Nahr Ibrahim

La succession de plusieurs industriels à la tête du ministère de l’Industrie n’a pas amélioré d’une manière sensible la situation des agents économiques de ce secteur. Si les exportations industrielles ont été exemptées de la taxe sur le revenu après un forcing qui a duré de longues années, le dossier de la création de zones industrielles dotées d’infrastructure adéquate continue de traîner dans les tiroirs des responsables depuis la fin de la guerre. Toutefois, il est à souligner que l’exemption de 50% de la taxe sur les revenus en provenance des exportations industrielles a été simplement approuvée par le Conseil des ministres et attend pour entrer en vigueur le vote du Parlement. Si ce projet de loi voit le jour, il aura au moins deux avantages: compenser partiellement le coût élevé de la production en raison notamment du tarif d’énergie prohibitif et, secundo, encourager les fusions des PME afin de mieux profiter de cette exemption fiscale.
Entre-temps, les industriels, qui ne peuvent rester les bras croisés éternellement, ont pris des initiatives privées afin de rentabiliser au maximum leurs entreprises. Dans les faits, l’enseigne al-Rifaï pour la production de cacahuètes a élu domicile pour ses nouvelles installations industrielles à Nahr Ibrahim. De même, l’enseigne al-Kazzi, qui a la même ligne de production, a également choisi d’installer sa nouvelle usine dans la même localité. Selon les patrons concernés, leur choix s’est porté sur Nahr Ibrahim en raison du prix du mètre carré nettement inférieur à celui affiché dans la zone industrielle de Mkallès. Dans cette région, le seuil des prix du mètre carré est de 1000 dollars, alors que celui de Nahr Ibrahim est de 150 dollars. 

 

Assurance vieillesse
Qui serait en charge de la gestion du nouveau système?

Il n’est pas faux de dire que le projet de loi sur l’assurance vieillesse est «le doyen des projets de lois» qui se trouvent -pour examen approfondi soi-disant – entre les mains des Commissions parlementaires (Voir Magazine du 27/07/2012). Le premier projet soumis remonte à mai 1975 et le dernier à avoir été transmis à la Chambre date de 2004. Ce retard au niveau de l’approbation de ce projet malgré le changement des députés qui ont été en charge de ce dossier ne surprend pas les experts économiques. Ces derniers estiment que la majorité des représentants de la nation appartiennent à la tranche sociale du patronat, alors que seulement un tiers de la force active locale a le statut de salariés. Seuls 20% des employés sont déclarés à la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS). De ce fait, les patrons ne seraient pas dupes d’approuver un projet de loi qui probablement ne servirait pas les intérêts de la communauté des affaires. Une deuxième pierre d’achoppement réside dans la nature de l’entité qui devrait gérer ce système de pension-retraite. Celle-ci serait-elle autonome ou soumise à l’autorité de tutelle de la CNSS? Le jeu en vaut la chandelle, puisque les montants qui seraient amassés dans cette tirelire, seraient colossaux. Toujours est-il bon d’avoir à l’esprit que le système de pension-retraite a pour fondement principal la solidarité et la répartition et qu’il ne s’agit aucunement d’une compagnie d’assurance à but exclusivement lucratif?        

 

Restauration
Le S.T.A.Y en difficulté?
Le restaurant chic de cuisine française, S.T.A.Y, ayant pignon sur rue dans les souks de Beyrouth, serait en voie de restructuration, selon des rumeurs persistantes depuis un certain moment en ville. Etabli en novembre 2011 dans l’un des endroits stratégiques du centre-ville et aménagé par l’architecte Moatti & Rivière, le concept haut de gamme de ce restaurant était doté de toutes les composantes pour afficher carton plein tous les jours. D’autant qu’il était destiné à la communauté des affaires, dont le point de chute sont les établissements de restauration des souks. Pourtant, insistent les rumeurs, le restaurant doit faire face à certaines difficultés. Affaire à suivre…

Lilianne Mokbel

 

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