Magazine Le Mensuel

Nº 2860 du vendredi 31 août 2012

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Abdelilah Benkirane a mis les points sur les i en assurant qu’il ne baiserait pas la main du souverain chérifien s’il devait le rencontrer, car cette pratique vient, selon lui, d’un temps révolu. Le Premier ministre islamiste a ajouté que le roi devait être respecté, mais qu’il était intolérable au XXIe siècle d’organiser des cérémonies d’allégeance. Ces remarques interviennent après les incidents qui ont eu lieu à Rabat entre des membres du Mouvement du 20 février et les forces de l’ordre. Les protestataires affirmaient que s’agenouiller devant le monarque pour, ensuite, lui baiser la main, n’était pas compatible avec le Printemps arabe. Mohamed VI n’a pas réagi et a organisé la cérémonie annuelle célébrant son ascension au trône comme si de rien n’était.          

Ovadia Yosef le rabbin ultra-orthodoxe connu pour ses propos durs contre les Arabes, vient de se trouver un nouveau souffre-douleur. Désormais, les juifs laïques n’échapperont plus à ses foudres. Selon lui, toute personne qui inscrit son enfant dans une école laïque, se rend coupable d’un acte grave et corrompu. «Les parents qui commettent un tel acte peuvent s’assurer que leurs enfants seront des délinquants», a-t-il dit.
Ces propos ont créé un tollé et des centaines d’organisations israéliennes se sont mobilisées, exigeant des excuses du grand rabbin. Mais c’était peine perdue. Le chef de la communauté sefardim n’est pas habitué à s’excuser, surtout pas auprès de laïcs corrompus!

Sport et scandale en Jordanie
Le royaume hachémite n’a jamais brillé dans le domaine du sport et l’intérêt accordé par le gouvernement à ses athlètes a toujours été au-dessous des espérances. Mais lorsque sport et scandale vont de pair, la situation devient carrément insoutenable.
Lors des derniers Jeux paralympiques, trois membres de la délégation jordanienne ont été accusés de harcèlement, d’attouchement et de violence sexuelle sur des enfants et des femmes, alors qu’ils se préparaient à prendre part aux compétitions en Irlande du Nord. Embarrassées, les autorités locales ont relâché les trois agresseurs qui ont été rapatriés en urgence à Amman. Cet incident n’est pas passé inaperçu puisque le roi Abdallah Bin el-Hussein s’est indigné de ce comportement, assurant que les coupables seront punis très sévèrement. Ils ont été effectivement radiés.        

Le régime algérien montre ses griffes
L’activiste algérien Abdelkader Kherba a eu la mauvaise idée de participer à une manifestation populaire dans la ville d’Al-Media, dans le sud-ouest du pays, ce qui lui a valu d’être arrêté par la police. Le jeune homme âgé de 32 ans ne scandait pourtant pas de slogans révolutionnaires. Sa seule revendication portait sur le rétablissement de l’eau potable dans sa ville. L’année dernière déjà, Abdelkader avait écopé d’une amende de 200 euros pour avoir pris part à une manifestation. Cet avocat paie ainsi un lourd tribut à cause de l’obstination du régime d’Abdelaziz Bouteflika qui refuse toute sorte de protestation. Bien que désormais entouré de pays dirigés par des islamistes (Libye, Tunisie, Egypte) l’Algérie ne semble pas du tout intimidée.

En pointillé
Le mouvement islamiste tunisien Ennahda, présidé par cheikh Rached el-Ghannouchi, dévoile tous les jours davantage ses vraies intentions. En effet, après avoir prétendu ne pas vouloir détenir tous les pouvoirs et tous les postes-clés, voilà que le gouvernement présidé par le secrétaire général du mouvement, Hamad el-Jabali, vient de nommer des membres d’Ennahda à la tête des institutions médiatiques, tels la télévision, la radio et les journaux gouvernementaux. Ceci a poussé des journalistes tunisiens à se mobiliser pour protester dans la rue contre ce comportement similaire à celui du régime Ben Ali. Mais il ne faut pas s’attendre à ce que les islamistes changent d’attitude, d’autant que le gendre de Ghannouchi est devenu ministre des Affaires étrangères malgré les protestations, démontrant qu’Ennahda, qui pratique le clientélisme et le népotisme, n’a rien à envier à l’ancien régime.         

 

 

 

Amman ne veut pas se mouiller
Le gouvernement jordanien a fait savoir qu’il ne comptait pas se laisser entraîner dans un conflit militaire avec le voisin syrien, malgré les bombardements par le régime de Damas de villages jordaniens frontaliers. Samih el-Maaitah, porte-parole du gouvernement, a rejeté les nombreux appels émanant des mouvements islamistes exigeant une réponse militaire aux agressions syriennes.
Les dirigeants jordaniens se sont montrés prêts à défendre le régime syrien, assurant que ces bombardements étaient dus à des erreurs et n’étaient nullement prémédités. Entre-temps, le Premier ministre Fayez el-Tarawné a ordonné aux forces de l’ordre de réprimer sévèrement les réfugiés syriens qui ne respectent pas la loi. Ces développements interviennent après à une tentative de fuite de près de 3000 personnes du camp d’Al-Zaataria, à cause des conditions inhumaines dans lesquelles ils vivaient.

