Magazine Le Mensuel

Nº 2856 du vendredi 3 août 2012

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Mohammad el-Baradei l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), vient de créer un nouveau parti qu’il a appelé al-Doustour. Le Lauréat Nobel de la paix a précisé que l’objectif de cette nouvelle formation était de rééquilibrer les rapports entre les différents acteurs politiques. Le pays a en effet besoin d’une troisième voie car les islamistes, vainqueurs des élections législatives et parlementaires, détiennent désormais tous les pouvoirs avec la nomination de Hicham Kandil au poste de Premier ministre. El-Baradei était un candidat sérieux à ce poste, mais son insistance à former son cabinet indépendamment du palais et des généraux a poussé le président Mohammad Morsi à l’écarter de sa liste pour choisir à sa place un personnage inconnu et sans expérience, mais complètement docile. De toute façon, el-Baradei a eu de la chance car le combat acharné que se livrent l’armée et les islamistes lui aurait rendu la tâche impossible.

Michael Ben-Ari député à la Knesset et membre d’un parti israélien d’extrême droite, n’a pas toléré qu’une organisation chrétienne ait envoyé à tous les députés israéliens une copie de la Bible. Sa réaction a été, le moins que l’on puisse dire, violente puisqu’il a invité les médias à le photographier en train de déchirer le Livre Saint. L’intéressé a même ajouté que «ce livre ignoble a incité la tuerie de millions de juifs sous l’Inquisition». Son acte a suscité une indignation à travers le monde et a surtout indisposé les organisations pro-israéliennes aux Etats-Unis.

 

La Somalie à l’abandon
Le président somalien, Cheikh Charif Ahmad, qui règne avec difficulté sur la capitale Mogadishu, laissant la plus grande partie du pays entre les mains des mouvements rebelles armés proches d’al-Qaïda, a pointé la communauté internationale du doigt. Selon lui, toutes les promesses d’aides financières faites par les Etats arabes et européens n’ont pas été tenues. Cheikh Charif Ahmad a surtout critiqué Washington qui s’intéresse seulement à la lutte contre les actes de piraterie et non pas aux malheurs et aux dangers qui menacent son peuple, a-t-il déploré. Ces déclarations ne surprennent pas, puisque le président nommé et non élu se prépare à des élections présidentielles dans quelques mois.

 

Habache change de camp
L’ancien député syrien islamiste, Mohammad Habache, qui est connu pour ses liens privilégiés avec les services de renseignement syriens et qui avait prétendu lors de l’éclatement de la révolte, défendre une opposition modérée, vient de quitter le pays. L’ancien protégé du régime syrien se trouve désormais à Dubaï et ne rate pas une occasion pour s’en prendre violemment à son ancien mentor avec des mots très durs. Mohammad Habache avait pourtant maintenu son soutien au président Bachar el-Assad jusqu’à la fin de l’année 2011 et il n’a toujours pas expliqué ce qui l’a poussé à changer d’avis. Les vrais opposants lui ont refusé un siège au Conseil national syrien (CNS) et ont rejeté toutes ses avances.

 

 

 

 

En pointillé
L’ancien Premier ministre jordanien, Awn el-Khasawneh, écarté d’une façon humiliante par le roi Abdullah II, vient de sortir du silence qu’il observait depuis son limogeage. Après avoir participé à une cérémonie organisée par les Frères musulmans, l’ancien juge et Premier ministre a sévèrement critiqué les autorités du royaume qui traitent des affaires populaires avec un penchant sécuritaire. Selon lui, cette mentalité d’un autre âge était responsable de la crise actuelle, estimant que des réformes sérieuses devraient être entreprises afin d’éviter au pays les scénarios syrien et yéménite. Ces mises en garde n’ont pas plu du tout au roi et à son entourage qui voient d’un très mauvais œil le rapprochement entre el-Khasawneh et les Ikhwan.

 

 

 

 

 

 

Le Caire dans le noir
Depuis l’élection du président Mohammad Morsi, la situation économique dans le pays est en chute libre et le gouvernement n’assure plus le minimum de services. Ainsi, et pour la première fois depuis de longues années, Le Caire subit de longues heures de coupures de courant électrique. Quelque 18 millions de personnes vivant dans la ville et ses périphéries sont privées de climatiseurs en plein été, avec des températures record qui atteignent les 50 degrés. Le ministère de l’Energie s’est défendu en accusant les Egyptiens d’être responsables de ces coupures car ils utilisaient le courant sans ménagement, ajoutant que les centrales de production d’électricité souffraient d’un manque de gasoil. Cette situation est surprenante. Il y a quelques mois à peine, l’Egypte produisait plus d’énergie qu’elle n’en consommait et approvisionnait la Jordanie et le Liban.

 

 

Président ou prédicateur?
Depuis son élection à la présidence de la République, le Docteur Mohammad Morsi ne semble pas avoir encore assimilé les nouvelles responsabilités qu’il doit assumer. Il passe son temps dans des lieux de prière et s’adresse à ses concitoyens du haut du perchoir de la mosquée proche du palais présidentiel. Les discours du chef de l’Etat commencent et se terminent par des versets du Coran, ce qui a laissé les observateurs très perplexes. Morsi refuse toute critique, prétendant que son rôle était de s’assurer que la société musulmane égyptienne reste sur la bonne voie. Entre-temps, la situation sécuritaire et économique de l’Egypte va de mal en pis. Morsi devra agir et non pas se contenter de prier s’il veut vraiment être à la hauteur de son rôle.

 

 

 

Le Jihad déménage
Le Jihad islamique en Palestine, qui était basé depuis de longues années à Damas, a décidé de suivre l’exemple du Hamas et de quitter la capitale syrienne. Mais contrairement aux partisans de Khaled Mechaal, les responsables islamistes du Jihad n’ont pas choisi Le Caire ou Doha comme nouveau quartier général, mais plutôt Téhéran. Le leader du groupe, Ramadan Abdallah Challah, et son numéro deux, Ziad Nakhale, ont plié bagages et quitté la capitale des Omeyades avec leurs familles. Des sources ont noté que les leaders du Jihad ont fui Damas de peur d’être pris au piège si le régime s’effondrait subitement. Ils ont donc préféré prendre refuge en Iran car aucun pays arabe n’a exprimé sa volonté de les recevoir. D’autres sources affirment que la décision de quitter Damas est dictée par des considérations sécuritaires, vu que plusieurs cadres palestiniens ont été assassinés ces derniers mois… vraisemblablement par le Mossad israélien.

 

Al-Bachir joue son va-tout
Le président soudanais Omar Hassan el-Bachir est prêt à tous les subterfuges et manœuvres pour rester au pouvoir. Après des négociations secrètes avec le Parti al-Oumma de Sadek el-Mehdi visant à diviser les forces d’opposition, le voilà en train de courtiser son ancien mentor le cheikh Hassan el-Tourabi. Il faut dire qu’el-Mehdi avait refusé de signer un accord avec le régime au détriment de ses alliés de l’opposition, ce qui aurait poussé le président et son entourage à tenter le tout pour le tout avec le leader islamiste. Or, treize ans plus tôt, el-Bachir emprisonnait el-Tourabi et le chassait du pouvoir. Pas sûr que le leader charismatique de l’opposition accepte de tenter sa chance une seconde fois avec le général el-Bachir. Mais en politique, rien n’est impossible!

 

Gamal au chevet de son père
Gamal Moubarak, le fils préféré du président égyptien déchu Hosni Moubarak, a enfin eu gain de cause. Il faut dire que depuis des mois il demandait à rendre visite à son père à l’hôpital de Torra. Le procureur qui avait refusé plusieurs recours à ce sujet a enfin cédé, lui permettant ainsi de tenir compagnie àson père tout au long du mois de Ramadan. Des sources ont indiqué que l’ancien raïs était incapable de jeûner car il suivait un traitement médical, exigeant qu’il prenne des médicaments à des heures précises. Quoi qu’il en soit, Gamal Moubarak qui, après son arrestation, s’est tourné vers l’islam et ne lâche plus le Coran, pourra finir sa longue journée de jeûne au chevet de son père pendant que son frère Alaa reste tout seul dans sa cellule.

 

5 milliards de dollars seront investis en Chine par le Qatar en 2013. Le petit émirat du Golfe, avec une superficie proche de celle du Liban et moins de deux millions d’habitants, voit grand. Le ministre de l’Energie, Mohammad Ben Saleh el-Sada, a ainsi déclaré: «Nous souhaitons investir dans la bourse et dans divers projets immobiliers en Chine». Avec des dizaines de milliards de dollars de surplus chaque année sur le budget annuel, Doha ne sait plus où investir et espère que grâce à ses placements financiers, elle pourra rapprocher la position chinoise de celle prônée par l’émir Hamad Ben Khalifa Al Thani au sujet du dossier syrien. Il n’est pas sûr cependant que le géant chinois soit impressionné ou intimidé par ces investissements, vu que Pékin est la seconde puissance économique mondiale et fait une croissance de 10% par an depuis près de deux décennies. Mais pour les Qataris, tous les coups sont permis afin de faire tomber leur bête noire, Bachar el-Assad.

 

1600 millions de dinars tunisiens constituent le montant du contrat signé en 2008 entre le régime de Zine el-Abidine Ben Ali et la compagnie européenne Airbus. L’ancien dictateur avait commandé 16 nouveaux avions pour venir renforcer Air Tunis et la rendre plus compétitive. Or depuis sa chute et la prise du pouvoir par les islamistes d’Ennahda, les dirigeants de ce parti ne savent pas comment gérer cet accord embarrassant. En effet, s’ils devaient l’annuler, ils entreraient en confrontation avec Bruxelles. Et s’ils ne tentent pas de le modifier, ils devront faire face aux nombreuses critiques qui émanent des partis d’opposition, car cette affaire avait été accompagnée d’importants pots-de-vin. En fin de compte, le Premier ministre devra débattre du sujet avec son cabinet pour déterminer le choix à prendre, ce qui ne sera sûrement pas chose facile.

 

 

 

 

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