 

Suzanne jalouse de Safiya
Suzanne Tabet, l’ancienne Première dame d’Egypte connue pour son influence tout au long du règne de son époux Hosni Moubarak, aurait été, selon l’actrice égyptienne de renommée Safiya el-Omari, jalouse de ses exploits. L’ambassadrice des Nations unies pour la paix, considérée comme un sex-symbol durant les années 80 du siècle dernier, a déclaré que l’ancienne Première dame était tellement mesquine qu’elle lui mettait les bâtons dans les roues pour l’empêcher d’avoir des activités liées à ses fonctions en Egypte. «Elle me haïssait tellement qu’elle avait ordonné au gouvernement de ne pas traiter avec moi et faisait tout pour me rendre la tâche impossible», a révélé l’actrice, célèbre pour ses nombreuses conquêtes masculines.

Armée ou milice au Sud-Soudan?
Le Sud-Soudan, qui a proclamé son indépendance en janvier 2011, prétendait être un pays démocratique, où les lois et les droits sont respectés, contrairement à son voisin du Nord. Or voilà que la délégation des Nations unies pour le Sud-Soudan vient de pointer du doigt l’armée sudiste, accusée de viols, de torture et de massacres contre ses propres citoyens. Jonglei, la province où se sont déroulées ces exactions, se trouve sur la frontière avec le Soudan et ses habitants sont soupçonnés par Juba de traiter avec l’ennemi.
Selon le rapport, la majorité des victimes seraient des enfants et des femmes. Le Sud, qui a souffert durant de longues décennies des pratiques des tribus arabes musulmanes, les tristement célèbres Janjawid, aurait dû montrer l’exemple en respectant les droits de ses citoyens, mais le tribalisme n’est pas le meilleur moyen d’établir un Etat moderne.

La nostalgie du fauteuil
L’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui avait cédé le pouvoir suite à l’initiative des pays du Golfe, avait promis de se retirer complètement de la vie politique et de céder la place au président provisoire Abed Rabbo Mansour Hadi. Mais il semble que l’ancien président a changé d’avis car non seulement il n’a pas quitté ses fonctions au sein du parti au pouvoir, mais vient même de défier la légitimité de Hadi en recevant chez lui des dizaines de milliers de supporters venus le féliciter pour l’Aïd el-Fitr. Ce comportement a agacé les ennemis de Saleh, qui lui ont rappelé qu’au cas où il ne faisait pas preuve de retenue et de discrétion, il pourrait être poursuivi en justice. D’autres voix se sont élevées exigeant son départ du pays vers l’Arabie saoudite. Il semble que le bras de fer entre les deux camps n’en est qu’à ses débuts.                   

 El-Aryan porte bien son nom!
Issam el-Aryan, le numéro deux du parti Justice et Liberté égyptien, la branche politique des Frères musulmans égyptiens, vient d’accuser tous les mouvements de gauche d’être des infidèles. Selon le docteur el-Aryan, «la gauche égyptienne méprise la religion et regarde le peuple avec arrogance». Drôle d’analyse, puisque ce sont les voix de cette gauche qui ont permis à Mohammed Morsi de battre l’ancien Premier ministre Ahmed Chafik durant les élections présidentielles. Face à ces critiques, el-Aryan a haussé le ton, déclarant que «la gauche dans notre pays essuie des échecs consécutifs parce qu’elle est financée et appuyée par des Etats étrangers. Le fait que ces mouvements n’accordent aucun intérêt à la religion a aussi contribué à leur chute. Voilà pourquoi j’appelle les mouvements de gauche et les libéraux à faire leur mea-culpa, pour qu’ils apprennent de leurs propres erreurs». Il est quand même étonnant de voir un dirigeant des Ikhwan parler de mea-culpa, vu que son mouvement durant les 90 dernières années, n’a jamais toléré une quelconque critique.   

550000 citoyens libyens ont fui leur pays ces douze derniers mois, pour trouver refuge chez les voisins tunisiens. Pour un pays de 6 millions d’habitants, ce chiffre est très alarmant, mais faut-il vraiment s’en étonner? En effet, le pays d’Omar el-Mokhtar s’est transformé en un champ de bataille entre tribus ennemies, ce qui a poussé un grand nombre de familles aisées à louer des maisons dans les quartiers chics de la capitale tunisienne. Mais contrairement à leurs habitudes, les visiteurs libyens se montrent très discrets, abandonnant leur arrogance, car ils savent que le retour au pays ne sera pas pour bientôt. Une source bien informée a noté que la grande majorité de cette diaspora, composée de partisans du colonel Mouammar Kadhafi, fait partie de tribus qui sont pourchassées et maltraitées par le nouveau pouvoir à Tripoli. La révolution n’a pas fait que des heureux!   

120 millions de dollars est la somme déboursée par le gouvernement irakien à une compagnie britannique afin d’acquérir des appareils de sécurité censés détecter les explosifs dans un pays en proie à des attaques terroristes quotidiennes depuis 2003. Ainsi, l’année 2012 a été des plus meurtrières avec des milliers de morts et de blessés tombés dans l’explosion de voitures piégées au cœur de la capitale irakienne Bagdad. Or ces voitures n’avaient nullement été inquiétées par ces appareils qui auraient dû protéger la population de la violence aveugle. Ce scandale a poussé le Premier ministre Nouri el-Maliki à demander à son ambassadeur à Londres de présenter une plainte contre la compagnie ITSC pour fraude. Jim McCornick, le PDG de l’entreprise, a été arrêté et pourrait écoper d’une longue peine de prison car il aurait vendu des pièces de ferrailles à Bagdad contre des sommes astronomiques. Mais à la surprise générale, la police irakienne continue d’utiliser ces engins qui ne servent à rien, sauf à rendre les déplacements quotidiens des Irakiens insupportables.

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